Alors moi c’est une question qui m’intéresse le travail qui m’intéresse en tant que par la définition que c’est la notion de labeur production efficacité mal formé au démarrage fils d’agriculteur par rapport au rythme animateur culturel y a un décalage total dont on se débarrasse pas forcément j’ai moins de mal à comprendre le travail de l’agent de ménage il lui faut une machine y’a une limite physique grâce au ciel au syndicat on aménage mieux gérer cette limite physique ça reste dans la tête par rapport au travail intellectuel
c’est une question intimement intime
je me place pas froidement mais c’est une question intime produit pur du travail intellectuel il pense mais pendant que tu pense porte les chaises ça t’empêchera pas de penser si tu portes une chaise non ? parce que je viens d’une formation professionnelle sociale on se débarrasse d’autant que dans l’agriculture y’a un problème de saison y’a un problème de climat donc on peut penser en conduisant le tracteur
y a l’climat qui donne des ordres y’a la saison qui donne des ordres et puis y a une espèce de rapport à la chose qui se traduit autant en espoir qu’en désespoir faut l’faire quoi on s’met en lien physique avec les choses labourer un champ on le voit de suite le champ on voit le travail on voit sa taille et puis on voit avec quoi on va l’faire
on sait l’temps qu’on va y passer et si j’ai envie d’me reposer la tête j’écoute france bleue pendant le semi de céréale
y a un certain côté idéal à être dedans et tout ce qu’on peut mettre derrière le dedans on habite là donc on est en plein dedans on a la tête dans le guidon du tracteur et même maintenant si j’ai pas suffisamment rencontré les gens mais on est dedans quand même et quand on fait quelque chose on fabrique de la société
et si on s’en extrait on rate on rate un truc moi j’ai raté moi comme vous me voyez j’ai raté un tas de trucs ben voilà maintenant comme vous me voyez j’ai pas les deux pieds dans le même sabot on rate mais on avance et puis voilà moi j’ai dû transférer la question de saison et de climat à la question de saison artistique maintenant je suis directeur de saison artistique et je plante des spectacle et j’attends qu’ça pousse
cependant j’ai quand même une sensation d’urgence à chaque instant
j’suis pas calé sur tous les trucs mais je vais apprendre j’apprends avec les cadres qui m’entourent qui m’explique là par exemple je dis son truc il est à moitié fou et faut faire gaffe au public on a des publics faut en prendre soin alors je lui dis à l’autre toi t’es à moitié fou toi tu crois qu’écrire c’est à la marge si écrire c’est à la marge tout est à la marge et si sa phrase elle est pas finie à l’autre qu’est-ce qu’on fait ?
et si sa phrase qui est pas finie elle va durer trois heures après qu’est-ce qu’on fait on est en heure sup heu en récup’ heu quoi ?
parfois on s’frotte à des réalités on a l’dos au mur on s’frotte à la réalité qu’est-ce tu veux on parle tellement de la sécurité qu’on va finir par avoir réellement la trouille des mauvais idées y’en a des tas y’a des tas de possibilités dans les mauvaises idées on demande aux mecs de casser tout entre lundi et le vendredi et le week-end lâchez-nous la grappe
moi j’trouve ça normal pour le gars qui est dans une chaîne en train d’entasser des poulets et s’péter tous les membres
faut agir sur les deux sur le proposant et sur le disposant
il singularise le rapport d’un lieu avec la société j’apprécie les moyens qui m’sont donnés ça c’est très emblématique de ce que j’aime gérer le personnel c’est aussi gérer les angoisses j’peux pas dire tout c’est impossible et puis je sais qu’après le groupe s’éclate dans le couloir
c’est difficile de répondre à l’instant T à une question si on n’a pas une idée de ce que ça va donner dans 2 ou 3 ans
plein de temps de rencontre plein de temps de rendez vous plein de temps de réponse à l’interne mais y’a aussi l’externe en amont y’a porter l’projet dans des lieux formels je porte le projet j’le lis j’le défends j’obtiens la signature
leur raconter pour voir où ça frotte et pis y’a l’informel le pince-fesse comme j’dis parfois y’en un mec qui va débloquer une heure ou deux sur un thème j’ai p’têt‘ capter une phrase ou deux glaner une info mais dans l’couloir on va croiser les collègues on va croiser les institutions c’est plus intime que le public-relation parce que c’est de la relation
faut qu’j’intègre la nécessité de réunion ça m’les brise menu recevoir les gens répondre à des questions à tisser des liens à repérer des artistes à construire des projets à tout d’un coup ramasser tout ça et ça devient un projet un programme à convaincre à mettre les choses en ordre à animer l’équipe pour que le projet se fasse à temps que les résistances s’estompent que les gens se sentent valorisés qu’ils se sentent bien dans leur boulot c’est une énergie qui n’est pas la même que labourer un champ
alors y’a un sentiment permanent c’est d’être en retard
pointer les endroits où j’suis ce qui tue la société aujourd’hui c’est le manque de satisfaction labourer un champ c’est très satisfaisant dans mon village y’a un gars qui grogne
calculer ses primes c’est un boulot de merde c’est pas satisfaisant ils exposent sur des trucs techniques sinon c’est trop difficile expliquer la danse c’est trop compliqué la société dans son ensemble ne reconnaît pas qu’il y a un travail ça m’fout la gueule en l’air
est-ce que vous imaginez qu’on peut nous là se mettre tous en chantier pendant quinze ans pour construire quelque chose que nos enfants pourraient fêter dans cent ans
regarde le jour où les crs sont venus nous taper dessus pour enlever les machines tout rennes ils étaient là hein
payez moi à rien foutre