la vie nous réserve de ces surprises, prenez par exemple tous ces charniers de corps qui ont été traînés jusqu’ici, jusqu’à notre lit et ainsi à travers les siècles, tous ces siècles où l’on a massacré autant de peuple qu’il n’en faut pour arroser des continents entiers, et ça en un rien de temps, c’est la vie et ses surprises du temps, la vie surprenante, la vie sans cesse renouvelée et pour cela il a fallu saigner plus d’une vierge, pour cela il a fallu égorger bien des doux agneaux devant le temple pour que continue la bonne vie et la bonne chère, la bonne et chère vie et la circulation des idées, il a fallu bien envahir et bien tuer des peuples dans leur entièreté, bien soumettre à l’idée pour que jaillisse enfin la vie pleine, je vous le dis, en ce temps-là j’étais roi et je détenais toute l’âme de mon peuple, en ce temps-là je me disais déjà qu’il fallait en noyer plus d’un ingénu sous une avalanche d’huile brûlante pour que jaillisse enfin les rayons blancs de la vérité, car la vérité ne nous était pas dévolue, il faut à chaque fois découvrir la vérité sous son linceul, à chaque instant la vérité se couvre de son linceul, et nous nous couvrons aussi, nous ne voulons pas aller de l’avant dans l’idée, alors que l’idée nous donne ce feu par lequel nous existons et c’est comme ça qu’il nous faut partager la vie réelle à tous nos innocents contemporains, coûte que coûte le pauvre contemporain obéira à notre seule idée rayonnante, comme un rayon tout blanc la vérité et qui le frappera furieusement, nous ferons ployer toutes les existences et nous noierons tous les peuples insoumis à l’idée, car c’est l’idée seule qui a fabriqué cette existence pleine de plis et que nous avons une bonne fois décidé de faire la lumière dessus, dépliant un à un les écheveaux qui nous empêchent de réaliser la vie, la réalisation de la vie passera par la mort de tous. 

 

 

les enfants voient le ciel depuis la charrue

ils se prennent pour des vipères

ils mettent des branches sur le front

et sautent depuis les blockaus

ils se font tomber par les cousins

les vilains cousins tout gras et tout cons

ils sont trop cons les cousins quand ils deviennent grand

du coup ils mourront avant nous

les enfants se ruent dans les charrues

puis ils vont dans des trous d'usine

ils vont là et passent dans des tuyaux

c'est des tuyaux gros pour aller dans de grosses et sales usines

les gras et grands et gros enfants dans les toutes grises usines

ils y vont avec une fille

ils veulent déshabiller la fille

ils disent qu'il y a des ouvriers qui nous regardent

les ouvriers sont en bas ils ont des caméras

et ils regardent si on n'a rien caché

si on n'a rien on pourra sortir

il faut que la fille enlève sa culotte devant la caméra des ouvriers

il faut qu'elle jette sa culotte à travers les étages

et qu'elle frotte son sexe sur la poutre

pour bien montrer qu'elle rien

comme ça les ouvriers les laissera s'en aller

il y a comme ça des ouvriers d'usine plein les rues et qui regardent

tous les ouvriers qui ont des jambes de bois sur des mobylettes bleues

et sur les mobylettes aussi des gros gras gris et grands chats

des chats tout gros qu'on lance depuis des fenêtres avec des culottes sales de fille

les filles ont les culottes très sales

c'est comme les roues des ouvriers

les roues qui roulent dans les voyettes pleine de pisse

ça sent la pisse plein la voyette à chaque fois qu'on passe disent les enfants

les enfants chapardent

les enfants se révolent contre les ouvriers

ils achètent plein de pétard au café bédu et après ils viennent à la salle des fêtes

les ouvriers montent dans les bus

tous les villages sont remplis d'ouvriers et d'usines

les enfants se cachent dans les charrues

ils caressent les vaches

il les cognent

ils se vont jusqu'au deux arbres et se font poursuivre par un taureau

ils se cachent sous un arbre

ils se cachent dans les nouveaux lotissements

dans les nouvelles maisons en construction

là aussi les ouvriers farfouillent

ils cherchent si on n'a pas caché des armes

la fille dans la nouvelle maison doit encore se déshabiller

elle doit se mettre à poil pour montrer aux ouvriers qu'elle a rien

après ils nous laisseront tranquille

pour le moment tu dois enlever ta culottre et frotter ton sexe sur le parpaing

après ils verront qu'on n'a rien caché

et ils nous laisseront la vie sauve.