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Trognes à bonde

Purge

la p’tite purge

j'la sens en moi

j'sens qu’i faut

m'purger

 

un' ‘tite purge

et ça ira mieux

je l'sens, j'sens

que j’su prêt

pour la ‘tite purge

 

un’ ‘tite purge

et c’est fini, après

c’est bon j'peux

m’r’commencer

 

j’r’commence

mon bordel allez

 

un’ ‘tite purge

et on n’en parle p’us

on est peinard on parl’ p’us

d’purge

allez

 

on parl’ p’us

d’pus d’tout c’pus

qu’est d’dans

d'moi on n'en

parle p'us

 

on n’en cause p’us

un’ ‘tite purge

et c’est finit après

on prend la ‘tite douch’

et tranquillement

on s’taît d’dans

 

on fait tair’ tous

les d’dans

ça caus’ trop

d’là-d’dans

faut purger

 

en finir avec

s’gueule

 

s’tite gueul’

qui s’remplit tout'

seule qui s’remplit

l’gueul’

d'tout sa ’tite trogne

 

s’tronch’

qu’en sait trop

 

elle sait tout

et veut

en finir

un bon coup

avec tout ses têt’s

dans s'trogne de tout

un chacun

sa ’tite-trogne

 

on a le toutuncha

cun en d’dans

de s’trogne &

on baigne

en d'dans

l’toutuncha

cun de s'trogne

 

 

on n’en peut p’us

 

on n'en peut p'us

d’baigner

faut vider

c’te bonde

au toutuncha

cun, unbonn’

bonde qu’on a

remplit

à ras l’gueule

 

et on s’vid’

maint’nant l’bonde

 

c’est ça qui faut

un bon vidage

eud'bonde

et r’commencer

pépèr’

 

pépèr' tranquil’ 

sans toutes

ces ‘tites trognes

de s'tronche

 

ces ‘tites trognes 

en d’dans

qui nous pompent

l’cul

d’la cervelle

 

Tu crois pas

qu'tm’as pas

assez pompé

l’cu

d'l’trogne

d’là-d’dans ?

 

avec toutes tes

tites trognes, là ?

 

 

Tes têtes que t’as

têtées d'puis l’enfance

 

tout l'fin fond d'l'enfances, toutes ces

tites trognes en têt’s

qui t’r’viennent

dans l’fion ?

 

ça te r’vient

pas comm’ ça

d’vrai en p’uss

 

t’as vraiment rin

à t'dire de tout’s

ces ‘tites trognes

 

tu crois qu’t’as

un truc à dire

sur la ‘tite trogne

d’untel

ou la

tite trogne

d’unetelle

en p’usse?

 

mais on n’a rin

à dire, car i

n’ont rin

vécu 

tites trognes

 

personne a rin

vécu

ni toi ni moi ni

rin

de elle

ou d’nous

et d’nous

dans ils

ou ell’s

ni rin ni

personn’

aucun’ trogn’s

et ‘tites têt’s

d'rin

qui m’rempliss’nt

 

faut vider

l’bonde

des ‘tites trognes

qu’ont peuplé

l’occident

pis

c'est

tout.

 

 

(trognes à bonde est une variante de Purge publié dans Ecrans, chez Richard Meïer.)
Trognes de mots, Capses réalisées par Gilles Olry & Charles Pennequin

Le 16 avril 2025, à la galerie El Taller treize, à Ille-sur-Têt, durant le festival l'Illa dels poetes d'André Robèr, il y aura la présentation d'une boîte ("capsa" en Catalan) intitulée Trognes de mots, faite par Gilles Olry & Charles Pennequin et regroupant des dessins & peintures originaux, essentiellement de Gilles mais aussi quelques "binettes", dessins de profils, ainsi que des textes sur des papiers "fumier d'âne", "écorce de mûrier", papier de riz ou Aquari plantable ou d’herbes de l’étang (également trois tapuscrits originaux sur papier triplicopiant). Est inclus aussi un fanzine réalisés par les deux artistes (en tout il y a environ une vingtaine d'oeuvres réalisées dans chacune des capses - 16 en tout - numérotées et signées). Lire ici le descriptif des capses, une collection initiée par Esteve Sabench et André Robèr. sur le site Paraules.

 

Gilles Olry :

Smack M/M on canvas 130x130cm (image sur le site de l'artiste, https://www.gillesolry.com/)

smack

Poésie grande surface

Il est devant la télé. Il est allongé. Il voit la télé depuis son lit. Il s’appelle Max. Max regarde la chose qui est dedans. Cette chose qui vit en lui. Et lui il est dans sa télé. Il la regarde, il voit la femme. Il a rendez-vous avec une femme et c’est elle. C’est la femme, elle lui parle. Lui il la voit depuis son canapé. Il ne bouge pas du canapé. Il ne sait pas ce qu’il faudrait lui dire au juste, alors il lui annonce qu’il va s’en aller. Il va partir de la télé. Mais c’est elle qui part, elle éteint la télé. Il n’a plus la télécommande. C’est la télécommande pour la lumière. La lumière venait du téléviseur, avec la femme. Il a un vieux poste, comme dans les années 80. Il est face à lui, face à ses propres contradictions, comme on dit. C’est parce qu’on est dans les années 80 sûrement. On entend les familles qui s’engueulent pas loin. Les familles dans les années 80, c’est pas de la tarte qu’il se dit ! C’est ce qu’on a fait de mieux les familles pour s’engueuler. On fait pas mieux que ça depuis les années 80. C’est comme la musique, tu mets la musique des années 80 à fond et tu t’engueules, c’est ce qu’il se dit. Il prend une cassette, il aimerait la rembobiner. Tout ça c’est des mots des années 80. Max regarde les navets de cette époque, puis il se lève en écoutant la musique de ces années là. Il aime bien la bonne musique pourtant. C’est rare quand il écoute de la bonne musique, cependant il semble aimer ça. Il se dit qu’il devrait être plus exigeant vis-à-vis de la musique, ou bien de lui-même, ou de la télé. On lui parle de sexe, mais il entend trop de familles s’engueuler. Il a rendez-vous avec un homme dans un hôtel qui lui parle de « crever l’écran ». Il a besoin de violence, puis on entend des bruits comme dans le film où on entend des bruits. Puis ça fait comme roucouler. Ça c’est encore des problèmes familiaux. Intestinaux-familiaux. L’autre type s’appelle Alan. C’est le rembobineur. Il se débrouille à tout embrouiller. Il pense que la bande vient de Malaisie. - Ah j’ai trouvé ! C’est bon, dit-il ! On entend des cris dans les couloirs. - Les murs sont en argile électrifié ! Ça donne des secousses, c’est de la gégène sexuelle, explique-t-il ! Max dit : - C’est grotesque, mais on a tout essayé. - Alors Patron ? Intéressé ? Change de fréquence (on entend pas tout, c’est vraiment brouillé), dit Alan ! Encore la femme qui parle (elle est dans le téléviseur qui se trouve dans la chambre d’hôtel) : - C’est ce qui en fait tout le charme des années 80 !... - Il faut vous détendre ma chérie ! - Arrête de m’appeler ma chérie, tu veux ! L’homme est dans le canapé. On pense qu’il est sorti, alors qu’il lit un livre de psychanalyse. Les mots sortent eux-mêmes du récepteur. Oblivion, c’est le nom qui résonne dans le tube cathodique. Il fait des recherches sur le mot dans son livre de psychanalise. Oblivion viendrait du latin Oblivio qui signifie "oubli". Selon le contexte, on peut aussi le traduire par "inconscience". Il ne sait pas pourquoi, mais il fait le lien avec Méphistophélès, sans doute pour son origine latine, de Mephiticus et Mephitis, qui veut dire « Exhalation pestilentielle ». Mais il serait plus vraisemblable que le mot vienne du grec ancien : mḗ phỗs, « absence de lumière » et philos : « ami ». Philos, ça lui fait penser à la philsosophie, mais philosophie vient plutôt de philéô, « aimer ». L’intrigue n’avance guère. Il n’y a pas d’intrigue cependant : torture, meurtre, mutilation. Tout le monde semble s’amuser. Les autres stationnent devant l’écran. Ils font semblant, même en nettoyant les bibelots ils font semblant. Semblant de faire semblant.

« Encore une famille de mal baisés. Avant on disait ça, avant, quand on croisait des gens, toujours les mêmes, dans les années 80... c’est les mêmes mal baisés de l’histoire, qu’on se disait ! Ils sont là à marcher dans les rues. On entend les sons de tous les mal-baisés de l’histoire. C’est un vieux son pourri des familles, toujours le même bruit, la même salade enregistrée de vieille rengaine. Ils marchent. Ils vont ici et là. Ils s’engueulent. Ils en peuvent plus de se traîner le cul ici et là. On n’a rien fait de mieux pourtant, on croit qu’on a fait mieux mais on n’a rien inventé de mieux. Ceux qui pensent avoir fait mieux ont voulu se révolter, alors ils ont fondé des associations qui ont fait chier encore plus de monde. Ou alors ils sont devenus artistes, ont monté des collectifs. C’était pareil : toujours l’institution qui leur niquait le cul ! Toujours elle qui collectivisait les intentions. L’institution baisa chaque individu, tête de pipe par tête de pipe. Alors les individus retournèrent chez eux, chacun dans sa famille, gros jean comme devant, comme on dit. En dehors de ça, il y a la révolution, certes. En dehors des familles, c’est ni les assos ni les collectifs, mais la révolution. On n’a pas fait mieux, à part se révolter, que de fonder des familles de mal baisés. » C’est ce que se disait Max dans sa tête, puis soudain on entend distinctement un explosif : BRAAOUM ! – Hey ! Joey ! Joey ! – Ça va Will ? – Ouais, ouais, ça va ! – Quand tu verras Matchinson ne l’appelle pas Ducon, s’il te plaît, Will ! – Ok Joey, ok ! Mais ne parle pas trop… ça va te fatiguer ! – Et les autres non plus. – Quoi Will ? – Quand tu verras les autres, tu leurs diras de pas appeler Matchinson Ducon, ok ? – Oui, oui, ok Will ! Je ferai comme du dis… Will ? Will, réponds-moi ! Will ! Wiiiiiiiiiiiill !!!

— Qui (télé)commande le passé (télé)commande l’avenir —.

Max saisit alors la télécommande et éteint son téléviseur. C’est fini, maintenant. Sa mère dort. Elle a encore loupé la fin du film. Surtout ne pas bouger ! Rester dans le noir complet. Attendre au moins la fin du générique, et baisser le son progressivement... à George Town, en 1980, c’est bourré de bagnoles... c’est ça qui est bien ! Lui, il soigne sa mère. Il voudrait qu’elle habite ailleurs que dans ce lieu mal famé. Famé, ça vient à coup sûr de famille. Sa mère lui dit : – Tu as un soucis dans la tête, Bob ? Non, non maman ! Maman ! je suis très bien, vraiment ! T’inquiète pas pour moi ! (Quand on rembobine, on comprend en fait que le maléfice est déjà entré par la fenêtre à ce moment-là). La mère de la petite a froid dans la chambre. Sa mère est hospitalisée chez les fous et lui n’a pas les moyens de la faire sortir. Lui il voulait faire le vœu de pauvreté, mais pour cela il faut être riche, mon pote ! Seuls les riches se paient le luxe d’être dans le dénuement !

Oui tout d’un coup on est comme éteint. On étreint sa bouche. On peut plus bouger. On est comme chié dedans, avec les variations de température et les douleurs de quand on se cogne au lavabo. Et qu’on patine dedans, comme un poisson dans sa bidoche, avec une couille qui gratte et les lendemains peu sûrs. Mais pour l’instant quand même on baigne, on se sent lourd. On fait comme dans son père. On tient la corde à traire. Et on y croit dur comme fer. On est narré, pas récuré, comme on reçoit la bêche. Ici on se cogne les paysages, avec des coups bien répétés. Et qu'un jour on découchera du sac à peine. C'est pas la peine ! On a encore reçu un coup. On est livide. On saigne. On est cloué à sa connerie. Et on a beau faire le beau, on attrape ses abattis. Et on s'accouche, comme on pourrait s'enculer, avec un manche. Et ça tourne. Ça existe. C'est tout chié à l’intérieur, que ça a le mérite de nous faire chier. Et ça surprend, comme à la fête foraine. Mais qu'une durée nous brosse. Qu'on ait l'mérite d'y déconner, avec la glande et le sourire pataud. On pète aussi, à avaler des coloris comme des médicaments. C'est surprenant : on vit, on fait en nous, et dehors aussi, avec des diplômes et des risques de chute. On tombe dans des trous avec une cibiche. Pas l'temps d'remémorer, de prendre des gants, qu'on est tout chaud dedans à s'en foutre plein la lampe et les croutes au mental, dans du réel pas tripoté. Du sûr de sûr et les comas avec. Seulement les ombres et les glissements qu'il faut pour tout compromettre. Ouais ! Seulement la gueule enfoncée dans les tôles, ou encore pas tout à fait décoquillée cockpit. La ralentie, le culbuté râlé et les emmerdements au détail. Seulement ça, mais toujours prêt et dispo à foncer dans la mouise, par bêtise, avec les crampons enfoncés dans la gueule... voilà, aussi con que je suis à vous le dire ! On est dans le yaourt. On fait l'plein. Gros plan : on rentre, on se cogne encore, si c'est du lard ou du cochon… on est tout d'un coup devenu trop con, ou devenu simplement. Avec la stupeur autour. On ne sait plus rien de soi, de quoi ça eut causé, on est je et on est on et on est quand ça peut, sans ébranler la terre, sans faire des crispations, des descriptions du placentaire, mais seulement sur l'ulcère. On détaillera, on causera sa mesure, son point au coronaire ou à l'estomac, on n'est pas docteur non plus : on donne seulement dans l'aspect, l'odeur et la pointure. On fait des pronostics, on prend quelques longueurs. On a sa p'tite technique. On avale des pillules. On est secoué, ouais ! Et sur du rien en plus ! Et en danseuse ! Et c'est la bonne distance, s’en foutre une palanquée, avec du beurre fondu, et un oignon dans l'cul. On vie. On vide. On va vite se faire vider de sa vie. On vide tout à plus revenir, plus jamais y revenir.

Voilà ce qu’on fait nous autres, se dit Max tout en matant son vieux poste de télé. Il voit un homme qui descend la rue en regardant toujours derrière lui. Le type a été vu par deux témoins qui ont déclaré avoir vu quelqu’un d’origine mexicaine s’enfuir du passage. Il a moins de 30 balais le type, leur a-t-il semblé. Ferait environ 1m70 et serait mince. Celui qui correspond au signalement de la police passe donc auprès d’un camion de poubelles dans une montée de la Pennsylvania-avenue, en début de matinée, puis disparaît derrière l’engin un instant plus tard. Il force le trait, on a vite compris que c’était lui le suspect, à toujours regarder derrière lui en marchant vite… Par contre, aux infos, ils n’ont pas mentionné cette barbiche, ce bouc qui lui entoure la bouche. « – On lui file 5 cent mille dollars pour jouer au baseball et il se paie des états d’âme ! – Chochotte ! Cela dit, entraîneur c’est pas facile : faut l’coup d’gueule et la brosse à r’luire ! – Oh là ! Vise-moi c’blaireau ! Connu ? – Inconnu de nos fichiers ! » Le premier flic ressemble à un poète. Il a une tête de mec cool, une tête d’étudiant, d’intellectuel... une tête de mec qui lit des livres en tout cas. Un peu bordélique avec un bonnet, et sympa qui plus est ! Mais en réalité, il est pas sympa ni bordélique. En vrai, il lit pas et c’est pas un intello-étudiant. Il est pas cool du tout le flic qu’on prend à l’écran pour un poète. Les caractères, dit-il. Ces foutus caractères ! Les caractères, c’est ça qui nous fout dedans ! Avant on était intelligent, maintenant on est que des caractériels !

Nous ne sommes qu’une génération de caractériels.

J’ai vu comment c’était l’intelligence. J’ai vu ça comme je vous vois, comment c’était intelligent l’intelligence, dit le flic ! Je l’ai vue, chez les gens parfois j’ai vu ça, mais pas que. Pas que des gens mais quand même, j’ai vu surtout ça là, l’intelligence. Essentiellement là, chez des gens, et je vais pas non plus essentialiser mais tout de même ! J’ai quasi vu que ça là, chez des gens, quand j’étais jeune. J’étais jeune et je voyais l’intelligence, je sais pas comment dire : il y a avait des gens jeunes, ils étaient jeunes et intelligents. Ils savaient, ils venaient tranquillement, on aurait dit qu’ils avaient toute la vie. Toute la vie souriait à la jeunesse qui venait et était d’un coup d’un seul intelligente. C’était pas rien ! Mais en vrai ça n’était rien, c’était trois fois rien cette intelligence, au final. Moi je croyais que déjà c’était ça, mais j’étais trompé. C’était une jeunesse qui trempait avec l’intelligence, mais pas trop, je me suis trompé, j’ai cru que c’était ça, définitivement, mais rien à voir avec ce que j’ai vu après ! Après j’ai vu des gars intelligents, bien après les jeunes de ma génération. Dans la mienne ça poussait intelligemment, intelligemment et naturellement, c’était une bonne intelligence qui poussait. Une molesse, ça avançait mollement, oui, dans la génération. Comme un mollusque. C’était un manifeste-mollusque. Tout mou et tout doux, on aurait dit qu’ils avaient le temps d’être intelligents. Ils souriaient. Ils étaient paisibles et souriaient connement à leur intelligence. Où sont-ils maintenant tous ces cons de paisibles ? Maintenant que le temps réclame encore plus d’intelligence, qu’il faudrait faire des réserves, des tas autour de nous. Comme quand on parle et que les gens viennent avec des gros paquets. Qu’ils déposent leurs paquets autour de nous, des paquets de légumes, des cageots, des cabats. Des choses remplies pour la suite, pour la semaine et pour la suite. Ce qui viendra après, jusqu’au prochain marché et nous on est là et on cause autour de tous ces cabas, ces caddies remplis. Tous ces paquets posés à la va-vite pour nous donner de l’espérance, pour nous pousser à continuer. Où sont-ils ceux-là que j’ai trouvés si désinvoltes avec leur intelligence ? Ils restaient posés, ils avançaient comme nus devant la vérité, rien ne leur faisait peur et pourtant ils ont disparus, car ça n’était pas vraiment l’intelligence, ou alors une forme d’intelligence mais non aboutie. Une intelligence de forme, d’aspect. Une intelligence qui a le temps de voir venir. Une intelligence comme une coquille. Une coquille intelligente, mais vide, qui a le temps de se remplir, puis de vider son intelligence. Comme ces paquets, ces cabas, ces caddies, ces choses qu’il faudra vider puis consommer, lentement mais sûrement. Qu’il faudra nettoyer puis cuire, préparer avec d’autres choses. Il faudra les confronter. Où sont possibles les confrontations avec les intelligences d’hier ? On dirait toujours que d’autres arrivent et qu’ils vont complètement ailleurs. On croyait construire des choses intelligentes et il ne reste que du vent. Alors on se dit qu’il faut d’autres intelligences, pour compléter les anciennes, les rendre caduques même. Mais elles prennent d’autres voies qui n’ont rien à voir. Elles n’ont rien de ces vieilles badernes d’intelligences. Elles sont neuves et c’est comme un autre langage. C’est comme si quelqu’un parlait dans une autre langue, et peut-être même il ne s’agit plus de langue, il s’agit encore d’autre chose et qui semble aller profondément. Les intelligences nouvelles semblent se confronter à d’autres vérités, des vérités qui semblent plus lourdes, plus conséquentes. Elles se fardent des vérités plus conséquentes. C’est comme si l’intelligence avait pris les armes. Comme si les gens intelligents étaient maintenant armés, qu’ils discutaient avec les armes autour. C’est finit d’être indolent. C’est terminé les sourires, maintenant nous sommes des guerriers. C’est la guerre qui a besoin de notre intelligence, ou plutôt de la leur, c’est leur intelligence qui rend la nôtre caduque. Complètement obsolète. On s’est fourvoyé dans notre intelligence. Elle n’a été que superficialité. Elle n’a rien fait de bien sensationnel. Elle a juste été là, présente mais molle. Attentionnée, souriante, une intelligence toute bête, bien confortable. Paisible. Elle a admis tranquillement les autres intelligences. Elle a réfléchi posément dessus l’intelligence, en bonne camarade. Elle a fait marcher son intelligence paisiblement, bourgeoisement, et maintenant elle est totalement crevée et laissée sur le bas côté par l’intelligence qui arrive et qui veut la guerre.

Le poète était ainsi

fait comme un rat

dans la grande surface

imprimée du monde

car tous autour

de lui veulent

en croquer, tout le monde

a son devenir-poète

dans le grand supermarché

dla littérature

 

Ce sont les combinaisons qui complotent. Ce sont les faits mille fois recoupés. Les faits sans cesse élagués pour mieux les simplifier. La machination des désirs qui n’arrête pas de re-traficoter le réel et que celui-ci, enfin dépouillé de ses ombres, finisse par monter en épingle. Ce sont les mouvements électriques et numériques des pensées les plus plates avec les voix automatisées dans les perpétuels micros. Les images toujours montées et démontées vitesses grand v. Comme des armes à feu. Ce sont tous ces flux sectionnés et racornis remis bout à bout et que ces manipulations, ces compositions machiniques habituels, finissent par faire exploser le cadre, que la mayonnaise monte et que l’actuel tourne au vinaigre. Ce sont toutes ces opérations de bidouillages incessants sur la réalité pour la rendre la moins plurielle possible et la faire ainsi glisser dans des goulots de plus en plus étroits. Ce sont tous les aboiements mortifères en écho, sur des grosses chaînes câblées, des moteurs sans chercheurs avec diverses routines écrites avec les pieds pour que passe en boucle un réel tronqué. Ce sont toutes ces pelleteuses d’émotions, les broyeuses d’idées noires. Ce sont les expertises robotisées sur des signes insignifiants. Le retraitement de l’oubli et la systématisation des vérités. La science et l’histoire qu’on fait tourner en eau de boudin et les avis éclairés stagner dans des sempiternels bassins de décantation. Tout ça constamment repassé dans ces vieux tuyaux où coule avec régularité un même bruit. C’est toujours les tableaux infinis de permanences. Les 3x8 dans la simplification du vivant, qui finit par créer une peur extime qui viendrait dans les dedans de chacun, qui n’est d’ailleurs plus un chacun, mais un être évidé, un individu dévidé, dévalué dans ses mots, dépossédé de son vide même, de ses errements, ses flottements, ses silences ou ses embryons de pensées. C’est tout ce sinistre sérieux passé au crible, mais un crible bon marché. C’est tous ces mouchoirs sales où s’abandonnent les pseudos analyses et s’alimente l’indignation. Ce sont tous ces générateurs de bonne conscience couplés à des pools de recherche sans brouillon formatés en usine. Ces fédérations de machines à écrire sans dactylos, puis de compilateurs de données où ça torche un même journal à tous les quotidiens. C’est tout ce monde systémique puissamment armé de développeurs incultes. Ce sont toutes ces parades qui se défilent. Ces défilés dans la dérobade. Les manœuvres laborieuses de tous les bruits de couloirs, grincements de portes et chuintements d’ascenseurs. La conspiration de divers appareils, machines à café et à jacter, imprimantes et crachoirs, outils à spéculer et potins en streaming. Tous ces spams traduits en discours. Cette chaîne de montage de bourrichons. Ces fuitages décervelés et bombing de sermons. Toute cette soupe virtuelle et les protocoles d’inaction qui font que ça monte en flute, que ça cogne l’opercule et que ça s’excite dans des tubes, puis qu’une mousse fleurisse enfin sur les bords d’une grosse cocotte minute. Que ça flippe et ça crie. Que ça file et se tende. Qu’on entende ainsi des balles siffler, des pneus crisser. Que ça explose et meurt et fasse un trou. Un petit trou qu’on rebouche un peu vite, avec ce même gratin marronnasse, cette colle granuleuse, mais que les trous s’ouvrent encore et que les bords s’abouchent. Que tous les trous finissent par se toucher, qu’il n’y ait plus que ça à enduire, ces bords de trous qui sont un peu nous. Que ça soit nous malgré tout et que ça nous déborde encore, qu’on ne soit plus que ce débord là d’un trou, celui d’où qu’on boute en touche.

 

Max : - Après ça, soit

         on capitule, soit

         on récapitule.

 

 

Aller où boivent les vaches

Il est flic. Il est le collègue du flic. Le flic de toute à l’heure. Il est flic il s’enferme avec sa collègue dans la salle des archives. Puis il se met à pleurer alors on l’envoie à l’hôpital psychiatrique. Il est flic, il pleure, alors on l’enferme chez les fous. Il est amoureux de sa collègue, ils le foutent en cellule. C’est pas une cellule de dégrisement, c’est une cellule pour se désamourer. Toute la brigade s’inquiète : On est chez les fous ici. Pas le droit de porter ses propres vêtements. Alors on lui retire son arme. Alors on le bourre de médocs. Alors on lui retire ses lacets, sa ceinture. Alors la psychiatre du centre lui passe un savon. Il est flic, il est fou, il n’est plus que flot, que cris. Il est en rage, alors on lui retire tout. Il doit mettre une bouse bleue et on le boucle en cellule. Il doit rester enfermé trois jours durant dans la cellule pour fou. Puis il sort dans le centre psychiatrique, il y a un local où les gens fument. Il voit une femme qui lui dit qu’il vaut mieux chanter. La femme connaît un homme qui chante. Elle lui dit, C’est mieux que de pleurer chanter. Sa collègue passe le voir. Il est amoureux de sa collègue mais il dit trop rien. Il dit, Ça va mieux. Ça va bien mieux, oui oui. Puis il rentre chez lui. Il avoue tout à sa femme. Il est flic il habite à Beuner. Il loge dans le grand Beuner, avec sa femme et sa moto. Il fait de la moto dans la nature, près du grand Beuner. Il aime rouler seul sur les petites routes du grand Beuner. Il arrête sa moto pour se dégourdir les jambes dans la nature. Il marche, il est flic, il s’appelle Lou Ravi. Et il aime la nature. Il marche dans la pâture. Il préfère le mot Pâture au mot Nature. Nature, il voit pas trop ce que ça veut dire au fond. Au fond du fond dans Nature il y a trop de mots. Y a trop d’autres mots pour lui. Il y a aussi tout l’espace dans la nature. Ou l’inverse. Quoiqu’il en soit, pas sûr que le mot Espace prenne en compte totalement Nature, mais sans doute que Nature a au moins un pied dans Espace. Mais pas sûr, se dit Lou Ravi : Nature ne peut avoir qu’un seul pied dans Espace et il faudrait les deux de dedans ou rien. Il faut que le mot ait les deux pieds dans le même sabot, mais avec Nature on n'est jamais sûr de rien, se dit Lou Ravi.

Lou Ravi le mot Nature il recouvre vraiment quoi au final, se dit-il ?

Il recouvre Pâture, ça c’est sûr. Pâture et Près et Champs, certes. Forêt aussi, oui. Et Montagne mer animaux, ok. Tout ça se retrouve dans Nature, ça veut dire que dans Nature il y a aussi le mot Mort, pense Lou Ravi. Mort et Vivant prennent place dedans Nature et bien sûr il y aura toujours un esprit tatillon pour dire que les pierres c’est vivant, hein ? Dans ce cas c’est quoi qui n’est pas vivant, se demande Lou Ravi, Espace recouvre tout ça déjà, il recouvre le vivant et le mort tout pareillement et en plus grand, puis il prend en charge aussi le vide. Le vide entre les planètes et les planètes avec, Nature lui prend pas en charge les planètes ni le vide, se dit Lou Ravi, Espace prend tout lui et le soleil avec. Tout ce qui est vivant et mort est contenu dans Espace, pas besoin de Nature alors, se dit Lou Ravi en marchant dans la pâture. Mais ça fait trop pour Lou Ravi le mot Espace. Ou alors il faudrait mettre Cosmos. Avec Cosmos on peut penser aux martiens, se dit-il. Avec Cosmos on a tous les mots qui peuvent déferler. On est dans le déferlment permanent de mots comme après un orage et qu’on n’a pas fermé toutes les fenêtres et qu’il faut courir. Cosmos c’est comme dit le poète avec son orage qui devient charrette à mots. Lou Ravi préfère la nature à la charrette à mots du Cosmos quand même, car dans la nature il voit des mots qu’il peut toucher. Il les touche du regard. Il regarde de près ou d’un peu loin. Il voit les lointains, ou les mottes de terre tout près.

Les mots qui lui plaisent en général sont pas très loin.

Il y va à pied. Il marche dans les pâtures, dans les prairies. Il cherche des champignons. On voit des bouses de vache. Son corps avance vers les grillages, les fils barbelés distordus et les carrioles laissées à l’abandon. Il est à l’ombre et ouvre la bouche, cligne d’un œil face à la vitre sale de la vieille Simca, près de l’abreuvoir aux vaches.

« MOI – Aller où boivent les vaches »

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14h 180 minutes info Nelly Daynac 47 tonnes de cocaïne saisis un record la proposition de Gérald Darmanin construisons des prisons normales le narcotrafic doit être combattu fermement on va mettre les 100 plus gros narcotrafiquants dans une prison et montrer qu'on n’a pas une vie agréable vers une prison de haute sécurité qui sont les plus gros narcotrafiquants ceux qui commandent le narcotrafic qui sont-ils vers une prison haute sécurité l'enquête porte sur des postes occupés au moins 24 personnes sont décédées dans les violents feu qui continuent de ravager Los Angeles nouveau 14h 180 minutes info Nelly Daynac ce ne sera pas un isolement classique mais un isolement inspiré aux plus grands terroristes que nous avons arrêtés système de brouillage fouille de sécurité lutte anti-drone renforcée centre pénitentiaire le personnel particulièrement formé au narcotrafic vers une prison haute sécurité Californie le gouverneur de Californie s’est dit vouloir lancer un plan Marshall pour reconstruire les quartiers ravagés bande de Gaza Israël travaille dur pour obtenir un accord sur les otages Israël travail dur le ministre italien guerre en Ukraine 300 soldats nord-coréens ont été tués dans le conflit selon un député sud-coréen citant le renseignement de Séoul narcotrafic vers une prison de haute sécurité midi CNEWS images d'illustration CNEWS 13h29 14h 180 minutes info Nelly Daynac images d'illustration c'est midi CNEWS narcotrafic vers une prison de haute sécurité selon le Kremlin la Russie et l'Iran signeront un accord de partenariat stratégique global vendredi ce qui me frappe mais qui serait d'accord pour avoir une telle prison à côté de chez soi ? c'est extrêmement sécurisé donc c'est pour moi problématique mais juste sur cette question je crois qu'en effet c'est une question judicieuse la prison il y a beaucoup de problèmes mais il y en a un qu'on connaît c'est que souvent la prison a un effet presque de réseautage de la criminalité de la délinquance vous arrivez pour des choses pas extrêmement grave et vous faites connaissance avec tout le milieu ce serait intéressant de casser cette logique pour les grands délinquants 14h 180 minutes Nelly Daynac narcotrafic vers une prison de haute sécurité ? Agriculteur nous sommes dans une course agriculteur nous avons eu de Premier ministre à l'écoute il nous a dit sa volonté de trouver des solutions une heure par jour dans le local c'est que du béton ils ne peuvent pas taper qui que ce soit le tabouret est scellé dans le sol la prison c'est pas le Club Med OK il faut qu'il y ait des conditions plus dures monsieur Darmanin était ministère de l'Intérieur pas longtemps il y a passé 3 mois images illustration centre pénitentiaire de Paris narcotrafic vers une prison de haute sécurité ? Taper sur les lois de délinquants taper sur les doigts les Français n'en peuvent plus de ces promesses on va les compter les prisons de haute sécurité dans quelques mois c'est comme les appartements témoins je vais vous faire un exemple pourquoi ne pas faire passer des signaux il faut vraiment des prisons modèles et que vous les laissiez discuter entre eux vous allez faire un local de dealer ils sont seuls dans une cellule sans rien juste avec le repas terminé et là on peut avoir une chance de faire passer des signaux aux autres et ça va pas rigoler sinon c'est le Club Med Narcotrafic vers une prison haute sécurité politique il y aura forcément d'autres réformes de retraite il y a forcément d'autres réformes de retraite Sylvain Maillard député EPR de Paris politique nous avons accepté la réforme des retraites Sylvain Maillard député EPR de Paris CNEWS Europe 1 tirs à la kalachnikov dans les environs de Grenoble le ministre de l'Intérieur nous allons l'écouter en direct ici le ministre Bruno Retailleau Je me suis déplacé au Havre ce matin Bruno Retailleau en visite au Havre c'est d'abord pour féliciter nos hommes remarquables résultats en matière de saisie de drogue le 30 décembre lutte contre le narcotrafic le direct Nelly Daynac lutte contre le narcotrafic en direct le direct Bruno Retailleau ministre de l'Intérieur l’information est tombée plus de 200 kg a été saisi et encore c'est de la cocaïne par la police nationale je veux simplement dire par exemple en étant coupée les deux tonnes il faut multiplier par 3 ou par 4 comme quantité susceptible d'empoisonner des hommes et des femmes des jeunes et des moins jeunes de très très beaux résultats pour Bruno Retailleau ministère de l'Intérieur Bruno Retailleau en visite Bruno Retailleau Pas-de-Calais une mère et ses deux filles ses enfants ont perdu la vie dans l'incendie d'une maison 14h 180 minutes le Havre Seine-Maritime images en direct 13h35 direct CNEWS 14h 180 minutes info Nelly Daynac à travers la corruption elle peut gangréner notre démocratie ébranler nos institutions une ultra violence où on voit qui sont prêts à tuer ils sont de plus en plus jeunes sont tués sont aussi de plus en plus jeunes un combat contre la drogue comme le terrorisme lutte contre le narcotrafic lutte contre le narcotrafic le direct lutte contre le narcotrafic le direct Bruno Retailleau en visite au Havre Californie le gouverneur de Californie à affirmé sur NBC vouloir lancer un plan Marshall pour reconstruire les quartiers bande de Gaza Israël travail dur Israël travaille dur pour obtenir un accord sur les otages midi CNEWS guerre Ukraine 300 soldats nord-coréen ont été tués dans le conflit selon un député sud-coréen citant le renseignement de Séoul c'est un combat national Bruno Retailleau Le Havre Seine-Maritime Seine-Maritime images en direct trajectoire exponentielle du poison sur la scène nationale Je suis venu ici pour féliciter pour celles et ceux qui concourent nous aurons demain gendarmerie nationale police nationale les forces qui sont ici notamment l'organisation sur le port autorité judiciaire avec le procureur 2 tonnes de cocaïne 30 décembre dernier vigilance le département de l'Oise reste sur la vigilance orange 34 départements sont placés en vigilance jaune grand froid ce lundi c'est un combat national Bruno Retailleau ministre de l'Intérieur Le Havre Seine-Maritime images en direct à la sous-direction je t'ai réveillé ? Ah désolé je regardais la télé CNEWS 14h 180 minutes info Nelly Daynac images d'illustration c'est midi CNEWS narcotrafic vers une prison de haute sécurité ?