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solo gros trou

 

La petite bande des écrits, les doigts et l’écrire-bien qui vient dans du pas-nous.

 

Poème-brouillon pour préparer le son de la pensée qui vient dans l’écrituré.

 

Nous déparlons depuis la mort de nous.

 

La poésie est une petite bande et nous écrivons à partir de là. Nous écrivons depuis nos mains, depuis la petite bande des doigts qui vient parler dedans nos bouches. Car la poésie vient dans la bouche pour faire parler les dehors. La poésie c’est la petite bande qui vient des dehors par la bande des morts et nous écrivons, c’est-à-dire nous traçons, nous eructons, nous gesticulons, nous dessinons, nous verbigérons, nous peignons des langues vers les dehors.

 

Puisque la poésie c’est animer la petite bande en nous.

 

La bande des écrituries depuis des parlers qui sont venus mourir en dedans de nous.

 

Et la poésie c’est cette petite bande des morts qui nous pousse à vivre à l’air libre de l’écrit pour parler dans les petites langues en nous, car la poésie c’est les petites langues qui parlent à l’intérieur de nos bouches.

 

La poésie c’est le vide qu’il y a dedans nos bouches car on ne pourrait pas écrire sans le vide.

 

Si dedans n’était pas vide on ne pourrait rien faire que se taire et laisser tout le parler nous remplir.

 

On pourrait que papoter et la poésie ça n’est pas que papoter, la poésie c’est se taire aussi.

 

C’est se taire dans tout le papoter.

 

La poésie c’est faire du papotaire contre tout ce qui veut nous parler.

 

La poésie c’est faire un gros trou de papotaire dans tout ce qui voudra toujours parler sans nous.

 

 

Petite bande est dans les doigts. Petite bande c’est la main dans laquelle poussent des morts qui viennent dans des doigts non-nôtres. Nous sommes avec les doigts non-nôtres qui s’agitent depuis la bouche non-mienne. Nous parlons depuis un non-nous fait des morts non-nôtres avec une bouche non-mienne.

 

Nous ne sommes pas nous-mêmes à parler les langues mortes sauf à faire ressortir depuis les dedans des écrits qu’on trace sur les mains & la bouche.

 

Le parler est une bande qui parle. Le parler est dans les doigts non-nôtres qui viennent dans l’intérieur de nos bouches. Nos petites bouches écrivent depuis les morts qui poussent dans les mains qui s’agitent depuis dehors pour nous écrire vers dedans. C’est nous qui écrivons en dedans pour que se dessine le poème qu’on entendra dehors.

 

Ecrire depuis la main la bouche.

 

Ecrire depuis la bande des parlers qui passent.

 

Ecrire depuis les voix mortes qui poussent de partout.

 

Ça pousse depuis dehors et ça va vers nous. C’est un nous dans l’écrit dessiné. Un nous dans le peint le dessin et l’écriturien qui sortent par la bande. La petite bande des écrits et parlers morts qu’on fait vivre en poèmes.

 

Nous écrivons depuis la tête qui parle en nous. La tête et les membres. Nous écrivons depuis la bouche et les doigts dans les mains. Nous poussons dans l’écrit depuis les morts qui parlent de partout. Ça pousse à sortir dans les langues qui traversent le vivant par l’écrit le parler le dessiné. Nous écrivons des poèmes délabrés. Nous dessinons depuis les littératuées qui sortent de nous par la bande. La petite bande des poèmes qui nous sort de partout.

 

J’écris depuis la mort de nous. La mort en bande dans les paroles qui viennent nous mourir dans l’écrit. J’écris depuis la mort de moi qui bande dans les doigts. J’écris depuis la bouche et les mains non miens. J’appartiens aux langues mortes miennes qui viennent de dehors. Le dehors vient dedans pour sortir mes écrits des organes. Tous les organes veulent sortir du corps quand je parle.

 

Petite bande est dans les doigts. Petite bande est la main. Petite bande c’est les morts qui nous poussent dans la main. La main pousse dans la bouche aussi avec la petite mort. Toutes les paroles viennent nous mourir dedans. Petite bande est la lutte contre les parlers morts en nous qui viennent des dehors.

 

Comment écrire avec les mains. On ne peut pas vraiment écrire hors du dressage. On a dressé nos mains. On nous a dressé les mains pour l’écrire-bien. C’est dans l’écrire-bien qu’on vit avec nos mains. Nos mains remplies de morts et nous dressés à remplir l’écrire-bien. On remplit l’écrit de notre adresse. Nous nous adressons aux morts en parlant dans l’écrire-bien. Mais les morts entendent rien. Ou bien c’est nous. C’est nous qui pipons rien. On pipe rien des morts qui peuplent nos mains tout ça à cause de l’écrire-bien.

 

La poésie veut faire un gros trou dans tout ce qui parle en nous.

Petite bande, éditions P.O.L, mai 2023

petite bande pol

« Petite bande » est constitué d’un ensemble de textes, de poèmes, de phrases sur les doigts, les mains, les visages. « Petite bande » est formé d’écrits, souvent dessinés autour de profils « perdus ». « Petite bande », ce sont des dessins « écriturés », faits de binettes et de mots écrits à la main ou tapés à la machine. « Petite bande » est fait d’écrituries, d’échos de voix sur la montagne, de pensées projetées par les éléments, beaucoup de traits, de coups de feutre, de tracés au blanco sur des pages noires. Il est question de lumière, de formes ; ça questionne les dehors, les dedans. Le thème qui revient est celui de l’écriture, celle qui vient des dedans. Les paroles, elles, viennent des dehors. Les morts, eux, sont partout, qui parlent même en nous. Il est beaucoup question de corps aussi, de rire aussi, et de poésie. « Petite bande », c’est la poésie, la poésie qu’on lit ou qu’on regarde. « Petite bande » parle de l’écrivain, de l’artiste, à qui Charles Pennequin tente de rendre hommage, à travers des chapitres et des styles différents, et par des poèmes ou des dessins. Des dessins-poèmes.

La Troisième main - Expo de Marcel Lubac à Villeneuve d'Ascq

La Belle époque expose Marcel Lubac

sous le titre : La Troisième Main

Peintures, dessins, volumes et estampes de Marcel Lubac

accompagnés par des textes de Charles Pennequin

VERNISSAGE LE SAMEDI 25 MARS 2023 DE 16H30 A 21H00

 

Lubac

L’exposition se déroule à L’isolée (galerie de La Belle EPoque), 17 Chemin des Vieux Arbres à Villeneuve d’Asc.

Elle est visible du 25 mars au 6 mai les vendredi et samedi de 15h à 18h30

ainsi que sur rendez-vous en nous contactant au 06.09.96.71.47 ou labelle.epoque@free.fr

 

 

 

La Vérité boule de poils

L’écrit dessine un corps. L’écrit poursuit un corps à travers la langue. À travers les phrases. À travers le parler l’écrit poursuit un corps. Le parler est dans l’écrit comme un corps qui bouge. Le corps s’agite dans l’écrit. L’écrit bouge comme un mort qui remue encore. C’est comme l’appareillage d’un mort. Le corps décolle dans l’écrit. Comme un appareil prêt à décoller l’écrit veut voir le corps bouger. Il fait bouger de l’humain en dedans. L’humain qui bouge dans ses silences. En dedans de sa vérité de silences. En dedans de ce qui ne sera jamais des phrases. Qui ne sera jamais du sens. Il veut frayer dedans grâce à l’appareillage l’écrit. Le corps devient un appareil pour l’écrit. L’écrit lui donne une autre vérité qui passe entre les lignes. Entre les sens. Entre le naturel et le non naturel. L’écrit donne dans le non-naturel du naturel. L’écrit vient épuiser la nature dans le corps. Il échafaude des plans à travers ce qui n’est que poussée. Le corps pousse dans les phrases. Sous la dictée du réel le poussé demeure muet. Le poussé du corps va dans l’écrit. Il verse dans ce qui n’est plus du réel. C’est devenu un réel comme c’est devenu une nature. La main est redevenue naturelle après son passage par l’écrit. La bouche aussi. Mais la bouche pour l’écrivain est dans la main. Tout comme pour le peintre l’œil est dans la main. La main est secondée d’yeux pour la peinture tandis que la main de l’écrivain se retrouve parmi ses bouches non naturelles. Il y a des bouches de nature et des bouches de secondes mains. Les bouches de secondes mains sont les bouches inventées en écrivant. Ces bouches-là ont plus de poids que la bouche qui pousse dans les doigts silencieux de la main et dans les organes de la voix. Les organes n’ont rien à voir avec la voix. La voix n’existe que dans l’écrit de la main sur le papier. S’il n’y a pas de papier il n’y a pas de main ni de voix. Les mains sont des voix qui tracent dans le corps non-naturel du vivant. Mais le vivant devient celui qui a secondé la main nature avec ses voix qui s’agitent dans du papier. On ne peut pas faire vivre sa seconde main en dehors de l’écrit ou du dessin. L’écrit se dessine d’après la pensée et la pensée agite aussi la peinture. Que l’on soit peintre ou écrivain c’est avant tout la pensée qui est tirée pour dresser des lignes. Nous avons dressé le corps à devenir l’appareil de nos lignes de mains. Nous ne savons plus faire autrement qu’être en sous-main de nous-mêmes dans le naturel. La vie n’est que la vie d’un corps d’appareillage qui s’organise en phrases et en lignes. Le corps est dressé par la pensée qui est venue de la main et non depuis la tête. La tête est l’organe qui résiste le plus au non-naturel. C’est pour ça que la pensée est brisée par la main. Est contrainte. Est manipulée. On manipule nos dires dès qu’on pense. Parce qu’on manipule déjà la pensée en un tournemain. On manipule la vie rien qu’en ouvrant la bouche pour dire des vérités à nos mains. Les vérités restent dedans. Les vérités sont du nerf à interpréter par les bouches et les mains. On n’a rien à faire des vérités qui viendraient naturellement dans nos têtes par les nerfs. On n’a rien à faire des vérités naturelles qui poussent comme des choux dans des organes vivants. Des vérités qu’on prendrait dans la tête et donc en dehors des bouches manipulantes et des appareillages aux doigts. La vérité est molle. C’est un corps chou et mou. Tout comme n’importe quel organe d’ailleurs. Les organes chauds mous et choux. Ça ne donne aucune technicité. Alors que la vérité dans les mains manipulées c’est de la technicité. C’est la technicité même de comment dresser les idées. Comment se faire montreur d’idées. Comme une sorte de montreur d’ours. La vérité pousse des grognements et nous devons lui mettre une muselière. La muselière de l’ours-parleur au bout de la langue. C’est la muselière qui fera la vérité même. L’écrit c’est montrer un autre ours en soi même. L’écrit est une autre façon de faire le dos rond à ce qui se dit. Car ce qui se dit se prononce avec trop d’évidence et perd toujours sa vérité. Sa vérité reste muselée. C’est comme sa virginité la vérité pour l’écrit. Il perd sa vérité comme quand un animal crache une boule de poils. L’écrit recrache ses boules dans la langue de chacun de ses doigts. Ses doigts ne sont pas déjà dans ses doigts. Ses doigts sont appareillés depuis l’extérieur de ses mains. Ses mains ne sont pas non plus dans ses mains tout comme sa voix ne lui appartient pas. C’est tout un appareillage commuté à l’écrit et qui a été monté dans un corps dit « naturel ». C’est un corps en prêt. Un corps de nature prêté dans l’exercice du vivant pour écrire. C’est-à-dire faire semblant. Le corps fait semblant de coller à la vie avec de l’écrit. L’écrit comme patère. L’écrit ou le dessin comme des patères à la vérité-boule-de-poils.

 

 

écrit après ma rencontre avec le peintre Marcel Lubac

les actes du colloque "Charles Pennequin : poésie tapage"

Le colloque « Charles Pennequin : poésie tapage » s’est tenu en juin 2021 sous une forme particulière, conséquence des contraintes et incertitudes sanitaires. Un blog a été créé pour recevoir en amont les communications, dans des formats divers, laissés libres, ainsi que des documents qui devaient servir de point d’appui aux échanges. Les sessions en direct ont ainsi pu être entièrement consacrées aux discussions autour des communications. Par ce choix de format, nous avons tenu à préserver, malgré la distance, ce pour quoi on tient un colloque, en laissant une place privilégiée aux échanges. Cette manière funambule, qui laissait place à l’improvisation et au risque, devait aussi coller à l’« objet Pennequin », d’autant que le poète, présent durant toute la durée du colloque, pouvait réagir, commenter, dialoguer avec les intervenants.

Les actes du colloque, dirigé par Anne-Christine Royère et Gaëlle Théval, sont maintenant en ligne ici