Un jeune ami qu'un temps, ma foi, je jalousai
- J'étais alors un tigre, et toujours aux aguets -
En libraire avisé, a vendu de mon livre
Déjà quinze exemplaires - voilà qui me rend ivre.
D'autant que trois lecteurs, au comble de la joie,
Lui ont tôt fait savoir que juste était son choix.
Pourtant, s'il pleut sur moi un déluge d'éloges,
La noyade me guette, et je demande une arche.
Il importe avant tout que point ne me rengorge,
Qu'en pèlerin chenu je poursuive ma marche,
Que, dithyrambe ou non, je fasse mon devoir
Dans le souci constant d'apporter quelque espoir
Aux tristes, affligés, que dégoûte le monde
Souillé par l'injustice, où la misère abonde.
Même si, chers amis, la tâche est parfois rude,
Pour qui vit trop souvent en noire solitude.
Annexe : "Ce que j'écris et que je trouve mauvais peut aussi procurer quelques moments d'éloignement du pire à quelque esprit blessé ou triste. Cela me suffit ou ne me suffit pas, mais sert, d'une certaine façon, et ainsi va la vie".
(Fernando Pessoa) (trouvé ce matin dans un mail)
Pourquoi nous cessons de respecter les contrôles judiciaires
L'arrestation de Christophe, le 27 novembre, marque un palier dans la bouffée délirante d'Etat que l'on nomme pudiquement "affaire de Tarnac". Sa mise en examen situe le point où une procédure ne se poursuit qu'afin de se sauver elle-même, où l'on inculpe une personne de plus dans le seul espoir de maintenir le reste des inculpations.
En fait de "premier cercle", Christophe appartient surtout au petit nombre de ceux avec qui nous discutons de notre défense. Le contrôle judiciaire qui voudrait, pour l'avenir, lui interdire de nous voir est l'aberration de trop ; c'est une mesure consciente de désorganisation de la défense, aussi. A ce point de torsion de toutes les notions du droit, qui pourrait encore exiger de nous que nous respections ces contrôles judiciaires et cette procédure démente ? A l'absurde nul n'est tenu. Il n'y a pas besoin de se croire au-dessus de la justice pour constater qu'elle est en dessous de tout. Au reste, une société qui se maintient par des moyens si évidemment criminels n'a de procès à intenter à personne.
La liberté sous contrôle judiciaire est le nom d'une sorte d'expérience mystique que chacun peut se figurer. Imaginez que vous ayez le droit de voir qui vous voulez, sauf ceux que vous aimez, que vous puissiez habiter n'importe où, sauf chez vous, que vous puissiez parler librement, au téléphone ou devant des inconnus, mais que tout ce que vous dites puisse être, un jour ou l'autre, retenu contre vous. Imaginez que vous puissiez faire tout ce que vous voulez, sauf ce qui vous tient à coeur. Un couteau sans manche auquel on a retiré la lame ressemble davantage à un couteau que la liberté sous contrôle judiciaire ne ressemble à la liberté.
Vous flânez sur un boulevard avec trois amis ; sous la plume des flics qui vous filochent, cela se dit : "Les quatre objectifs se déplacent en direction de..." Vous retrouvez après des mois de séparation un être qui vous est cher ; dans le jargon judiciaire, cela devient une "concertation frauduleuse". Vous ne renoncez pas, même dans l'adversité, à ce que toute amitié suppose de fidélité ; c'est évidemment une "association de malfaiteurs".
La police et sa justice n'ont pas leur pareil pour travestir ce qui tombe sous leur regard. Peut-être ne sont-elles finalement que cette entreprise de rendre monstrueux ce qui, aimable ou détestable, se comprend sans peine.
S'il suffit de ne se reconnaître dans aucune des organisations politiques existantes pour être "autonome", alors il faut bien admettre que nous sommes une majorité d'autonomes dans ce pays. S'il suffit de regarder les directions syndicales comme des traîtres avérés à la classe ouvrière pour être d'"ultragauche", alors la base de la CGT est présentement composée d'une série de dangereux noyaux d'ultragauchistes.
Nous désertons. Nous ne pointerons plus et nous comptons bien nous retrouver, comme nous l'avons fait, déjà, pour écrire ce texte. Nous ne chercherons pas à nous cacher. Simplement, nous désertons le juge Fragnoli et les cent petites rumeurs, les mille aigreurs misérables qu'il répand sur notre compte devant tel ou tel journaliste. Nous désertons la sorte de guerre privée dans laquelle la sous-direction antiterroriste voudrait nous engager à force de nous coller aux basques, de "sonoriser" nos appartements, d'épier nos conversations, de fouiller nos poubelles, de retranscrire tout ce que nous avons pu dire à notre famille durant nos parloirs en prison.
S'ils sont fascinés par nous, nous ne sommes pas fascinés par eux - eux que nos enfants appellent désormais, non sans humour, les "voleurs de brosses à dents" parce que, à chaque fois qu'ils déboulent avec leurs 9 mm, ils raflent au passage toutes les brosses à dents pour leurs précieuses expertises ADN. Ils ont besoin de nous pour justifier leur existence et leurs crédits, nous pas. Ils doivent nous constituer, par toutes sortes de surveillances et d'actes de procédure, en groupuscule paranoïaque, nous, nous aspirons à nous dissoudre dans un mouvement de masse, qui, parmi tant d'autres choses, les dissoudra, eux.
Mais ce que nous désertons d'abord, c'est le rôle d'ennemi public, c'est-à-dire, au fond, de victime, que l'on a voulu nous faire jouer. Et, si nous le désertons, c'est pour pouvoir reprendre la lutte. "Il faut substituer au sentiment du gibier traqué l'allant du combattant", disait, dans des circonstances somme toute assez semblables, Georges Guingouin (Résistant communiste).
Partout dans la machine sociale, cela explose à bas bruit, et parfois à si bas bruit que cela prend la forme d'un suicide. Il n'y a pas un secteur de cette machine qui ait été épargné dans les années passées par ce genre d'explosion : agriculture, énergie, transports, école, communications, recherche, université, hôpitaux, psychiatrie. Et chacun de ces craquements ne donne, hélas, rien, sinon un surplus de dépression ou de cynisme vital - choses qui se valent bien, en fin de compte.
Comme le plus grand nombre aujourd'hui, nous sommes déchirés par le paradoxe de la situation : d'un côté, nous ne pouvons pas continuer à vivre comme cela, ni laisser le monde courir à sa perte entre les mains d'une oligarchie d'imbéciles, de l'autre, toute forme de perspective plus désirable que le désastre présent, toute idée de chemin praticable pour échapper à ce désastre se sont dérobées. Et nul ne se révolte sans perspective d'une vie meilleure, hormis quelques âmes sympathiquement désespérées.
L'époque ne manque pas de richesse, c'est plutôt la longueur du souffle qui lui fait défaut. Il nous faut le temps, il nous faut la durée - des menées au long cours. Un des effets principaux de ce qu'on appelle répression, comme du travail salarié d'ailleurs, c'est de nous ôter le temps. Pas seulement en nous ôtant matériellement du temps - le temps passé en prison, le temps passé à chercher à faire sortir ceux qui y sont -, mais aussi et d'abord en imposant sa propre cadence. L'existence de ceux qui font face à la répression, pour eux-mêmes comme pour leur entourage, est perpétuellement obnubilée par des événements immédiats. Tout la ramène au temps court, et à l'actualité. Toute durée se morcelle. Les contrôles judiciaires sont de cette nature, les contrôles judiciaires ont ce genre d'effets. Cela va bien ainsi.
Ce qui nous est arrivé n'était pas centralement destiné à nous neutraliser nous, en tant que groupe, mais bien à impressionner le plus grand nombre ; notamment ceux, nombreux, qui ne parviennent plus à dissimuler tout le mal qu'ils pensent du monde tel qu'il va. On ne nous a pas neutralisés. Mieux, on n'a rien neutralisé du tout en nous utilisant de la sorte.
Et rien ne doit plus nous empêcher de reprendre, et plus largement sans doute, qu'auparavant, notre tâche : réélaborer une perspective capable de nous arracher à l'état d'impuissance collective qui nous frappe tous. Non pas exactement une perspective politique, non pas un programme, mais la possibilité technique, matérielle, d'un chemin praticable vers d'autres rapports au monde, vers d'autres rapports sociaux ; et ce en partant des contraintes existantes, de l'organisation effective de cette société, de ses subjectivités comme de ses infrastructures.
Car c'est seulement à partir d'une connaissance fine des obstacles au bouleversement que nous parviendrons à désencombrer l'horizon. Voilà bien une tâche de longue haleine, et qu'il n'y a pas de sens à mener seuls. Ceci est une invitation.
Texte paru dans LE MONDE, le 3 décembre 2009.
GROS PAPILLON DEGUEULASSE – morceaux de choix
Andy Fierens
traduit du néerlandais par Antoine Boute
textes issus de :
« Grote smerige vlinder », éditions De Bezige Bij, Amsterdam, 2009
« Boest », collectif, éditions Demian, Antwerpen, 2009.
No Panic on the Titanic; Andy to the rescue
insomniaque je pense à mes héros : andy warhol
andy kaufman, mahatma andy
tous les andys ne connaissent pas le succès
j’en connais un qui n’arrive à renifler
un slip de femme que s’il en achète un lui-même
et un autre
qui conserve son unique baiser dans une bouteille vide de coca-cola
l’optimisme, c’est être en phase terminale
et quand même arrêter de fumer
(je ne suis pas optimiste)
quand j’entends geindre un chien au loin je veux aller au jardin
retourner à la bêche 4 hectares de passé brut mais
je n’ai pas de jardin donc la plupart du temps je suis couché sur un banc
content de trouver du soutien dans des commandements
qui changent chaque jour :
tu ne seras pas le mac de la femme d’autrui
tu ne forceras personne à descendre nu
d’un toboggan recouvert de papier de verre
mon nom c’est andy
statistiquement parlant je suis o.k.
l’angoisse régit ma vie
du coup je n’ai pas osé dire à mon fils que mon père est décédé
donc j’ai envoyé un télégramme musical à l’école
parfois c’est tellement oppressant que je crie à l’aide
- pas un andy qui répond
tu connais celle d’andy avec l’érection du moribond?
tu connais celle d’andy qui trompa sa femme
avec les frères suédois lars et extra lars?
tu connais celle d’andy le marginal avec son haleine de caca première catégorie?
tu connais celle d’andy avec son gland bleaché?
tu connais celle d’andy qui roula des pelles à une grenouille jusqu’à la nausée?
je veux dire de la grenouille
mon monde est délimité par des certitudes :
quand je suis en avion ils passent toujours du Buddy Holly, du John Denver ou du Richie Valens
quand je me promène avec dix euros en poche je sais que ce jour-là je n’achèterai pas d’amitié
l’amour est une action
et bosser
n’est pas mon point fort
d’ailleurs tu savais que les andy’s vivent dans d’autres zones temporelles
et que la plupart du temps la dérive des continents les laisse froids?
que nous ne sommes pas sûrs qu’il y ait eu des andy’s
chez les aztèques ou les goths ou chez les peuples disparus
de papouasie nouvelle-guinée?
qu’il y a une congrégation secrète de andy’s qui propagent
le nouvel ordre mondial?
que même le plus sage des andy’s n’arrive pas à canaliser ses pulsions
à la vue d’une chambre pleine de nus enchaînés?
- bah, il n’y a pas de certitudes, sauf que les congrès pour bègues débordent
je n’ai pas provoqué le destin, mais il m’a tout de même enseveli
sous dix tonnes de débris haut de gamme
quand enfant j’ai vu ma mère au lit avec Robin des Bois
pendant que mon père partait travailler
j’ai décidé de ne plus jamais donner aux pauvres
une règle à laquelle je n’ai dérogé qu’une seule fois
quand j’ai prêté mille euros à jésus
qu’il ne me rendit jamais
- en effet, le seigneur existe
j’ai craqué pour lui quand il rompit la glace avec des bêtes blagues
comme
n’utilise pas de saucissons comme gode
surtout pas à l’ail
pas besoin de me les présenter :
les andy’s inspirés par mondriaan
les andy’s sans scrupules qui mangent les miettes semées par hansel et gretel
les andy’s sur les genoux de veuves dans des maisons où le désir de queue suinte des murs
les andy’s qui après le n.ième rateau ne parlent plus de femme mais de mascara à la tronçonneuse
tu connais celle d’andy dont le coeur fut transpercé par des pâtes crues
soubry ?
tu connais celle d’andy qui excelle en pseudo-sexe ?
tu connais celle de l’andy progressiste, qui épelle mongol avec “e-a-u”?
tu connais celle d’andy qui se plaint des arrêtes dans sa baleine?
regarde-moi ça :
quand un autre se rase il devient attirant
moi quand je me rase je suis rasé
écoute :
l’optimisme c’est une vierge qui consulte
sur son lit de mort un livre
avec des tuyaux pour bien faire l’amour
(je ne suis pas vierge)
(ça fait des lustres que je ne lis plus de livres)
sache :
il y a deux sortes de gens mais je ne les connais pas
qu’est-ce que je peux faire?
devant et derrière moi, à gauche et à droite de moi
aussi loin que les yeux peuvent voir
la complainte
de légions de désespérés
je vais à la mer
je vais à la mer et j’écris cent fois mon nom avec un bâton dans l’eau
et je sais
quelque part
il y a quelqu’un
qui peut m’offrir le bonheur
aussi longtemps
que j’ai un visage
elle aura un endroit
où s’assoir
DEUX BELGES
- UN JOUR ET UNE NUIT AVEC ANTOINE BOUTE -
on boit des bières dans la rue sale flamand
et encore des bières dans la luie waalstraat
james ensor, moules-frites, jésus et son entre-croix pourri
une de ces nuits dans lesquelles passent plus d’histoires
que l’oreille ne peut supporter
vive le roi ! vive la république ! tournée générale !
au fond de l’ivresse nous présumons une injustice
nous voulons crier quelque chose mais les mots restent bloqués
- cher Lassie, sauve notre pays
tout est pain et vin et vin et jeux
et Lassie qui ne vient pas car Lassie a le blues
rien ne va plus, mon ami
toi qui retourne fond de caisse à bruxelles
ma main qui te salue depuis un caniveau sec couvert de tessons
LA FOUFFE QUI PARLE DES OISEAUX
ce sont des jours de salive et de sueur
avec de fausses érections tu as appâté une cible blonde jusqu’au nid
- une question de talent
elle colle comme une tique ronde ronflant au matelas, vient d’alabama
voici les contours de shangri-la
à la maison pourtant on t’appelle le lécheur mou
le soleil du matin est un brûle-tout qui crépite dans ta bouche
la radio chante who’s your daddy, daddy
une banane chiquita défoncée traîne par terre à côté de ta chemise de nuit
(pas pour la rime, mais comme placement de produit)
des années d’ascèse ont réduit ta perception
tu ne vois que le cu dans cumul, put dans input
bientôt tu pars avec ton autre, dîner à knokke le zoute
c’est son anniversaire et elle vivra longtemps et le mot du jour c’est
joyeuse faciale d’anniversaire
ce qu’il y a d’unique à knokke le zoute c’est
son terrain de golf classé paysage protégé
dit un ange à travers le parlophone de sa bouche
le même qui soupire à l’anglaise dans son bassin
there is a man
who knows the answer
but you can’t consult him right now
because
somehow
his head got stuck in the rear of a racing horse
retiens la haine, dénerve l’angoisse
voici un tapis rouge, suis-le, continue
cyclope
depuis un certain temps
je me déplaçais
sur un sentier
qui devenait
de plus
en plus
étroit
dans un paysage
que je ne
reconnaissais pas
sans scrupules
bouillonnant
et lâche
des esprits cassés
étaient étalés
sur les bas-côtés
d’une route de boue
infinie
la vie
y était chiche
et paumée
comme des pêcheurs
sur une mer de styx
hennissant fort
soudain mon cheval
se mit à piaffer
je criais « ho ! »
et « tout doux ! »
et « couché ! »
dans un boucan du tonnerre
s’élevèrent
droit devant moi
deux piliers
de viande
du sol
- des jambes
gigantesques
pieds en l’air
qui s’ouvraient
lentement
dans leur pli
se montra
l’œil foudroyant
d’un cyclope
l’œil puait
mes jambes tremblaient
un oiseau
tomba
mort
du poing
du ciel
lorsque de la grimace
de sa bouche
sous des paupières
clignotantes
résonna
cette unique question
« qui es-tu ?
dis-moi ton nom »
je connaissais
mon odyssée
et me tut
dans le plus lointain des lointains
pas de secours
même pas son écho
et le désespoir en moi
faisait des heures sup
« nom d’un homme ! »
cria mon cheval
blanc castré
de quatorze ans
car droit
au-dessus de nous
se développait
à ce moment
la tempête
du siècle
l’œuvre de
louis-ferdinand céline
ou alors non
celle de
adamo
je fis
ce que l’on fait
en ces moments
je pris
un coca
et soufflai
dans un sac en papier
et il plut
du soufre, du goudron et de la morve
« ton nom ! »
hurlait le monstre
« fais quelque chose ! »
cria mon canasson
après quoi je lui
donnai un coup d’éperons
à travers une brume épaisse
de vapeurs de pommes de terre
nous cavalions
vers la maison
à travers
la flandre
agitant ses fanions
en chemin
dans une flaque
toute lisse
je vis quelqu’un
(mon vrai moi)
après quoi je mangeai
une tartine
avec de l’américain
végétarien
de retour à la maison
j’ai barricadé
portes et fenêtres
mais pas
pour longtemps
car là
et alors
je décidai
de ne plus jamais
avoir peur
ni
d’avoir honte
de qui j’étais
et je ne sais pas
si c’est grâce à ça
mais
soudain
j’étais plus en rut
qu’un boche
sur le pied de guerre
cependant ma maison
restait froide et vide
il n’y avait
qu’un gros
papillon
dégueulasse
qui avait chié
sur la carpette
peu de gens ont le dégoût des raisins secs
peu de gens ont le dégoût des raisins secs
mais cela ne les
rend pas
particuliers
toi non plus tu ne mérites pas de prix
parce que tes parents ont merdé avec les gènes
même si tu te sens bien dans ta petite peau
même si tu dis
« PAN »
et que tout le monde tombe par terre
l’un ne te donne pas d’eau, alors que tes cheveux brûlent
un autre alluma tes cheveux
lorsqu’il sut que personne ne viendrait les éteindre
quelqu’un jette un bâton
et le chien revient avec toi
le jour où tu prias dieu
il quitta le monde
par le trou dans la couche d’ozone
après tu marias la vendeuse de manteaux de cheminées
depuis qu’elle a perdu la tête elle a des douleurs fantômes
j’ai résumé ta vie dans un mauvais poème
que j’arrive à vraiment bien faire passer en public
avec ma chevelure ondulante
avec ma chevelure ondulante
j’attends quai sept
un train qui n’arrive pas
quelqu’un me demande « qu’avez-vous en main ? »
je dis : « c’est le nez de pinocchio
j’en ai besoin pour un bon équilibre »
j’avais une femme, elle accoucha de dîners chauds
mais sur le champ céleste de l’amour
elle portait des sous-vêtements kaki
lorsqu’elle me présenta à ses parents
elle nous laissa seuls pendant des heures
j’avais alors des pensées qui ne font pas avancer les choses
exemple : il y a trop de chrétiens sur terre
et pas assez de lions
ou : dans la lumière du soleil couchant
ma poupée gonflable a la couleur de mon bourgmestre
je recycle les lettres d’adieu en signets
et pour prouver que j’ai du caractère
je me gargarise des heures au bon whisky
puis recrache le tout dans la bouteille
au plus profond de la nuit
je suis au bord de l’escaut et crie : « nichooons ! »
puis, pour briser la tension
« moonboooots ! »
de retour à la maison je me mets devant la glace
et dis cinquante fois tout haut
« toi t’es o.k., non sérieux, toi t’es vraiment o.k. »
je connais un homme, il n’a plus rien d’autre
que des voix dans sa tête
hier était un bon jour, ils étaient à trois
serial effaceur
je t’ai envoyé trois émoticons et en ai reçu huit de retour
tu m’as embrassé la première fois sur une piste d’atterrissage pour ovni’s
j’aurais du me poser des questions mais j’ai glissé
les anneaux de jupiter à tes doigts et t’ai supplié
« ne sois pas lesbienne dans mon el dorado »
et non, tu ne l’as pas été : tu pressas du vieux jus de la souche
jusqu’à ce que ma bouche s’ouvre aussi béante qu’un wok
ta mère te trouvait une enfant difficile
ils ont eu beau te cloner
avec aucun de tes toi il n’y avait moyen de causer
je t’ai tout permis
tu me déshabilla complètement
et me fis chambrer des jours entiers
- je veux seulement dire que je veux dire
mais on ne peut pas cacher l’amour et la toux
tu semblais surtout forte question toux et me récompensas
avec un adultère 24-carats : meilleur, plus riche, plus beau, plus mince
au sens figuré tu m’envoyas faire des bains de pieds dans le styx
et tu me fis disparaître
sans pitié comme un serial effaceur
sur la plaquette de ma sonnette
est désormais écrit en grosses lettres
eunuque du harem, caniche avec gueule de bois
mais un fait est un fait
le ciel est bleu
le cancer est à la mode
je voudrais que tu sois un phoque
BONJOUR LES AMIS
POUR LA SOUSCRIPTION ARMEE NOIRE (25euros ou + si vous P/V oulez)
SI VOUS VOULEZ SOUSCRIRE A LA REVUE ARM2E NOIRE PAR PAYPAL VOICI LE LIEN :
PAIXPAILLE
BONNES FETES DE FAIM DAMNEE
CHARLES
La città è un buco e suoi abitanti respirano. La città è un buco e vi si respira dentro. I suoi vicini sono dentro, sono nel buco. I suoi vicini, i suoi abitanti uomini e donne, tutti vi respirano, tutte le persone dentro, nel buco. La città è un buco e le persone che leggono, leggono tutti. Tutti vorrebbero leggere. Tutti lo vogliono, tutti a un certo punto desiderano. Tutti desidererebbero parlare. La città è un buco, tutti al suo interno. Tutti i vicini con il giornale. Il giornale è un buco, poiché il buco è là tutti i giorni. É nella città. La città è un buco, la città respira, i suoi vicini pronunciano delle parole. Gli piacerebbe parlare. I vicini parlano, hanno voglia di fare conversazione, di creare dei legami. Tutta la città è un buco ha legami. Tutta la città è un buco. Il legame forma il mondo. Il mondo è aggregante, è un collante, è una salsa. Il buco funziona. I giornali sono stampati il giorno prima. I giornali sono per il giorno dopo, o per il giorno stesso. Il giorno stesso è un buco. Il giorno prima del giorno dopo. Tutto è un buco. Ma la città è un buco. E i suoi vicini ci dormono dentro. I suoi vicini sognano. Sognano di cascare, sognano di cadere, ma non si fanno troppo male. Si rialzano. La città è un buco. Le persone si rialzano. Si svegliano. Sono nel buco, ma va tutto bene, il giornale è stampato il giorno prima per il giorno dopo. Nel mezzo c'è il quotidiano. Fra i due, i vicini hanno la scelta, possono dormire o cadere. E quando dormono, cadono sempre. La città è un buco dove cadere.
La città è con i suoi abitanti e respira. É tutto dentro. Respira. É un buco, è un buco che c'è in tutti gli abitanti. Vogliono tutti parlare. Vogliono tutti avere un linguaggio. Vengono a comprare il giornale. Il giornale è un buco per gli abitanti delle città. La città è un buco. Il buco funziona. I vicini continuano a dormire. I vicini hanno comprato una macchina. O è un motorino. O è un camper. Vanno nella loro “tenutina”. Il loro buchino fuori città. Ma la città è un buco. Ci vanno col camper, hanno comprato anche una moto. Distruggono gli alberi. Non gli piacciono gli alberi con i frutti dentro. Gli alberi con i fiori. Non gli piace tutto ciò. Gli piace il prato. Hanno un bel prato pulito e sorridono mettendo le mani sulle anche.
La città è un buco. I vicini hanno messo le mani sulle anche. I vicini hanno messo il linoleum. I vicini hanno messo le lastre. I vicini hanno i doppi vetri. E poi hanno fatto dei buchi. Hanno messo dei buchi dappertutto. E poi un giorno il vicino si rompe il muso. E in città si sa cosa vuol dire, lo si legge sui giornali. Si legge che un vicino si è rotto il muso. Vuol dire che era in moto in città, è arrivato in centro. La città è un buco ed è scivolato. Lo si legge sui giornali. O altrove. Lo si legge in città, o altrove sui giornali. O allora, lo si legge altrove. Non sui giornali, ma altrove. I giornali sono un buco, idem gli abitanti, idem il loro pensiero. E anche altrove. Altrove è un buco. Hanno un unico pensiero. É il pensiero degli abitanti del buco, di qualsiasi buco. Il buco di un altrove o il buco di qui. Hanno un unico pensiero, e vi si puliscono dentro. Un giorno, il vicino è scivolato con la moto, o forse è sua figlia. Monta, la figlia sulla moto. É una bambina piccola. E per scherzare la monta sulla moto, e mette in moto, per scherzare. E la moto la schiaccia. É così in città. Perché la città un buco, e i suoi abitanti sono dentro. E si scherza. Ed è così.