@Contact
Mail de JH Michot

       Un jeune ami qu'un temps, ma foi, je jalousai
       - J'étais alors un tigre, et toujours aux aguets -
       En libraire avisé, a vendu de mon livre
       Déjà quinze exemplaires - voilà qui me rend ivre.
       D'autant que trois lecteurs, au comble de la joie,
       Lui ont tôt fait savoir que juste était son choix.
       Pourtant, s'il pleut sur moi un déluge d'éloges,
       La noyade me guette, et je demande une arche.
       Il importe avant tout que point ne me rengorge,
       Qu'en pèlerin chenu je poursuive ma marche,
       Que, dithyrambe ou non, je fasse mon devoir
       Dans le souci constant d'apporter quelque espoir
       Aux tristes, affligés, que dégoûte le monde
       Souillé par l'injustice, où la misère abonde.
       
       Même si, chers amis, la tâche est parfois rude,
       Pour qui vit trop souvent en noire solitude.



       Annexe : "Ce que j'écris et que je trouve mauvais peut aussi procurer quelques moments d'éloignement du pire à quelque esprit blessé ou triste. Cela me suffit ou ne me suffit pas, mais sert, d'une certaine façon, et ainsi va la vie".
(Fernando Pessoa) (trouvé ce matin dans un mail)

un texte paru dans le monde...

Pourquoi nous cessons de respecter les contrôles judiciaires


L'arrestation de Christophe, le 27 novembre, marque un palier dans la bouffée délirante d'Etat que l'on nomme pudiquement "affaire de Tarnac". Sa mise en examen situe le point où une procédure ne se poursuit qu'afin de se sauver elle-même, où l'on inculpe une personne de plus dans le seul espoir de maintenir le reste des inculpations.

En fait de "premier cercle", Christophe appartient surtout au petit nombre de ceux avec qui nous discutons de notre défense. Le contrôle judiciaire qui voudrait, pour l'avenir, lui interdire de nous voir est l'aberration de trop ; c'est une mesure consciente de désorganisation de la défense, aussi. A ce point de torsion de toutes les notions du droit, qui pourrait encore exiger de nous que nous respections ces contrôles judiciaires et cette procédure démente ? A l'absurde nul n'est tenu. Il n'y a pas besoin de se croire au-dessus de la justice pour constater qu'elle est en dessous de tout. Au reste, une société qui se maintient par des moyens si évidemment criminels n'a de procès à intenter à personne.

La liberté sous contrôle judiciaire est le nom d'une sorte d'expérience mystique que chacun peut se figurer. Imaginez que vous ayez le droit de voir qui vous voulez, sauf ceux que vous aimez, que vous puissiez habiter n'importe où, sauf chez vous, que vous puissiez parler librement, au téléphone ou devant des inconnus, mais que tout ce que vous dites puisse être, un jour ou l'autre, retenu contre vous. Imaginez que vous puissiez faire tout ce que vous voulez, sauf ce qui vous tient à coeur. Un couteau sans manche auquel on a retiré la lame ressemble davantage à un couteau que la liberté sous contrôle judiciaire ne ressemble à la liberté.

Vous flânez sur un boulevard avec trois amis ; sous la plume des flics qui vous filochent, cela se dit : "Les quatre objectifs se déplacent en direction de..." Vous retrouvez après des mois de séparation un être qui vous est cher ; dans le jargon judiciaire, cela devient une "concertation frauduleuse". Vous ne renoncez pas, même dans l'adversité, à ce que toute amitié suppose de fidélité ; c'est évidemment une "association de malfaiteurs".

La police et sa justice n'ont pas leur pareil pour travestir ce qui tombe sous leur regard. Peut-être ne sont-elles finalement que cette entreprise de rendre monstrueux ce qui, aimable ou détestable, se comprend sans peine.

S'il suffit de ne se reconnaître dans aucune des organisations politiques existantes pour être "autonome", alors il faut bien admettre que nous sommes une majorité d'autonomes dans ce pays. S'il suffit de regarder les directions syndicales comme des traîtres avérés à la classe ouvrière pour être d'"ultragauche", alors la base de la CGT est présentement composée d'une série de dangereux noyaux d'ultragauchistes.

Nous désertons. Nous ne pointerons plus et nous comptons bien nous retrouver, comme nous l'avons fait, déjà, pour écrire ce texte. Nous ne chercherons pas à nous cacher. Simplement, nous désertons le juge Fragnoli et les cent petites rumeurs, les mille aigreurs misérables qu'il répand sur notre compte devant tel ou tel journaliste. Nous désertons la sorte de guerre privée dans laquelle la sous-direction antiterroriste voudrait nous engager à force de nous coller aux basques, de "sonoriser" nos appartements, d'épier nos conversations, de fouiller nos poubelles, de retranscrire tout ce que nous avons pu dire à notre famille durant nos parloirs en prison.

S'ils sont fascinés par nous, nous ne sommes pas fascinés par eux - eux que nos enfants appellent désormais, non sans humour, les "voleurs de brosses à dents" parce que, à chaque fois qu'ils déboulent avec leurs 9 mm, ils raflent au passage toutes les brosses à dents pour leurs précieuses expertises ADN. Ils ont besoin de nous pour justifier leur existence et leurs crédits, nous pas. Ils doivent nous constituer, par toutes sortes de surveillances et d'actes de procédure, en groupuscule paranoïaque, nous, nous aspirons à nous dissoudre dans un mouvement de masse, qui, parmi tant d'autres choses, les dissoudra, eux.

Mais ce que nous désertons d'abord, c'est le rôle d'ennemi public, c'est-à-dire, au fond, de victime, que l'on a voulu nous faire jouer. Et, si nous le désertons, c'est pour pouvoir reprendre la lutte. "Il faut substituer au sentiment du gibier traqué l'allant du combattant", disait, dans des circonstances somme toute assez semblables, Georges Guingouin (Résistant communiste).

Partout dans la machine sociale, cela explose à bas bruit, et parfois à si bas bruit que cela prend la forme d'un suicide. Il n'y a pas un secteur de cette machine qui ait été épargné dans les années passées par ce genre d'explosion : agriculture, énergie, transports, école, communications, recherche, université, hôpitaux, psychiatrie. Et chacun de ces craquements ne donne, hélas, rien, sinon un surplus de dépression ou de cynisme vital - choses qui se valent bien, en fin de compte.

Comme le plus grand nombre aujourd'hui, nous sommes déchirés par le paradoxe de la situation : d'un côté, nous ne pouvons pas continuer à vivre comme cela, ni laisser le monde courir à sa perte entre les mains d'une oligarchie d'imbéciles, de l'autre, toute forme de perspective plus désirable que le désastre présent, toute idée de chemin praticable pour échapper à ce désastre se sont dérobées. Et nul ne se révolte sans perspective d'une vie meilleure, hormis quelques âmes sympathiquement désespérées.

L'époque ne manque pas de richesse, c'est plutôt la longueur du souffle qui lui fait défaut. Il nous faut le temps, il nous faut la durée - des menées au long cours. Un des effets principaux de ce qu'on appelle répression, comme du travail salarié d'ailleurs, c'est de nous ôter le temps. Pas seulement en nous ôtant matériellement du temps - le temps passé en prison, le temps passé à chercher à faire sortir ceux qui y sont -, mais aussi et d'abord en imposant sa propre cadence. L'existence de ceux qui font face à la répression, pour eux-mêmes comme pour leur entourage, est perpétuellement obnubilée par des événements immédiats. Tout la ramène au temps court, et à l'actualité. Toute durée se morcelle. Les contrôles judiciaires sont de cette nature, les contrôles judiciaires ont ce genre d'effets. Cela va bien ainsi.

Ce qui nous est arrivé n'était pas centralement destiné à nous neutraliser nous, en tant que groupe, mais bien à impressionner le plus grand nombre ; notamment ceux, nombreux, qui ne parviennent plus à dissimuler tout le mal qu'ils pensent du monde tel qu'il va. On ne nous a pas neutralisés. Mieux, on n'a rien neutralisé du tout en nous utilisant de la sorte.

Et rien ne doit plus nous empêcher de reprendre, et plus largement sans doute, qu'auparavant, notre tâche : réélaborer une perspective capable de nous arracher à l'état d'impuissance collective qui nous frappe tous. Non pas exactement une perspective politique, non pas un programme, mais la possibilité technique, matérielle, d'un chemin praticable vers d'autres rapports au monde, vers d'autres rapports sociaux ; et ce en partant des contraintes existantes, de l'organisation effective de cette société, de ses subjectivités comme de ses infrastructures.

Car c'est seulement à partir d'une connaissance fine des obstacles au bouleversement que nous parviendrons à désencombrer l'horizon. Voilà bien une tâche de longue haleine, et qu'il n'y a pas de sens à mener seuls. Ceci est une invitation.

 

Texte paru dans LE MONDE, le 3 décembre 2009.

Ecrit par Aria, Benjamin, Bertrand, Christophe, Elsa, Gabrielle, Julien, Manon, Mathieu et Yildune (qui sont les dix personnes mises en examen dans l'affaire dite "de Tarnac").

Traduction d'antoine boute :

GROS PAPILLON DEGUEULASSE – morceaux de choix

 

 

 

Andy Fierens

 

 

 

 

 

 

traduit du néerlandais par Antoine Boute

textes issus de :

« Grote smerige vlinder », éditions De Bezige Bij, Amsterdam, 2009

« Boest », collectif, éditions Demian, Antwerpen, 2009.

 

 

 


 

 

 

No Panic on the Titanic; Andy to the rescue

 

 

insomniaque je pense à mes héros : andy warhol

andy kaufman, mahatma andy

 

tous les andys ne connaissent pas le succès

 

j’en connais un qui n’arrive à renifler

un slip de femme que s’il en achète un lui-même

           et un autre

qui conserve son unique baiser dans une bouteille vide de coca-cola

 

l’optimisme, c’est être en phase terminale

et quand même arrêter de fumer

(je ne suis pas optimiste)

 

quand j’entends geindre un chien au loin je veux aller au jardin

retourner à la bêche 4 hectares de passé brut mais

je n’ai pas de jardin donc la plupart du temps je suis couché sur un banc

content de trouver du soutien dans des commandements

qui changent chaque jour :

                        tu ne seras pas le mac de la femme d’autrui

                        tu ne forceras personne à descendre nu

                        d’un toboggan recouvert de papier de verre

 

 

mon nom c’est andy

statistiquement parlant je suis o.k.

 

l’angoisse régit ma vie

du coup je n’ai pas osé dire à mon fils que mon père est décédé

donc j’ai envoyé un télégramme musical à l’école

 

parfois c’est tellement oppressant que je crie à l’aide

- pas un andy qui répond

 

tu connais celle d’andy avec l’érection du moribond?

tu connais celle d’andy qui trompa sa femme

            avec les frères suédois lars et extra lars?

tu connais celle d’andy le marginal avec son haleine de caca première catégorie?

tu connais celle d’andy avec son gland bleaché?

tu connais celle d’andy qui roula des pelles à une grenouille jusqu’à la nausée?

                        je veux dire de la grenouille

 

 

mon monde est délimité par des certitudes :

 

quand je suis en avion ils passent toujours du Buddy Holly, du John Denver ou du Richie Valens

 

quand je me promène avec dix euros en poche je sais que ce jour-là je n’achèterai pas d’amitié

l’amour est une action

                                    et bosser

                                    n’est pas mon point fort

 

d’ailleurs tu savais que les andy’s vivent dans d’autres zones temporelles

et que la plupart du temps la dérive des continents les laisse froids?

que nous ne sommes pas sûrs qu’il y ait eu des andy’s

            chez les aztèques ou les goths ou chez les peuples disparus

            de papouasie nouvelle-guinée?

 

qu’il y a une congrégation secrète de andy’s qui propagent

            le nouvel ordre mondial?

que même le plus sage des andy’s n’arrive pas à canaliser ses pulsions

            à la vue d’une chambre pleine de nus enchaînés?

- bah, il n’y a pas de certitudes, sauf que les congrès pour bègues débordent

 

je n’ai pas provoqué le destin, mais il m’a tout de même enseveli

sous dix tonnes de débris haut de gamme

 

quand enfant j’ai vu ma mère au lit avec Robin des Bois

pendant que mon père partait travailler

j’ai décidé de ne plus jamais donner aux pauvres

une règle à laquelle je n’ai dérogé qu’une seule fois

quand j’ai prêté mille euros à jésus

 

                        qu’il ne me rendit jamais

 

- en effet, le seigneur existe

j’ai craqué pour lui quand il rompit la glace avec des bêtes blagues

comme

n’utilise pas de saucissons comme gode

                        surtout pas à l’ail

 

            pas besoin de me les présenter :

 

les andy’s inspirés par mondriaan

les andy’s sans scrupules qui mangent les miettes semées par hansel et gretel

 

les andy’s sur les genoux de veuves dans des maisons où le désir de queue suinte des murs

les andy’s qui après le n.ième rateau ne parlent plus de femme mais de mascara à la tronçonneuse

 

 

tu connais celle d’andy dont le coeur fut transpercé par des pâtes crues

soubry ?

tu connais celle d’andy qui excelle en pseudo-sexe ?

tu connais celle de l’andy progressiste, qui épelle mongol avec “e-a-u”?

tu connais celle d’andy qui se plaint des arrêtes dans sa baleine?

 

regarde-moi ça :

            quand un autre se rase il devient attirant

            moi quand je me rase je suis rasé    

 

écoute :

            l’optimisme c’est une vierge qui consulte

            sur son lit de mort un livre

            avec des tuyaux pour bien faire l’amour

 

(je ne suis pas vierge)

(ça fait des lustres que je ne lis plus de livres)

 

sache :

            il y a deux sortes de gens mais je ne les connais pas

 

            qu’est-ce que je peux faire?

            devant et derrière moi, à gauche et à droite de moi

aussi loin que les yeux peuvent voir

                        la complainte

                        de légions de désespérés

 

je vais à la mer

 

je vais à la mer et j’écris cent fois mon nom avec un bâton dans l’eau

 

et je sais

quelque part

                        il y a quelqu’un

                        qui peut m’offrir le bonheur

 

aussi longtemps

que j’ai un visage

                        elle aura un endroit

 

                        où s’assoir

 

 

 

 

 

DEUX BELGES

- UN JOUR ET UNE NUIT AVEC ANTOINE BOUTE -

 

on boit des bières dans la rue sale flamand

et encore des bières dans la luie waalstraat

 

james ensor, moules-frites, jésus et son entre-croix pourri

une de ces nuits dans lesquelles passent plus d’histoires

que l’oreille ne peut supporter

vive le roi ! vive la république ! tournée générale !

 

au fond de l’ivresse nous présumons une injustice

nous voulons crier quelque chose mais les mots restent bloqués

- cher Lassie, sauve notre pays

 

tout est pain et vin et vin et jeux

et Lassie qui ne vient pas car Lassie a le blues

 

rien ne va plus, mon ami

toi qui retourne fond de caisse à bruxelles

ma main qui te salue depuis un caniveau sec couvert de tessons

 

 

 

LA FOUFFE QUI PARLE DES OISEAUX

 

ce sont des jours de salive et de sueur

avec de fausses érections tu as appâté une cible blonde jusqu’au nid

- une question de talent

 

elle colle comme une tique ronde ronflant au matelas, vient d’alabama

voici les contours de shangri-la

 

                        à la maison pourtant on t’appelle le lécheur mou

 

le soleil du matin est un brûle-tout qui crépite dans ta bouche

la radio chante who’s your daddy, daddy

 

une banane chiquita défoncée traîne par terre à côté de ta chemise de nuit

(pas pour la rime, mais comme placement de produit)

 

des années d’ascèse ont réduit ta perception

tu ne vois que le cu dans cumul, put dans input

 

bientôt tu pars avec ton autre, dîner à knokke le zoute

c’est son anniversaire et elle vivra longtemps et le mot du jour c’est

joyeuse faciale d’anniversaire

 

ce qu’il y a d’unique à knokke le zoute c’est

son terrain de golf classé paysage protégé

dit un ange à travers le parlophone de sa bouche

le même qui soupire à l’anglaise dans son bassin

 

there is a man

who knows the answer

but you can’t consult him right now

because

somehow

his head got stuck in the rear of a racing horse

 

retiens la haine, dénerve l’angoisse

voici un tapis rouge, suis-le, continue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

cyclope

 

depuis un certain temps

je me déplaçais

sur un sentier

qui devenait

de plus

en plus

étroit

 

dans un paysage

que je ne

reconnaissais pas

 

sans scrupules

bouillonnant

et lâche

 

des esprits cassés

étaient étalés

sur les bas-côtés

d’une route de boue

infinie

 

la vie

y était chiche

et paumée

comme des pêcheurs

sur une mer de styx

 

hennissant fort

soudain mon cheval

se mit à piaffer

je criais « ho ! »

et « tout doux ! »

et « couché ! »

 

dans un boucan du tonnerre

s’élevèrent

droit devant moi

deux piliers

de viande

du sol

 

- des jambes

gigantesques

pieds en l’air

qui s’ouvraient

lentement

 

dans leur pli

se montra

l’œil foudroyant

d’un cyclope

 

l’œil puait

 

mes jambes tremblaient

 

un oiseau

tomba

mort

du poing

du ciel

lorsque de la grimace

de sa bouche

sous des paupières

clignotantes

résonna

 

cette unique question

 

« qui es-tu ?

dis-moi ton nom »

 

je connaissais

mon odyssée

et me tut

 

dans le plus lointain des lointains

pas de secours

même pas son écho

et le désespoir en moi

faisait des heures sup

 

« nom d’un homme ! »

cria mon cheval

blanc castré

de quatorze ans

car droit

au-dessus de nous

se développait

à ce moment

la tempête

du siècle

l’œuvre de

louis-ferdinand céline

ou alors non

celle de

adamo

 

je fis

ce que l’on fait

en ces moments

je pris

un coca

et soufflai

dans un sac en papier

 

et il plut

du soufre, du goudron et de la morve

« ton nom ! »

hurlait le monstre

 

« fais quelque chose ! »

cria mon canasson

après quoi je lui

donnai un coup d’éperons

 

à travers une brume épaisse

de vapeurs de pommes de terre

nous cavalions

vers la maison

à travers

la flandre

agitant ses fanions

 

en chemin

dans une flaque

toute lisse

je vis quelqu’un

(mon vrai moi)

après quoi je mangeai

une tartine

avec de l’américain

végétarien

 

de retour à la maison

j’ai barricadé

portes et fenêtres

mais pas

pour longtemps

car là

et alors

je décidai

de ne plus jamais

avoir peur

ni

d’avoir honte

de qui j’étais

et je ne sais pas

si c’est grâce à ça

mais

soudain

j’étais plus en rut

qu’un boche

sur le pied de guerre

 

cependant ma maison

restait froide et vide

 

il n’y avait

qu’un gros

papillon

dégueulasse

qui avait chié

sur la carpette

 

 

 

 

peu de gens ont le dégoût des raisins secs

 

peu de gens ont le dégoût des raisins secs

mais cela ne les

rend pas

particuliers

 

toi non plus tu ne mérites pas de prix

parce que tes parents ont merdé avec les gènes

 

même si tu te sens bien dans ta petite peau

même si tu dis

 

                        « PAN » 

 

et que tout le monde tombe par terre

 

l’un ne te donne pas d’eau, alors que tes cheveux brûlent

un autre alluma tes cheveux

            lorsqu’il sut que personne ne viendrait les éteindre

 

quelqu’un jette un bâton

et le chien revient avec toi

 

le jour où tu prias dieu

il quitta le monde

par le trou dans la couche d’ozone

 

après tu marias la vendeuse de manteaux de cheminées

depuis qu’elle a perdu la tête elle a des douleurs fantômes

 

j’ai résumé ta vie dans un mauvais poème

que j’arrive à vraiment bien faire passer en public

 

 

 

avec ma chevelure ondulante

 

avec ma chevelure ondulante

j’attends quai sept

un train qui n’arrive pas

 

quelqu’un me demande « qu’avez-vous en main ? »

je dis : « c’est le nez de pinocchio

j’en ai besoin pour un bon équilibre »

 

j’avais une femme, elle accoucha de dîners chauds

mais sur le champ céleste de l’amour

elle portait des sous-vêtements kaki

            lorsqu’elle me présenta à ses parents

            elle nous laissa seuls pendant des heures

 

j’avais alors des pensées qui ne font pas avancer les choses

exemple : il y a trop de chrétiens sur terre

et pas assez de lions

            ou : dans la lumière du soleil couchant

ma poupée gonflable a la couleur de mon bourgmestre

 

je recycle les lettres d’adieu en signets

et pour prouver que j’ai du caractère

je me gargarise des heures au bon whisky

puis recrache le tout dans la bouteille

 

au plus profond de la nuit

je suis au bord de l’escaut et crie : « nichooons ! »

puis, pour briser la tension

« moonboooots ! »

 

de retour à la maison je me mets devant la glace

et dis cinquante fois tout haut

« toi t’es o.k., non sérieux, toi t’es vraiment o.k. »

 

je connais un homme, il n’a plus rien d’autre

que des voix dans sa tête

hier était un bon jour, ils étaient à trois

 

 

 

 

serial effaceur

 

je t’ai envoyé trois émoticons et en ai reçu huit de retour

 

tu m’as embrassé la première fois sur une piste d’atterrissage pour ovni’s

j’aurais du me poser des questions mais j’ai glissé

les anneaux de jupiter à tes doigts et t’ai supplié

« ne sois pas lesbienne dans mon el dorado »

 

et non, tu ne l’as pas été : tu pressas du vieux jus de la souche

jusqu’à ce que ma bouche s’ouvre aussi béante qu’un wok

 

ta mère te trouvait une enfant difficile

ils ont eu beau te cloner

avec aucun de tes toi il n’y avait moyen de causer

 

je t’ai tout permis

tu me déshabilla complètement

et me fis chambrer des jours entiers

- je veux seulement dire que je veux dire

 

mais on ne peut pas cacher l’amour et la toux

tu semblais surtout forte question toux et me récompensas

avec un adultère 24-carats : meilleur, plus riche, plus beau, plus mince

 

au sens figuré tu m’envoyas faire des bains de pieds dans le styx

et tu me fis disparaître

sans pitié comme un serial effaceur

 

sur la plaquette de ma sonnette

est désormais écrit en grosses lettres

eunuque du harem, caniche avec gueule de bois

 

mais un fait est un fait

le ciel est bleu

le cancer est à la mode

 

je voudrais que tu sois un phoque

 

comme ça je pourrai t’achever à la batte

VOUS! (avec un doigt)

BONJOUR LES AMIS

POUR LA SOUSCRIPTION ARMEE NOIRE (25euros ou + si vous P/V oulez)

SI VOUS VOULEZ SOUSCRIRE A LA REVUE ARM2E NOIRE PAR PAYPAL VOICI LE LIEN :

PAIXPAILLE

 

BONNES FETES DE FAIM DAMNEE

 

CHARLES

 

 

 

La città è un buco.

 

La città è un buco e suoi abitanti respirano. La città è un buco e vi si respira dentro. I suoi vicini sono dentro, sono nel buco. I suoi vicini, i suoi abitanti uomini e donne, tutti vi respirano, tutte le persone dentro, nel buco. La città è un buco e le persone che leggono, leggono tutti. Tutti vorrebbero leggere. Tutti lo vogliono, tutti a un certo punto desiderano. Tutti desidererebbero parlare. La città è un buco, tutti al suo interno. Tutti i vicini con il giornale. Il giornale è un buco, poiché il buco è là tutti i giorni. É nella città. La città è un buco, la città respira, i suoi vicini pronunciano delle parole. Gli piacerebbe parlare. I vicini parlano, hanno voglia di fare conversazione, di creare dei legami. Tutta la città è un buco ha legami. Tutta la città è un buco. Il legame forma il mondo. Il mondo è aggregante, è un collante, è una salsa. Il buco funziona. I giornali sono stampati il giorno prima. I giornali sono per il giorno dopo, o per il giorno stesso. Il giorno stesso è un buco. Il giorno prima del giorno dopo. Tutto è un buco. Ma la città è un buco. E i suoi vicini ci dormono dentro. I suoi vicini sognano. Sognano di cascare, sognano di cadere, ma non si fanno troppo male. Si rialzano. La città è un buco. Le persone si rialzano. Si svegliano. Sono nel buco, ma va tutto bene, il giornale è stampato il giorno prima per il giorno dopo. Nel mezzo c'è il quotidiano. Fra i due, i vicini hanno la scelta, possono dormire o cadere. E quando dormono, cadono sempre. La città è un buco dove cadere.

 

 

 

La città è con i suoi abitanti e respira. É tutto dentro. Respira. É un buco, è un buco che c'è in tutti gli abitanti. Vogliono tutti parlare. Vogliono tutti avere un linguaggio. Vengono a comprare il giornale. Il giornale è un buco per gli abitanti delle città. La città è un buco. Il buco funziona. I vicini continuano a dormire. I vicini hanno comprato una macchina. O è un motorino. O è un camper. Vanno nella loro “tenutina”. Il loro buchino fuori  città. Ma la città è un buco. Ci vanno col camper, hanno comprato anche una moto. Distruggono gli alberi. Non gli piacciono gli alberi con i frutti dentro. Gli alberi con i fiori. Non gli piace tutto ciò. Gli piace il prato. Hanno un bel prato pulito e sorridono mettendo le mani sulle anche.

 

 

 

La città è un buco. I vicini hanno messo le mani sulle anche. I vicini hanno messo il linoleum. I vicini hanno messo le lastre. I vicini hanno i doppi vetri. E poi hanno fatto dei buchi. Hanno messo dei buchi dappertutto. E poi un giorno il vicino si rompe il muso. E in città si sa cosa vuol dire, lo si legge sui giornali. Si legge che un vicino si è rotto il muso. Vuol dire che era in moto in città, è arrivato in centro. La città è un buco ed è scivolato. Lo si legge sui giornali. O altrove. Lo si legge in città, o altrove sui giornali. O allora, lo si legge altrove. Non sui giornali, ma altrove. I giornali sono un buco, idem gli abitanti, idem il loro pensiero. E anche altrove. Altrove è un buco. Hanno un unico pensiero. É il pensiero degli abitanti del buco, di qualsiasi buco. Il buco di un altrove o il buco di qui. Hanno un unico pensiero, e vi si puliscono dentro. Un giorno, il vicino è scivolato con la moto, o forse è sua figlia. Monta, la figlia sulla moto. É una bambina piccola. E per scherzare la monta sulla moto, e mette in moto, per scherzare. E la moto la schiaccia. É così in città. Perché la città un buco, e i suoi abitanti sono dentro. E si scherza. Ed è così.

 

 

 

TRADUCTION : Barbara Puggelli