l'amour est un excès de solitude. l'amour c'est aller remplir et vider, et re-remplir et revider, mais de soi à soi bien souvent, et en même temps c'est l'autre qui rentre, qui porte les seaux et qui rentre en soi pour aller vider l’autre. l'autre est soi. avec des seaux. donc c'est indémélable. et si on enlevait nos égos vraiment. si on enlevait l'égo que resterait-il. l'égo est là, donc on invente l'amour, c'est-à-dire une monstruosité autre, un antivirus à l'égo, un truc pour détourner, et on se trouve un alterégo, on s'alterne pour ça, on dit à l'autre : altère et go! on cherche l'altération dans l'altercation, on cherche les mots de l'autre, et on ramène ça dans la tribu comme des parements, mais aussi parfois comme des poux. la tribu regarde et critique. et c'est là qu'on a inventé la théorie, la théorie a été inventée par les familles. tandis que la poésie fut faite par des amoureux. c'est les amoureux qui ont inventé l'étirement, la croisade dans le quotidien, c'est les amoureux qui ont inventé l'amour. personne d'autre. personne grimace mieux qu'un amoureux. personne ne joue autant que lui la paralysie. et tous les jours. dans le tombeau quotidien. dans tout ce qui nous rend cadavre il vit l'amoureux. il vit dans un cadavre mais en conscience. et c'est l'autre qui lui a donné ça, qui lui a allumé sa conscience, comme une loupiote, une ampoule lumineuse dans sa nuit d'être. car l'amour est monstreux. l'amour c'est remplir des seaux et les vider et les re-remplir et les re-vider. mais de soi à soi. c'est prendre tout à l'autre et lui donner. l'amour c'est un excès de solitude. c'est ça aussi l'amour. c'est se retrouver dans la peau du cadavre mais qui veut vivre, et l'amour seul nous tire de là, mais nous y remet. il nous remet dans le tombeau. il nous remet avec tous les parements de l'autre, tout ce qui fait qu'on va rejoindre la tribu avec sa langue arrachée. l'amour c'est mettre une langue sur l'autre et puis mordre dedans. l'amour c'est la morsure qu'on panse. morsure pensée de l'autre qu'on porte à soi. mais soi est un barrage à l'autre. c'est pour ça qu'on a inventé la chose amoureuse au même moment que la parole. c'est parce qu'il faut des alterégo, c'est parce qu'il faut des altérés à qui on dit go, colle-toi à tous ses mots, colle-toi l’égo à l'altercation, vis bien l'altération, vis bien ton moment tout altéré, où tu te désalterne, ou alors tu t’alterne, mais en chacun ton tour, comme à la ducasse, pour y perdre toute ta place.
19 - 03 - 2013
RE - Musique Lise N