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A Alençon

"Trop bon trop çon", comme dit la chançon de alençon

 

 

tu ne t'aimes pas
tu ne t’aimes pas tu n’as pas appris tu t’aimes tu n’as pas appris à t’aimer, car t’aimer tue tu es toi sans ton t’aime tu tournes autour de ton t'aime tu n’as pas appris tu tournes tu n’apprends rien dans l’amour l’amour te tourne autour autour de ton tu t’aimes que tu n’as pas appris par coeur il y a l’amour qui te fait les yeux doux l’amour fait les yeux doux au tu t’aimes in-appris qui n’a pas pris une ride et toi non plus tu n’as plus pu t’apprendre que sans être pris à ton tour par le tu t’aimes qui te tourne autour depuis la révolution des étoiles (filantes) tu files à ton tour tu rejoins le rang de ceux qui n’ont rien compris à l’amour tu rejoins la rangée où tu t’aimes pas et tu te prends une claque tu t’aimes à aimer ça prendre des baignes qui te viennent de toi-même ça te viens du tu t’aimes et tu te demandes pourquoi dans le tu t’aimes tu t’aimes ainsi pas tu te le dis que t’es pas cap de mêmer tu te le dis dans ton tutoriel du tu t’aimes pas que tu t’aimes au même et au pareil car ça te tue de tout aimer même le tue-toi qui aime à se répéter à longueur de jours un tu t’aimes pas détutorialisé dans du tu t'aimes pour les besoins (de la science?) ainsi tu t’aimes approché de près par ton désastre même qui te tourne le dos alors que tu voudrais qu’il t’aimes et t’ausculte par le dedans la partie qui t’arrange de trucider pour l’amour fou de toi le seul mais ton désastre m’aime il n’aime que moi et c’est même moi qui l’aime car je le vois mieux que toi-même, toi tu vois même pas ce qui te colle aux basques mais moi je t’aime grâce à ce bout qui pend et fait de toi le pareil et le même dont j’ai appris un jour tout en naissant l’existence le bout du bout qui fait boubou qui fait bouillir le marmitons les marmotteurs et les menteurs qui marmonnent tard dans trop de mots dans tout ton mou d’amour jusqu’à teuteure et puis après on remettra tout pareil on remet tout pareil mais sous tutelle sous la tutelle du même, je t’aime jusqu’à plus soif et tourne boule pour me revenir au pire (ou pas car c’est pas pire qu’un mieux qui au pas de tir et au pas de charge déboule où ça croit tant s’aimer)
extraits de dehors (projet avant bibi)
Je ne suis pas moi. Je suis qui. Qui est à l'intérieur de ça. Qui parle à moi. Qui me répond. Qui m'engendre et qui me renoue. Qui fait que je me sois renoué avec qui. Ou avec quoi. qui est à l'origine du malentendu de quoi. On serait à l'origine du malentendu. On en serait la cause de tous les ennuis avec ça. qu'est-ce qu'on peut savoir qu'on n'aurait pas su de suite. en se voyant. en voyant le malentendu en face. Face à soi. Ou face à ce qui ferait qu'on soit. D'après les autres. Et même d'après soi. Il nous arriverait d'y être. D'être non seulement en face mais aussi dans la face. Il arriverait qu'on soit en nous. Je veux dire en moi. je suis en moi. Ca m'arriverait de le penser. De penser que j'y sois plus que le reste. je suis roulé dedans. Roulé au sens. au sens de moi. ça n'a pas de sens. on roule en soi. on est roulé au sens de soi. le sens du soi qui n'a pas de sens. qui roule. qui roule comme au devant de nous mêmes. Voilà ce qu'on voit. Comme un devant de soi-même. Voilà où on en serait. D'après nos analyses. Est-ce que ça sert à quelque chose de venir là dedans. Est-ce que ça nous sert d'y être. D'être en dedans. Vivant. Parfois on fait semblant. Il nous semble que parfois on n'y est pas. On prend son temps. On marche au pas. On suit tous les mouvements. On avale des bouchées. On fait tourner ses pupilles d'yeux. Pour voir si tout est là. En l'état. Sans qu'on y soit. Ca tourne normalement en rond. Le monde. Il tourne rond. Autour de nous. Et nous on ne tourne pas rond. Au fond. On est au fond et on ne tourne que quand il faut vraiment. Et même à ce momoent ça tourne qu'à moitié. Ou ça se retourne sur nous. On est comme mal tournés. C'est qu'on est tout retournés. Que ça nous retombe encore dessus. Alors qu'on s'y est mis. Pour plus avoir à y revenir. Mais faut toujours y retourner. Faut toujours qu'on nous y fasse venir. Pour voir qu'on n'y vient pas. Ou pas assez. Et qu'y faudrait qu'on vienne. Qu'on soit à nous. Et un peu plus souvent. Que ça nous vienne. Que vienne l'envie d'en être. D'être plus souvent en notre compagnie. Comment je fais pour être des nôtre. D'être des miens. je veux dire comment je fais pour être de moi. Comment je fais pour me faire. Me faire en moi des miens. Les miens à moi. Je me refait à l'image des moi. Je suis en moi refait. Comment je fais. pour vivre à plusieurs à l'intérieur. sans pourtant sembler y être. Etre à plusieurs. Ou être seul. Je suis même pas quand je suis seul en moi. Je suis pas fait. Comment je fais pour pas y être. Ou pour y être sans sembler y demeurer. SAns faire partie des meubles. Ou tout au moins pas tout le temps. Etre en instance. Sur le qui vive. Jusqu'au trépas. Comment se fait-il qu'il me semble avoir deserté si longtemps cet être là. Et pour avoir été où. Pour avoir été crécher dans quel endroit. Puis être revenu. Comment je m'y suis à nouveau glissé dedans. Par lassitude ou par envie. Par envie d'y voir plus clair. De voir autrement en soi. D'être en soi l'autrement vu. S'y voir l'autrement vu. Comme un étranger. Surpris d'y être et d'y rester encore. Ou comme un mort. Un qui fait semblant. Ou qui fait vraiment. Qui fait vraiment semblant. Il semble y être pourtant. Il semble pourtant ne plus en être. Etre des nôtres en dur. C'est-à-dire en pas vraiment. En vraiment pas nous-mêmes. En vraiment pas tout dur. Le tout du dur de nous dedans ça serait lui. Le mort en vie. Comme un qui ferait de sa vie une mort. Comme un qui montrerait vraiment son mort. Son mort comme en dedans. Son mort montré comme un vivant. Et qui ferait son trou. Son trou vers le dehors. Son trou de mort par devers nous. Comme une vraie existence. il faut que je m'y mette. C'est le moment d'y aller. D'aller vers l'endroit où on s'y met. C'est l'endroit favorable pour y aller. Pour aller mettre. On se met à plusieurs. On est plusieurs à s'y voir. On s'y est mis d'un seul. Un seul nous y a mis. Il nous tendait les bras. Il nous a laissé seul. On est resté en nombre. On y est descendu. Il nous a vu descendre. On a passé notre temps à plus savoir. On passe son temps à oublier qui on est. Comme ça c'est plus pratique. On n'a rien à pensé. Ou alors il faut tout refaire. Tout repenser refaire. Les mêmes chemins. Puisqu'on les a plus en tête. On n'a plus la tête à soi. On a la tête d'un autre. On est un autre en soi. Et c'est comme ça qu'on va. On va au plus de soi. C'est-à-dire au moins que rien. Et ça nous va. De plus aller qu'à rien. C'est comme aller de soi. On va toujours quelque part. Au moins on sait même qu'on y va. On sait où ça nous mène. Toutes ces sornettes. On sait où ça vous conduit. Toutes ces conneries. On ne peut pas s'en passer. On passe pas une heure sans y penser. On en crève de penser. De penser qu'on n'ira plus. Le jour où on voudra plus. On voudra plus de nous. Le jour où il nous fera savoir. Ou on sera tout su. Tout su d'avoir voulu savoir. Sans jamais y avoir été. Sans finalement jamais vouloir savoir. On sera tout su d'avoir rien su de nous. Voilà ce qu'on saura. On en saura pas plus. Repassez dans quelques jours. On en dira peut être un peu plus. On dira tout ce qu'on saura. On verra bien si on peut faire quelque chose pour vous. Ca va durer encore longtemps. Dans combien de temps on va pouvoir se reposer. Dans combien de temps je vais enfin pouvoir poser mon sac. Dans combien de temps je reviendrai la dessus. sur le sac. Ou sur moi. Dans combien de temps on sera proche. On se rapproche de soi. Dans quelques temps on se touchera. On touchera un bout de soi. Et on pourra l'emmener avec nous. Dans quelques temps on pourra nous ramener. On nous ramène à nous. au bout de quelques temps. je vais m'essayer. je vais bien. ça fonctionne bien. mon cerveau est en état. en parfait état de marche. il fonctionne comme sur des roulettes. lorsque je m'agite c'est qu'il sait comment il faut faire. c'est qu'il sait le fin mot de l'histoire. c'est lui qui sait parfaitement où ça va encore se terminer. mon cerveau donne des ordres. tout le monde lui obéit. tous ceux qui sont en moi. tous les membres d'équipage. c'est lui qui dit comme il faut faire avec moi. c'est lui qui leur apprend. comment ils doivent bouger. comment faire dans la vie. avec moi. moi je ne sais pas comment faire. sans mon cerveau je suis perdu. je joue à qui-perd-gagne. c'est couru. si je n'ai pas mon cervau en parfait état de fonctionnement je perds les pédales. je suis perdu pour moi. comment je ferai sans ma tête. sans ma petite tête calée au fond de moi. comment je pourrais faire sans moi. si j'avais pas de tête. j'aurais pas de moi. ça serait qu'un moi d'opérette. un petit trou en dedans. pour balancer tout l'être et en finir une bonne fois. avec moi. ou avec la tête.
Péguy dans nos lignes

Il en ferait une de tête, s’il revenait aujourd’hui Péguy. Une tête des mauvais jours. Une tête de mal loti. Il ferait une de ces têtes Péguy, si on le croisait aujourd’hui, comme quand on croise toutes ces têtes après les élections, après la tromperie renouvelée des élections. Une tête de lendemain de fête. La fête des électeurs. Une mauvaise fête de têtes d’électeurs. Il ferait une tête pire que ça. Une tête de toutes ces mauvaises têtes qui n’ont pas encore digéré leur bulletin de vote. Une tête comme quand on sort de l’isoloir. Une tête comme quand on est pressé de rentrer chez soi, pour regarder les résultats aux informations. Une tête de résultats dans la télé, voilà la tête qu’il ferait Péguy. La tête de tous les mauvais résultats des journaux de vingt heures qui ont jalonné notre histoire à nous. Tous nos mauvais jours à nous sont des têtes de mauvais résultats dans les journaux. Et tous les résultats ont toujours été de mauvais résultats au final.

 

De son temps Péguy, il avait aussi parfois la mauvaise tête. Il avait sa caboche entêtée Péguy. A tout le temps critiquer les socialistes, et Jaurès en particulier. Mais aujourd’hui, s’il revenait, il en ferait une toute autre de tête. S’il revenait de ses sentiers de rondes. S’il revenait de sa cahute et de ses tranchées. S’il revenait aujourd’hui de sa guerre avec ses charniers, il en ferait une de tête. Non pas d’avoir connu les massacres de la guerre, car il n’a pas eu le temps d’y être longtemps plongé dans cette sale guerre. Lui qui avançait tête nue d’un poste à l’autre. Lui qui se désignait avant les autres. Lui qui se destinait très tôt dans cette guerre à recevoir une balle. Il en ferait une de tête, Péguy, s’il revenait aujourd’hui de sa balle. Si la balle ne l’atteignait pas, mais le propulsait vers nos âges. Il en ferait une de bobine Péguy. Pire que les gueules cassées la gueule à Péguy, s’il revenait aujourd’hui. Il reviendrait avec Jaurès et les deux en feraient de ces trombines. Ils en feraient de ces trombines s’ils nous voyaient maintenant. Si maintenant Péguy et Jaurès revenaient de leur balle. S’ils revenaient de leurs temps boueux. S’ils revenaient de ces incertitudes de début de siècle. Leur siècle à eux. S’ils en revenaient et qu’ils nous voyaient. Quelles têtes feraient-ils ? Ils feraient des têtes bien pires que les électeurs. Et c’est pas peu dire ! Car une tête d’électeur aujourd’hui, ça vaut son pesant de journées. Son pesant de fatigues et de journées éreintantes à ne plus croire en rien. Mais à continuer d’y croire, tout de même, un peu. Car on y va toujours, au charbon. Ce n’est pas le charbon de la mine, ça on n’y va plus, c’est le charbon de l’histoire. L’histoire toute noire qui nous enfume la tête. L’histoire toute enfumée et qui rend nos têtes noires. Ils en feraient des têtes d’enfumés, des têtes toutes noires s’ils nous voyaient les Péguy, les Jaurès et même tous les autres. Si tous les bords de leur temps à eux nous voyaient, leurs yeux se dessilleraient un bon coup et leurs bouches resteraient à jamais muettes.

 

Car quand Péguy parle de la France. Quand il parle de l’époque perdue. Quand il dit que les ouvriers se sont perdus. Quand Péguy parle de la petite parole perdue et de la fierté disparue. Quand il parle ainsi Péguy des ouvriers qui ne travaillent plus et de la bourgeoisie qui envahit tout, comme il le dit dans l’Argent. Quand il parle ainsi à tout bout de champ, qu’est-ce qu’il nous dit ? Quand il dit dans l’Argent Péguy, que le parlementarisme a tout corrompu. Que le parlementarisme et la grande bourgeoisie capitaliste a tout avili. Il en ferait une de tête, s’il nous voyait aujourd’hui, car il ne croirait pas avoir si bien dit. Il le disait, mais lorsqu’on le lit, il suffit de transposer pour aujourd’hui. Car à son époque, ça n’était rien. A son époque, il y avait des ouvriers, il y avait de la fierté. A son époque, il y avait des mains pour travailler. Il y avait à manger pour tout le monde. A son époque dans les villages, il y avait le boulanger, le boucher, le fermier, l’instituteur. Et déjà Péguy critiquait les instituteurs, mais que ferait-il aujourd’hui, lui qui devinait déjà la fin du monde français, la fin de l’histoire française, le déclin même de l’Europe, de l’occident et du monde entier. Lui qui percevait, à travers les maîtres, le relâchement véritable pour la seule cause bourgeoise et capitaliste. Lui qui avait deviné que le moindre travail ouvrier et la moindre parcelle de terre du paysan allait être vendus à la cause capitaliste. Il en ferait une de tête aujourd’hui, en se promenant dans la France des lotissements. Dans la France ravagée de la campagne et dans les villes qui s’étendent à n’en plus finir. Dans les cités envahies de policiers avec les chiens et les drogues. Il en ferait une de tête aujourd’hui, s’il savait que tous les ouvriers étaient maintenant devenus soit maton soit policier ou soit drogué, ou les trois. L’Etat sécuritaire. L’Etat qui change de main, mais qui est toujours dans la même main. La seule main. La main confisquée au peuple. Il en ferait une de tête, Péguy, lui qui parlait encore d’un peuple. Il verrait que le peuple a totalement disparu. Il verrait qu’il n’y a plus que des votants et des non-votants. Tous les mêmes ! diraient Péguy. De la chair à élire. De la chair à télé et à élection. Il en ferait une de trombine devant la télé Péguy, aujourd’hui. Devant le Cac 40. Le peuple du Cac 40 et le peuple du Médef. Le peuple des syndicats patronalistes et capitulant. Le peuple viandard et le peuple écolo, le peuple qui fait la manche et le peuple islamophobisé. Le peuple consommateur bio et le peuple Que choisir. Le peuple au caddie. Il en ferait une de trombine. Le peuple qui boursicote, comme il disait déjà dans l’Argent. Le peuple décimé dans ses propriétés et dans ses chaînes télé, sa haine de l’autre et son pouvoir d’achat.

 

Il en ferait une de bobine le pauvre Péguy, s’il nous voyait, depuis sa balle, depuis son front et sa balle, depuis sa mort sur le front par la balle qui le faucha. Nous les fauchés de l’histoire. Il se dirait qu’il avait déjà raison, lui, de critiquer à son époque, en parlant de ce qui allait advenir de la politique. Car aujourd’hui, la politique ressemble au charnier où il s’est trouvé dans les dernières minutes de sa vie. Le parlementarisme des grands bourgeois capitalistes, comme il en parle dans l’argent, il ne savait pas vraiment ce que c’était. Une vraie guerre de tranchées pour nous, le capitalisme électoraliste. Il ne pouvait pas deviner ce que ça pouvait être vraiment, depuis son texte ou depuis son front, depuis ses guerres à lui. Ses guerres sont malgré tout de vraies guerres, mais ce sont des guerres où il y a encore de la croyance. Ce sont des guerres où l’on a encore envie de combattre. Il irait où combattre le poète Péguy aujourd’hui ? Et contre qui il combattrait le poète Péguy ? Il combattrait comme la plupart, avec un bulletin de vote. Pour chasser le pire qu’on ait eu et pour en faire venir un autre à sa place. A la place du pire, un autre pas mieux. Car après le pire, on n’aura certes pas mieux. Mais on fera pas pire que ce qu’on a déjà fait. Ça ne sera pas plus pire, comme on dit parfois dans les cours de récréation. On recréera juste un pire, mais ça sera un pire juste un peu mieux. Un pire juste moins pire en somme. Un pire pas pire que l’autre en tout cas. Mais un autre pas mieux non plus. En tout cas plus pire que n’importe qui après tout. Toujours est-il pas pire que l’autre d’avant. Car l’autre d’avant, dans le pire on n’avait pas fait mieux. En tout cas jusqu’ici. Jusqu’au prochain autre. Jusqu’à sa prochaine réélection à l’autre pire. Jusqu’à l’autre bulletin dans la pire des urnes, on ne fera pas mieux. On fera pas mieux jusque-là et il faudra attendre. On nous fera poireauter. Il faudra être patient. S’attendre au pire ou au pas mieux. C’est ça notre devenir. Notre promesse. Notre désir. Notre crédo. et on en fera même toute notre carrière et notre postérité.

 

Est-ce que Péguy lui patientait, depuis ses tranchées ? Depuis son chemin de croix, ou son Chemin des Dames ? Est-ce qu’il poireautait ainsi en attendant la balle. Car il l’aurait finalement reçue sa balle en travers les yeux. Même à patienter dans ses lignes. Il aurait eu ainsi plusieurs balles et même un boulet de canon, plutôt que d’avancer tête nue et de courir d’un poste à l’autre. Il avançait dans les lignes, mais il aurait pu se mettre où il voulait dedans. Il aurait même pu se terrer dans un trou. Il n’était pas sûr d’être perdu pour la balle ou pour le boulet de canon. Il était même quasi sûr de les gagner tout autant, Péguy. Mais il n’a pas réfléchi : il est allé de l’avant. Il a couru d’un poste à l’autre, d’un piège à l’autre, d’une balle à l’autre. Car aujourd’hui on sait bien lui reprocher tous les pièges qu’il n’a pas su voir Péguy. Pourtant il en a vu des pièges Péguy. Les pièges et les trous et les balles et les obus de son temps, il a su les voir de loin et parfois, malgré tout, les prendre. Il en a peut-être pris de trop, car peut-être a-t-il trop vu Péguy. Et on pense aujourd’hui à lui, mais comme des bourgeois. On pense comme des assis, nous les combattants. On pense comme des bourgeois assis parlementaristes vis-à-vis de Charles Péguy. Charles Péguy le chrétien ou Charles Péguy l’inchrétien, comme j’ai lu. Charles Péguy le réactionnaire. Charles Péguy l’ancien. Le mal embouché. Charles Péguy le paysan. Ce n’est donc pas Charles Péguy qui exagérait un brin. Car déjà c’est son époque à lui qui déjà exagérait un brin. Et lui avait raison de soutenir mordicus, que c’est à partir de la fin du dix-neuvième siècle, que tout ça a commencé à défaillir. Que la vie à déconné. Que les choses ont commencé à mal tourner pour le monde. Le monde chrétien ou le monde à venir. Les promesses à venir. Les promesses communistes. Les promesses d’une politique non parlementariste, non bourgeoise et élitaire. Mais quelle tête il ferait, aujourd’hui, le pauvre Charles, s’il nous voyait. S’il lisait dans nos yeux ou dans nos livres. S’il lisait dans les lignes de ceux qui se disent des combattants. Des combattants sans combat, à part les urnes. Car tous les artistes vont aux urnes. Et tout ceux qui n’y vont pas méprisent ceux qui y vont. Tout n’est que mépris. Et le mépris va jusqu’au poète Charles Péguy. Tous les artistes méprisent le poète. Mais  le poète aussi les méprisait. Car il méprisait les catégories. Il n’y a pas de catégories pour le poète Péguy. Et il n’y a pas de mépris pour celui qui se trompe, ou pour celui qu’on avilit, celui qu’on a fait entrer dans la carrière de l’ignorance. Car il a bon fond l’ignorant, après tout. Il devine qu’il y a cette part en lui qui parle. Cette petite parcelle de lui-même, il l’a devine. Il n’a pas totalement perdu la main, ni la fatigue, ni la gaité, ni l’insouciance. Il lui suffit qu’il reprenne son outil. Et son outil c’est sa pensée, c’est sa parole. Il lui suffit qu’il reprenne sa voix. Sa voix d’ignorant. Sa voix du monde à lui et qu’il la mêle à toutes les autres. Que tous les ignorants se comptent pareillement. Que tous les ignorants se savent. Qu’ils soient dans leur voix et que toutes les voix d’ignorants aient ainsi leur propre voix. Que chacun ait sa voix et qu’il la garde bien, à l’abri des mensonges et des capitulations. Toutes les capitulations d’aujourd’hui, et notamment électorales.

 

Car il en ferait une de sacrée tête Péguy, s’il nous voyait ainsi tout le temps capituler, avant même un semblant d’engagement. Un semblant de parole engageante. Un semblant de conflit. Un semblant de vie. Il nous ferait une de ces têtes Péguy, face à nos têtes de capitulaires et de concédants, nos têtes patibulaires dans le capital qui ment. Nos esprits divisés. Nos pensées contraintes et notre ironie. Il ne connaissait pas l’ironie, Péguy. Il avait la sainte horreur de ce monde-là. Il n’en avait même pas horreur, car il ignorait tout bonnement ce monde. Il n’y avait pas de place pour l’ironie froide et pour le manque total d’amour. Et quand je parle d’amour je parle de tout l’amour. Tout l’amour de Péguy pour tout ce qui frayait avec la vie. Tout l’amour de ce qui vivait dans l’innocence et l’insouciance. Il en ferait une de tête aujourd’hui, face à tout l’amour qu’on ne lui porte pas. Car on ne porte plus aucun amour, ni pour l’autre ni pour sa culture. On ne porte de l’amour que pour soi. Soi dans son inculture ou soi dans son non-amour. La télé porte son non-amour pour elle, tout comme le politique porte son non-amour pour lui, tout au moins pour son pouvoir. Le pouvoir pour lui non aimé. Sa vraie quête est donc la détestation. Aimer faire détester. Aimer porter la détestation à son pinacle. Que la télé et le politique, mais aussi le financier, portent la détestation au plus haut de l’amour inversé, c’est-à-dire à la détestation de nous-mêmes. Car aujourd’hui, il en ferait une de tête Péguy, à nous voir nous détester ainsi, nous les humains. A continuer à vivre ainsi, nous les humains. A autant détester ainsi la vie, nous les humains. Et d’ailleurs, à continuer à dire nous, alors que nous quittons le nous. Que nous ne voulons plus être nouer à un quelconque nous et qu’il nous faudra d’autres nous pour nous le dire. Mais ils nous diront rien, car tous les nous manqueront. Qu’il n’y a plus de nous et d’ailleurs nous croyons qu’il n’y a plus que nous pour le penser et le dire. Et que tous les nous pensent  et le disent ainsi, dans la détestation profonde des autres nous.

 

Qui faut-il croire alors ? Il faut croire en la tête à Péguy, la bobine à Péguy qui court tête nue à travers ses lignes d’écrits. Ses lignes où ça éclate de partout, où ça se trompe de toute part et où ça se réécrit, redit, approfondit, jusqu’à faire des trous. Il faut croire en sa bonté et en sa colère. Il faut croire en sa guerre, comme véritable rédemption pour notre monde moderne et post-moderne. Pour notre art, notre poésie. Il ne faut pas assécher notre art et notre poésie, mais aller de l’avant et croiser partout le fer avec l’indigence de notre époque et avec l’atonie qui nous traverse de partout. De partout et de toute part ça nous croise et nous défrise. De partout et de toute part la guerre qui éclate et de partout et de toute part nous dans les trous de nos textes et de nos images. De partout et de toute part l’ironie, le fadasse et le manque de bras. C’est ça qu’il dirait Péguy, s’il pointait sa bobine aujourd’hui, à travers nos lignes.

 

 

pinget bine air

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pine gel panne jus pangée poids jeune paix je pâles jeunes j'ai peu plein d'jus pale agit page ait pigé pin jappe en paix père gis projet plait gens puis-je point "g" pourris j'erre poux je puits jus pur je pigé peu hein je pas rejet pinpin jéjé je prie gens pet par rejet paix je pile joie peint jaie : PINGET. bine tes mots monsieur pinget ou monsieur songe les mots tournent puis rentrent puis emplissent la tête de monsieur songe les mots sont autour de ta tête pinget les mots-songes vous traversent puis sortent pour vous causer dedans... PINGET BINE AIR