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Avec la voix des autres

 

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Je suis arrivé dans un siècle sans parole. Je suis arrivé trop tard pour la parole. même en moi la parole s’est tarie. La parole se terre, même en moi. Je suis arrivé trop tard pour parler. Et pour parler il faudrait de la parole. Mais la parole a disparue. Je veux dire la parole où on sent que c’est donné. Que la parole est donnée. Qu’elle est un don pour l’autre. Une petite parole comme on offre un présent. Un petit présent parlé. Une offrande. Je suis arrivé trop tard pour la générosité dans le parler. Le parler n’a plus rien à nous dire. Il ne passe plus quelque chose d’humain là-dedans. Un rire humain, ou une excuse. Ça ne passe plus dedans la gêne humaine. Il n’y a plus de honte à parler maintenant. Parler et parler mais sans jamais que ça passe, c’est-à-dire que ça s’arrête. Qu’on soit comme stupéfait, interdit par le parler d’un autre. Sa manière toute à lui de couler dedans. Qu’on ait cette sensation qui monte en dedans de nous. La sensation d’avoir une phrase à soi, comme on tient un bout de chandelle.

Il n’y a que l’enfance qui parle aujourd’hui. Ça peut parler partout l’enfance. Ça peut parler sur les murs. Ça parle souvent aux murs les enfants. Ils n’ont pas de problèmes avec les mots et les murs les enfants. C’est la seule chose qui pourrait tenir face à tout ce non-parler. Face à tout ce qui déparle de nos jours. Car ça déparle de toute parle. Ça déparle de partout et de toute parle alors que c’est le dernier des refuges le parler. Et c’est pour ça que les enfants savent y faire des cabanes. Ce n’est pas un problème pour eux les cabanes dans ce qu’ils causent. Le problème des enfants n’est pas de parler ou de déparler. C’est le problème de la jeunesse. Le problème des enfants c’est la jeunesse. C’est le problème numéro 1. C’est pas leur problème d’être jeune, c’est de penser à la jeunesse. Le problème de voir des enfants être résolus mais que cette résolution s’effiloche avec le temps. C’est le problème qu’on est avec le temps qui passe dans la jeunesse. Et c’est plus avec la jeunesse qu’on voit le problème qu’avec la vieillesse. Avec la vieillesse on dit rien du temps qui passe au final. On dit comme ça extérieurement le temps qui passe, mais intérieurement c’est la mort qui intéresse la vieillesse. C’est la maladie et la mort qui passionne la vieillesse. La mort intéresse aussi la jeunesse mais la jeunesse voit surtout le temps qui passe et ses résolutions s’évaporer. Elle s’évanouissent d’heure en heure les résolutions et c’est pour ça que les enfants passent à autre chose constamment. C’est-à-dire qu’ils passent à d’autres résolutions. Ils prennent la résolution ferme de jouer, comme ils prennent la décision de s’asseoir la bouche ouverte. Tant que la bouche reste ouverte le temps ne passera pas. Le temps ne passe plus dans la bouche ouverte pense l’enfant. L’enfant voit filer la jeunesse à travers ses proches. Il voit la jeunesse partir de partout et sans plus de résolutions. L’enfant son but est de maintenir la jeunesse tout partout, comme des réserves. C’est pour ça que l’intelligence ne compte pas pour les enfants. Un enfant trop intelligent c’est du temps de gâché. Il a gâché son temps à plaire à la parenté. Un enfant doit aller d’un poste à l’autre. Un enfant ne reste pas fixé comme un piquet dans l’intelligence de ses parents. C’est ses parents qui sont intelligents, c’est-à-dire qu’ils sont vieux et qu’ils pensent à leur mort. Un enfant pense à la mort comme il dessine ou fait du toboggan. Il fait ça consciemment et sérieusement. La mort n’est pas plus préoccupante que ça, car la vie non plus n’est pas une préoccupation. Ce qui préoccupe c’est d’aller d’un poste à l’autre en avançant tête nue.

Le tuebébêtes

tu ne sais rien (vous pouvez mettre les sous-titres en anglais)