14h 180 minutes info Nelly Daynac 47 tonnes de cocaïne saisis un record la proposition de Gérald Darmanin construisons des prisons normales le narcotrafic doit être combattu fermement on va mettre les 100 plus gros narcotrafiquants dans une prison et montrer qu'on n’a pas une vie agréable vers une prison de haute sécurité qui sont les plus gros narcotrafiquants ceux qui commandent le narcotrafic qui sont-ils vers une prison haute sécurité l'enquête porte sur des postes occupés au moins 24 personnes sont décédées dans les violents feu qui continuent de ravager Los Angeles nouveau 14h 180 minutes info Nelly Daynac ce ne sera pas un isolement classique mais un isolement inspiré aux plus grands terroristes que nous avons arrêtés système de brouillage fouille de sécurité lutte anti-drone renforcée centre pénitentiaire le personnel particulièrement formé au narcotrafic vers une prison haute sécurité Californie le gouverneur de Californie s’est dit vouloir lancer un plan Marshall pour reconstruire les quartiers ravagés bande de Gaza Israël travaille dur pour obtenir un accord sur les otages Israël travail dur le ministre italien guerre en Ukraine 300 soldats nord-coréens ont été tués dans le conflit selon un député sud-coréen citant le renseignement de Séoul narcotrafic vers une prison de haute sécurité midi CNEWS images d'illustration CNEWS 13h29 14h 180 minutes info Nelly Daynac images d'illustration c'est midi CNEWS narcotrafic vers une prison de haute sécurité selon le Kremlin la Russie et l'Iran signeront un accord de partenariat stratégique global vendredi ce qui me frappe mais qui serait d'accord pour avoir une telle prison à côté de chez soi ? c'est extrêmement sécurisé donc c'est pour moi problématique mais juste sur cette question je crois qu'en effet c'est une question judicieuse la prison il y a beaucoup de problèmes mais il y en a un qu'on connaît c'est que souvent la prison a un effet presque de réseautage de la criminalité de la délinquance vous arrivez pour des choses pas extrêmement grave et vous faites connaissance avec tout le milieu ce serait intéressant de casser cette logique pour les grands délinquants 14h 180 minutes Nelly Daynac narcotrafic vers une prison de haute sécurité ? Agriculteur nous sommes dans une course agriculteur nous avons eu de Premier ministre à l'écoute il nous a dit sa volonté de trouver des solutions une heure par jour dans le local c'est que du béton ils ne peuvent pas taper qui que ce soit le tabouret est scellé dans le sol la prison c'est pas le Club Med OK il faut qu'il y ait des conditions plus dures monsieur Darmanin était ministère de l'Intérieur pas longtemps il y a passé 3 mois images illustration centre pénitentiaire de Paris narcotrafic vers une prison de haute sécurité ? Taper sur les lois de délinquants taper sur les doigts les Français n'en peuvent plus de ces promesses on va les compter les prisons de haute sécurité dans quelques mois c'est comme les appartements témoins je vais vous faire un exemple pourquoi ne pas faire passer des signaux il faut vraiment des prisons modèles et que vous les laissiez discuter entre eux vous allez faire un local de dealer ils sont seuls dans une cellule sans rien juste avec le repas terminé et là on peut avoir une chance de faire passer des signaux aux autres et ça va pas rigoler sinon c'est le Club Med Narcotrafic vers une prison haute sécurité politique il y aura forcément d'autres réformes de retraite il y a forcément d'autres réformes de retraite Sylvain Maillard député EPR de Paris politique nous avons accepté la réforme des retraites Sylvain Maillard député EPR de Paris CNEWS Europe 1 tirs à la kalachnikov dans les environs de Grenoble le ministre de l'Intérieur nous allons l'écouter en direct ici le ministre Bruno Retailleau Je me suis déplacé au Havre ce matin Bruno Retailleau en visite au Havre c'est d'abord pour féliciter nos hommes remarquables résultats en matière de saisie de drogue le 30 décembre lutte contre le narcotrafic le direct Nelly Daynac lutte contre le narcotrafic en direct le direct Bruno Retailleau ministre de l'Intérieur l’information est tombée plus de 200 kg a été saisi et encore c'est de la cocaïne par la police nationale je veux simplement dire par exemple en étant coupée les deux tonnes il faut multiplier par 3 ou par 4 comme quantité susceptible d'empoisonner des hommes et des femmes des jeunes et des moins jeunes de très très beaux résultats pour Bruno Retailleau ministère de l'Intérieur Bruno Retailleau en visite Bruno Retailleau Pas-de-Calais une mère et ses deux filles ses enfants ont perdu la vie dans l'incendie d'une maison 14h 180 minutes le Havre Seine-Maritime images en direct 13h35 direct CNEWS 14h 180 minutes info Nelly Daynac à travers la corruption elle peut gangréner notre démocratie ébranler nos institutions une ultra violence où on voit qui sont prêts à tuer ils sont de plus en plus jeunes sont tués sont aussi de plus en plus jeunes un combat contre la drogue comme le terrorisme lutte contre le narcotrafic lutte contre le narcotrafic le direct lutte contre le narcotrafic le direct Bruno Retailleau en visite au Havre Californie le gouverneur de Californie à affirmé sur NBC vouloir lancer un plan Marshall pour reconstruire les quartiers bande de Gaza Israël travail dur Israël travaille dur pour obtenir un accord sur les otages midi CNEWS guerre Ukraine 300 soldats nord-coréen ont été tués dans le conflit selon un député sud-coréen citant le renseignement de Séoul c'est un combat national Bruno Retailleau Le Havre Seine-Maritime Seine-Maritime images en direct trajectoire exponentielle du poison sur la scène nationale Je suis venu ici pour féliciter pour celles et ceux qui concourent nous aurons demain gendarmerie nationale police nationale les forces qui sont ici notamment l'organisation sur le port autorité judiciaire avec le procureur 2 tonnes de cocaïne 30 décembre dernier vigilance le département de l'Oise reste sur la vigilance orange 34 départements sont placés en vigilance jaune grand froid ce lundi c'est un combat national Bruno Retailleau ministre de l'Intérieur Le Havre Seine-Maritime images en direct à la sous-direction je t'ai réveillé ? Ah désolé je regardais la télé CNEWS 14h 180 minutes info Nelly Daynac images d'illustration c'est midi CNEWS narcotrafic vers une prison de haute sécurité ?
Il ouvre le placard c'est un placard en bois il ouvre un des battants du placard puis il ouvre le deuxième toute une vie sur le deuxième battant et sur le premier battant aussi on pourrait passer toute une vie à se battre il prend du cassoulet une boîte de cassoulet on pourrait passer sa vie à manger du cassoulet et après il va poser le cassoulet sur la table il enlève le café il jette le café toute une vie à expliquer tout ça il va fermer le premier battant celui de gauche puis après il referme celui de droite il le referme moins bien que le premier puis après il fait quelques pas dans la cuisine il arrive tout près de la table de travail il ne sait pas comment ça s'appelle vraiment peut-être ce n'est pas une table de travail peut-être c'est juste une table il ne sait pas toujours les noms des choses il ne décrit rien il n'aime pas les descriptions ça le fatigue la littérature le fatigue il aime pas la littérature les descriptions il n'aime pas ça ça ne sert à rien juste il ouvre la boîte de cassoulet il ne parle pas des haricots il ne parlera jamais des haricots ou des saucisses qu’il y a dans la boîte il dira juste cassoulet et cuillère il pourra dire cuillère en bois mais n'ira guère plus loin il ne dira rien de la grosseur ni de sa couleur on s'en fout de la couleur de sa cuillère à bois il sort tout ce qu'il y a dans la boîte de cassoulet c'est une boîte de cassoulet de Castelnaudary au confit de canard dans le Sud-Ouest on fait des confits de canard puis il jette la boîte puis il ouvre le four et mets du pain congelé dedans il met la minuterie il tourne les boutons quel bouton on s'en moque on s'en fout de la gazinière le lecteur s'en fout le lecteur est un j'm'enfoutiste le lecteur est mort et tous les morts s'en foutent des descriptions comment ils sont morts on veut rien savoir personne ne veut plus rien savoir de la mort on voudrait beaucoup en savoir mais personne ne veut personne veut connaître la mort on parle de milliers de victimes ceux qui étaient dans les magasins au sous-sol ils faisaient leur course et l'eau est arrivé d’un coup ils se sont noyés dans le supermarché avec leur caddie après il fait chauffer le cassoulet il pense aux autres victimes qui ont été bombardées aujourd'hui il ramasse les miettes de pain il ramasse toutes les miettes de pain il faut qu'il jette tout ça dans la poubelle il faut qu'il écrive pour parler des victimes mais il ne sait pas en parler il ne veut pas regarder la télé non plus il veut juste qu'on lui en parle incidemment c'est toujours par incident qu'on parle aux autres on s'adresse aux autres mais pourquoi faire pourquoi donne-t-on des informations aux autres le cassoulet est en train de chauffer et le pain aussi le pain est dans le four c'est un pain qu'il a acheté au Spar les descriptions on s'en fout complètement il a juste vu l'homme du Spar l'homme du Spar lui dit bonjour il marche avec ses enfants dans la ville l’homme du Spar va à l'école puis il revient il va travailler au Spar c'est un homme très gentil ici il n'y a pas de bombardement ici on bombarde pas ici il n'y a pas de mort bombardé pas d'enfants tués combien d'enfants il a vu une vidéo on expliquait qu'il y avait beaucoup d'enfants que vont devenir ceux qui ne sont pas tués dans 20 ans ou dans 30 ans ceux qui ne sont pas tués vont se venger c'est une drôle d'idée pourquoi donner ça comme idée aux ennemis il se dit qu’il ne faut pas donner d'idées comme ça aux ennemis car ils vont tuer tous les enfants c'est ce qu'il pense il se serait pas demandé dans 20 ans combien vont se venger mais lui il aimerait ça il a envie qu'on se venge mais pour l'instant il lui faut manger son cassoulet car il a un rendez-vous il est 12h54 il regarde sa montre sa montre c'est sa femme qui l'a achetée sa fille voulait lui acheter une montre aussi cette année elle lui a demandé qu'est-ce qu'on va t'acheter pour Noël on va quand même pas encore t'acheter une montre dit sa fille on va pas t'acheter une montre tous les ans sa fille veut une montre pour elle mais qu'est-ce qu'on va acheter à son père comme cadeau de toute façon on n’achète pas de cadeau pour les commandes au Père Noël car elle croit encore au Père Noël elle pense que le Père Noël va amener des cadeaux et dans les cadeaux il amènera une montre pour sa fille mais lui il ne sait pas ce qu'il veut déjà il sait pas ce qu'il veut pour son anniversaire car c'est bientôt son anniversaire maintenant il attend que le cassoulet réchauffe et le pain aussi il n'a peur que d'une chose que le pain ne soit pas chaud quand le cassoulet sera prêt voilà tout ce dont on peut avoir peur dans son village on a pas peur de grand-chose on n'est pas bombardé on n'est pas encore tué personne ne nous a tué encore aucun avion n'a bombardé le village souvent il pense aux avions les hélicoptères et combien de temps il va encore vivre voilà ce genre d'inquiétude il n'est pas très inquiet au fond il n'a pas d'inquiétude juste pour le cassoulet et s'il mettra du beurre sur son pain ou non et après il ira à son rendez-vous chez le podologue pour refaire ses semelles mais là il est encore le temps c'est dans moins d'une heure le podologue habite à côté dans le village il a mal à ses pieds le podologue lui a dit de marcher mais pas de piétiner et lui il piétine dans la cuisine en attendant le cassoulet.
Alors moi c’est une question qui m’intéresse le travail qui m’intéresse en tant que par la définition que c’est la notion de labeur production efficacité mal formé au démarrage fils d’agriculteur par rapport au rythme animateur culturel y a un décalage total dont on se débarrasse pas forcément j’ai moins de mal à comprendre le travail de l’agent de ménage il lui faut une machine y’a une limite physique grâce au ciel au syndicat on aménage mieux gérer cette limite physique ça reste dans la tête par rapport au travail intellectuel
c’est une question intimement intime
je me place pas froidement mais c’est une question intime produit pur du travail intellectuel il pense mais pendant que tu pense porte les chaises ça t’empêchera pas de penser si tu portes une chaise non ? parce que je viens d’une formation professionnelle sociale on se débarrasse d’autant que dans l’agriculture y’a un problème de saison y’a un problème de climat donc on peut penser en conduisant le tracteur
y a l’climat qui donne des ordres y’a la saison qui donne des ordres et puis y a une espèce de rapport à la chose qui se traduit autant en espoir qu’en désespoir faut l’faire quoi on s’met en lien physique avec les choses labourer un champ on le voit de suite le champ on voit le travail on voit sa taille et puis on voit avec quoi on va l’faire
on sait l’temps qu’on va y passer et si j’ai envie d’me reposer la tête j’écoute france bleue pendant le semi de céréale
y a un certain côté idéal à être dedans et tout ce qu’on peut mettre derrière le dedans on habite là donc on est en plein dedans on a la tête dans le guidon du tracteur et même maintenant si j’ai pas suffisamment rencontré les gens mais on est dedans quand même et quand on fait quelque chose on fabrique de la société
et si on s’en extrait on rate on rate un truc moi j’ai raté moi comme vous me voyez j’ai raté un tas de trucs ben voilà maintenant comme vous me voyez j’ai pas les deux pieds dans le même sabot on rate mais on avance et puis voilà moi j’ai dû transférer la question de saison et de climat à la question de saison artistique maintenant je suis directeur de saison artistique et je plante des spectacle et j’attends qu’ça pousse
cependant j’ai quand même une sensation d’urgence à chaque instant
j’suis pas calé sur tous les trucs mais je vais apprendre j’apprends avec les cadres qui m’entourent qui m’explique là par exemple je dis son truc il est à moitié fou et faut faire gaffe au public on a des publics faut en prendre soin alors je lui dis à l’autre toi t’es à moitié fou toi tu crois qu’écrire c’est à la marge si écrire c’est à la marge tout est à la marge et si sa phrase elle est pas finie à l’autre qu’est-ce qu’on fait ?
et si sa phrase qui est pas finie elle va durer trois heures après qu’est-ce qu’on fait on est en heure sup heu en récup’ heu quoi ?
parfois on s’frotte à des réalités on a l’dos au mur on s’frotte à la réalité qu’est-ce tu veux on parle tellement de la sécurité qu’on va finir par avoir réellement la trouille des mauvais idées y’en a des tas y’a des tas de possibilités dans les mauvaises idées on demande aux mecs de casser tout entre lundi et le vendredi et le week-end lâchez-nous la grappe
moi j’trouve ça normal pour le gars qui est dans une chaîne en train d’entasser des poulets et s’péter tous les membres
faut agir sur les deux sur le proposant et sur le disposant
il singularise le rapport d’un lieu avec la société j’apprécie les moyens qui m’sont donnés ça c’est très emblématique de ce que j’aime gérer le personnel c’est aussi gérer les angoisses j’peux pas dire tout c’est impossible et puis je sais qu’après le groupe s’éclate dans le couloir
c’est difficile de répondre à l’instant T à une question si on n’a pas une idée de ce que ça va donner dans 2 ou 3 ans
plein de temps de rencontre plein de temps de rendez vous plein de temps de réponse à l’interne mais y’a aussi l’externe en amont y’a porter l’projet dans des lieux formels je porte le projet j’le lis j’le défends j’obtiens la signature
leur raconter pour voir où ça frotte et pis y’a l’informel le pince-fesse comme j’dis parfois y’en un mec qui va débloquer une heure ou deux sur un thème j’ai p’têt‘ capter une phrase ou deux glaner une info mais dans l’couloir on va croiser les collègues on va croiser les institutions c’est plus intime que le public-relation parce que c’est de la relation
faut qu’j’intègre la nécessité de réunion ça m’les brise menu recevoir les gens répondre à des questions à tisser des liens à repérer des artistes à construire des projets à tout d’un coup ramasser tout ça et ça devient un projet un programme à convaincre à mettre les choses en ordre à animer l’équipe pour que le projet se fasse à temps que les résistances s’estompent que les gens se sentent valorisés qu’ils se sentent bien dans leur boulot c’est une énergie qui n’est pas la même que labourer un champ
alors y’a un sentiment permanent c’est d’être en retard
pointer les endroits où j’suis ce qui tue la société aujourd’hui c’est le manque de satisfaction labourer un champ c’est très satisfaisant dans mon village y’a un gars qui grogne
calculer ses primes c’est un boulot de merde c’est pas satisfaisant ils exposent sur des trucs techniques sinon c’est trop difficile expliquer la danse c’est trop compliqué la société dans son ensemble ne reconnaît pas qu’il y a un travail ça m’fout la gueule en l’air
est-ce que vous imaginez qu’on peut nous là se mettre tous en chantier pendant quinze ans pour construire quelque chose que nos enfants pourraient fêter dans cent ans
regarde le jour où les crs sont venus nous taper dessus pour enlever les machines tout rennes ils étaient là hein
payez moi à rien foutre
Il est flic. Il prend sa moto. Il monte dessus et il roule. Il rentre dans la caserne. Il gare sa moto. Il ne sait plus où sont les mots. Les vrais. Ceux qu’on devrait employer. Il ne sait pas. Parfois il dit Gare, parfois il Range. Il sait pas trop. Quel est le meilleur des mots, il doute. Il dit comme sa mère qui ne savait pas trop les mots. Sa mère connaissait des mots, mais pas les bons. C'était jamais les bons mots qu’elle disait. Il faudrait connaître les bons mots pour une fois. Un jour, se dit-il, un jour je connaîtrais les bons mots. Pas comme ma mère qui connaissait que les mauvais. Ma mère avait toujours un mauvais mot pour lui. C'était lequel déjà. Il ne se souvient plus. Quand il ne se souvient pas d'un mot, c'est mauvais signe. Ça veut dire qu'il a changé quelque chose dans son mode opératoire. C'est comme un criminel. Un criminel dans la police. Un criminel dans les mots. Il a ses modes opératoires qui diffèrent. Il oublie les mots quand ça va mal. Quand ça ne va pas trop bien, il sait plus rien. Et quand ça va trop bien, il connait le bon mot, mais c’est louche. Et là ça allait mal entre lui et sa mère. Il avait fait une connerie et sa mère avait utilisé un mot pour le décrire. Elle avait lancé ça comme un coup de ceinturon. Ou plutôt comme une serpette. On entendait le mot cingler dans l’air. Il fendait l’air et l’esprit ce mot qu’avait jeté sa mère. Elle lui avait lancé en plein visage. Ça lui collait dans la tête, mais à force ça s’est décollé. Il ne savait plus le mot qu’elle avait prononcé. Sa mère avait lancé un mot comme un lanceur de couteau, et sans qu’il s’y attende il avait reçu cette étoile de Ninja en plein front. Elle s’était peut-être trompée de mot, mais en fait elle avait utilisé le bon. C’était le bon mot pour le tuer, lui, même si c’était injuste, tout à fait disproportionné. Sans doute lui avait-elle balancé un Petit sadique, ou quelque chose dans le genre, sans qu’il ne puisse rien dire, rien penser. Il pensait à ça, cette erreur de définition qui avait marqué son correspondant. Ce n’était pas comme cet écrivain qui cherchait aussi le bon mot, mais ne le trouvait pas et ne se serait pas aventuré à en balancer un autre au lecteur lambda. L’écrivain avait perdu le mot, il le cherchait depuis le début de son livre et personne ne pouvait l’aider. On a fini par savoir que c'était le nom d'un communiste. Il avait oublié le nom, parce que lui n'était plus communiste, ou alors il était encore communiste mais avait maintenant une vie de bourgeois. Un bourgeois qui boit du Chianti d’après l’auteur du livre. Et les bourgeois qui boivent du Chianti ne peuvent plus se souvenir du nom d'un communiste. Peuvent-ils même se souvenir du mot communisme. Le mot communisme est pour eux un vieux nom oublié
Il rentre dans sa caserne. Il est flic. Il a un collègue. Le collègue s'enferme dans le local des archives où il y a la machine à café. Le collègue s'enferme avec sa collègue. Le collègue boit le café avec la collègue dans la salle où il y a la machine à café. C’est aussi l'endroit où on fait les PVR. Le PVR ça veut dire Pain-Vin-Rillettes. C'est une région où on fait des rillettes. Le collègue blague devant sa collègue, il dit que dans cette région il y a des champs de rillettes à perte de vue. Lui et sa collègue doivent amener le PVR pour toute la brigade. La brigade tous les vendredis matin à 10 heures attend le Pain-Vin-Rillettes. Et lui et sa collègue, avant d'aller chercher les rillettes et le pain et le vin au supermarché, ils passent chez lui et lui il montre la chambre à coucher à sa collègue. La chambre où ils dorment, lui et sa femme. Et là le collègue il veut coucher avec elle, mais ils n’osent pas. Et puis après ils vont chercher le PVR pour les collègues. Les collègues trouvent qu'ils mettent trop de temps pour amener le PVR. Les collègues s’impatientent. Tous les vendredis matin c'est le PVR, à 10 heures tapante. A 10h la brigade fait une pause. Au PVR tout le monde boit du vin, mange du saucisson et des rillettes. Il y a aussi des cornichons. Tout le monde prend du fromage avec du pain et discute. C’est comme ça tous les vendredis. Tous les vendredis c’est PVR le matin et grand nettoyage des bureaux l’après-midi. Tout le monde est détendu et en tenue de sport. Et tous les vendredis c'est le collègue et la collègue qui vont chercher le PVR et qui passent avant chez lui pour regarder le lit de la chambre où lui il dort avec sa femme. Sa collègue regarde longuement le lit et lui il regarde longuement sa collègue, puis ils vont chercher le PVR et arrivent en retard. Les collègues s’impatientent. Le capitaine s'enferme ensuite dans son bureau. Après le PVR le capitaine s’enferme dans son bureau pour dégueuler. Les autres vont bouffer au mess des sous-officiers. Tout le monde va au mess et en passant demande au capitaine s’il vient manger. On va tous manger au mess, capitaine, vous venez au mess ? Ils entendent le capitaine dégueuler à sa fenêtre. Les collègues toquent à la porte du capitaine. Ils lui disent qu’ils vont tous manger au mess, ce qui le fait encore plus dégueuler. Il est coincé dans son bureau. Tout le monde écoute à la porte et l’invite au mess. Tout le monde rigole discrètement. Le capitaine leur dit qu'il préfère rester dans son bureau. Tout le monde entend dégueuler le capitaine. Il a trop mangé de pvr et surtout bu trop de vin et pas que du vin, mais aussi du ricard. Le capitaine fait des mélanges et il n’a pas l’habitude, les sous-officiers l’ont piégé, alors après il part dégueuler dans son bureau pendant que les autres rigolent au mess. Nous ne pouvons plus être des communistes car nous sommes des malades. Nous sommes malades de nos années. Toutes nos années sont des années de malades. Nos années 2000 et nos années 90. Nous sommes malades de toutes ces années et de toutes les autres. Nous sommes malades des années 80. Nous regrettons les années 80. Nous regrettons les années 70. Nous sommes malades des années 2010. Des années 90 80 et 70. Nous sommes malades des années 60. Nous sommes des grands malades des années 50. Nous avons toujours été des malades, car nous regrettons les années de notre asservissement. Nous avons été asservis pendant des années et nous regrettons cet asservissement.
On est amoureux que de soi, sauf quand on est amoureux. On se déteste soi, sauf quand on est amoureux. Quand on est amoureux on souffre. On voit l’autre et on souffre et quand on ne voit plus l’autre, on souffre encore. On est plus souffrant que de soi-même, car s’aimer soi-même c’est se souffrir, c’est s’endurer, c’est apprendre à faire avec soi. Quand on est amoureux on ne fait pas que de se souffrir, on souffre en l’autre. On laisse une place en soi pour souffrir de l’autre. On a une place en nous pour le souffrir lui, pour souffrir l’autre en le lui d’en nous. Pour l’endurer. C’est comme une chose qui gonfle. Ça nous emplit. C’est comme un ballon. On a à l’intérieur quelque chose qui grossit et ça nous fait souffrir. C’est comme un corps étranger et qui suinte en nous. Ça fait perdre des essences. Ça fait perdre l’essence de soi, l’essence de l’amour et de la détestation de soi qui suinte. L’essence de soi brunâtre qui suinte un bon bout de temps, comme un chancre, un poison qu’on fabrique en secret. C’est comme une pointe au cœur0. On ne peut plus courir. On ne peut plus aller à tel ou tel endroit. On est lourd. Tous les endroits sont chargés de l’autre. Tous les endroits ont été vus cent fois en nous. On porte une vraie pierre à l’intérieur. On est écrasé par cette pierre en forme d’éponge, mais une éponge qui aide à couler en soi. On se noie vers l’intérieur. Le corps est pris par cette entité. Le corps laisse trop de place. Le corps se vide à l’intérieur de cette entité qui forme une sorte de boule noire, un cercle sombre et respirant, une force noire qui nous attire dedans. L’esprit est aspiré. La force est dedans aussi. Tout nous pousse à aller vers l’amour et à tomber, comme on glisse dans un ravin. On se perd dedans. On ne voit plus rien autour. On entend des voix. On croit que l’autre est ici. On renifle son odeur. On recherche tellement le parfum qu’on n’est plus sûr de rien. On pisse dessus, mais c’est l’urine de tout le monde. Ça a le goût de tout le monde. On pourrait voir tout le monde. On pourrait être à tout le monde, même à un chien. Un chien aurait aussi son odeur à l’autre. Tout devient l’autre. On n’a plus d’intérieur. On est bouffé en soi par l’autre qu’on a fait grossir. Un autre soi qui a enflé, comme une tumeur. On a finit dans la tumeur en entier et on a cru que ce n’était pas nous, mais ce renflement d’autre. Ce renflement, ça n’était que nous. C’était un vrai nous, au fond. Au fin fond de la marmite, ça n’était qu’un mollusque. Une sorte de bête molle, comme un pagure. On a fait ainsi le bernard-lhermite en nous-même. Nous étions la coquille et son parasite. On s’est habité tout en croyant être avalé. On s’est fait enflé par nous-même. Notre désir de nous-même s’est inversé. Il s’est retourné. Il a formé un nœud. Le nœud de ce nous qui nous a coupé la chique.