Ils sont déprimants. Ils nous dépriment. Rester avec eux, à l'ombre de leurs idées, de leur morale, est déprimant. Pourquoi ? parce qu'ils ne vivent pas leurs idées, ils sont impliqués dans les causes politiques, les luttes, tout au moins en discours. Ils disent de belles choses certes, délivrent de grandes oeuvres, font de lumineux entretiens, seulement il ne vivent pas ce qu'ils font ni ce qu'ils disent. Ils vivent en "bourgeois". Ils sont en retrait de toute cette crasse qui ne viendra jamais les voir, les entendre. Ils ne parlent pas aux exclus, ne vont pas partager leur art ou même partager de longs moments dans les lieux déclassés, ils vont le faire dans tous les autres cadres (ceux où ils sont pour ainsi dire naturellement attendus), sauf là. Ils ne créent seulement que des faux problèmes, de faux débats, ne sont en révolte que s'ils n'ont pas leur place dans leur petit monde de bourges. S'ils font des gestes, ils ne seront que symboliques et ces actions ne feront que de la pub à leur communauté, mais n'agitera en rien la vie réelle. Le retour à la vie sans classe est nécessaire pour les attaquer, eux et leur déprime contagieuse. 

Ils sont fatigués

Ils se lèvent tard

Ils font la gueule

et ils vous donnent des leçons.

Tout simplement parce qu'ils vivent en profond désaccord avec tout ce qu'ils affirment. 

Le retour à la crasse par l'armée noire donne de la joie et des pleurs, des moments d'éternité au milieu de gens bienveillants : les paumés, les déportés, les trans, les putes et les marlous, des gens en général que rien ni personne ne peut impressionner. En tout cas, ils nous accueillent et nous filent la PATATE !

Retour dans les endroits où la parole n'est plus, tout au moins c'est ce qu'on pense, alors qu'on peut y croiser la vraie (de parole). Une forme de lucidité, en tout cas, dans la désespérance. 

Les déprimés (ceux qui nous dépriment) restent noués. Ils disent des choses par derrière de la vie, vu qu'ils sont trahis par eux-mêmes et leurs amitiés multiples dans le seul monde qu'ils devraient abhorrer. Qu'ils restent noués à leur petit monde de bourgeois qui savent ce que c'est qu'une droite, qu'une gauche et qu'un milieu, qu'une attente et qu'un débordement, qui voient dans la dualité le seul moyen d'exister. Il n'y a cependant pas d'existence dans des mots et des idées qui ont été chargés au siècle passé. 

 

 

armée noire à radio galère, marseille by charlespennequin

 

Il ne faut pas remplir l'espace de la parole par nos plaintes, nos récréminations, nos petites misères. La parole doit apparaître. des êtres apparaissent ainsi, par leur parole, leurs actes, comme quelque chose qui monte à la surface et qui force l'écoute.

Sinon, pas d'écoute possible, de partage gentillet, tout est à mordre.