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La modernité dans la rigole

La modernité c’est le mal de la parole. La modernité a fait du mal. Elle le fait dans le parler. La modernité c’est la parole mais mal foutue. C’est une invention mal foutue pour détourner la parole de son lieu. Son lieu à la modernité c’est d’être toujours sur le devant de la parole, comme pour l’interdire. Comme pour en achever la vérité. Il y a la vérité du parler que la modernité à démasqué et depuis elle joue avec. Elle lui fait des menaces. Elle menace la parole de dénoncer son fond vrai. Mais elle ne le dénonce pas. (pourquoi elle ne le dénonce pas ?) (pourquoi elle dénonce pas le fond vrai de tout parler ?) Elle ne peut dénoncer la vérité du parler sans s’effondrer la modernité. Cependant la parole croit que la modernité peut le faire. La parole est un petit oiseau. Une petite innocence. La parole parle innocemment dans sa petite cervelle d’oiseau. La parole s’envole dans son parler et est une petite cervelle, un petit cervelet de moineau. Voilà ce qu’elle est la parole, avec sa petite cervelle de moineau. C’est pour ça qu’elle croit tout ce qu’on lui dit. Et ce qu’on lui dit c’est la modernité qui lui dit. C’est la modernité qui la maintien dans un certain parler. Un mauvais parler. Un parler sans fond. Alors que le fond du parler c’est ça qui est intéressant. Et la modernité le sait. Elle sait que parler à un fond et même un double fond. Elle sait la modernité que c’est le double fond du parler qui peut révéler la vérité. Et qu’il n’y en aura pas qu’une. Elle sait ça la vérité. Il n’y a pas qu’elle qui le sait. Car il y a plusieurs modernités dit la vérité. Il y a la modernité qui en a eu marre de la modernité. C’est une vérité. Il y a une modernité qui en a eu sa claque de la modernité. Et la modernité et la vérité le savent. Il y a une modernité qui a dû s’inventer plusieurs modernités, comme plusieurs vies. (Car elle en avait sa claque.) Et ça la modernité le sait bien. Et ça la vérité ça lui a pas échappé non plus. Il y a une modernité qui a banni le parler qui coince, car le parler qui coince ça ne lui fait pas trop plaisir à la modernité. La modernité n’aime pas trop où ça coince. Du coup elle nous fait passer pour des décoincés, nous les hommes modernes. Nous serions des décoincés du parler, nous les hommes modernes. Alors que c’est n’est pas vrai. Nous ne sommes pas totalement décoincés, dit la vérité. La vérité pense que ça ment toujours. Et ça ment à l’endroit moderne. C’est pour ça que la modernité a empêché la parole de parler et qu’elle s’est inventé plusieurs vies modernes. La vie moderne a succédé à la vie moderne. Et la vie moderne a fini par en avoir par-dessus la casquette de la vie moderne et donc a inventé la vie post-moderne. Le post-modernisme est une vie inventée de toute pièce par la modernité même. (Car elle en avait sa claque la modernité, elle aussi, tout comme nous.) Mais tout ça c’est des inventions. C’est pour nous tenir au cachot. C’est pour faire en sorte qu’on se tienne tranquille et au cachot. C’est pour faire comme si la parole il fallait la maintenir en otage. Comme s’il fallait la maintenir en otage dans un cachot pour ne pas la laisser s’envoler. Car la parole pourrait parler. C’est-à-dire qu’elle pourrait s’envoler. C’est pour cela que la modernité a proféré des menaces à tout le parler et que le parler s’est rassis. Il a épousé la forme de l’assise le parler. Il s’est rassis sur son séant. Il s’est rassis sur ses fesses le parler et il a laisser faire la modernité et la post-modernité. Il les a laisser causer. (Cause toujours beau merle). Il a laisser causer toutes les modernités et toutes les post-modernités. Il les a laissé causer parce que le causer moderne et le causer post-moderne faisaient tout pour faire oublier la petite parole qui s’envole, le petit bégaiement qui rigole, la petite bière du monde qui sourit et qui rigole, les petites gens qui ont le parler qui sourit et qui blague et qui rigole haut et fort. Le petit tracas mêlé aux petites blagues pour passer le temps. Car il faut bien passer le temps. (n’est-ce pas ? il faut bien passer le temps !) Il faut bien même dépasser le temps. Tous les temps sont dépassables. Tous les temps passent et repassent et tous les temps menacent, mais en même temps tous les temps aurons leur temps. Après le temps du temps un autre temps. Après ce temps-là du temps on verra bien, après ces temps modernes et après ces temps post-modernes, on verra bien ce qui nous tombera sur le crâne, on verra bien ce qui nous dégringolera dessus après tous ces temps qui nous ont écrasé dans la rigole. Car c’est dans une rigole que tout fini toujours, et même dans une grande rigole, pas une petite rigole mais une rigole à plein temps, c’est là dedans que tout va se terminer une bonne fois pour toute et sans discussion. Ça va se terminer dans cette grande rigole de tous les temps et après on verra bien, on verra bien qui rigolera le dernier.

 

le mot n'est pas fini

Le mot n’est pas fini. Le mot traverse son fini pour aboucher sur un autre, non pas sur un autre mot mais tout un tas de finis, ce sont toutes des sphères de finis que traverse le mot non pas pour se trouver à l’embouchure de l’infini, car un mot n’est pas infini non plus, un mot se jette la tête la première dans ce qui est dit, mais comme sa tête sonne creux et même comme elle ne donne aucun son si on la secoue dans tous les sens, le mot dans son entièreté ne peut pas être fini par un sens, c’est dans tous les sens secoués, c’est dans la bouche qu’il peut montrer des variétés de destinations pour lui et donc retrouver son non-fini dans les sphères de finis que sont toutes les bouches à parler en même temps. Et quand toutes les bouches ont fini de parler ? les bouches ne finissent jamais de parler, mais si un jour elles finissaient le fini de la bouche, alors le mot aura pris tout son sens, c’est d’ailleurs ce qu’on croit souvent, on croit que les bouches on accouché d’un mot alors du coup un mot a d’un coup la tête dure et se finit dans les bouches qui ont décidé que ce sens lui appartenait, c’est pour ça que beaucoup de bouches pensent le mot comme ayant la tête dure et accusent les autres bouches de ne pas l’entendre de la même oreille.

Le dire prend la parole
Le dire prend la parole, quand le dire prend la parole le dire fait exploser le sens de ce qui est dit dans la parole, il y a le dire et le dit alors ? il y a le dire dit de la parole qui n’est pas le dit, le dit qui se dédit du dire, le dit-dire qui se dit en dedans de ce qu’on ne comprend pas, car on ne comprend pas en fait la parole, la parole souvent on croit la comprendre mais on ne la comprend pas, ce qu’on comprend c’est l’incompréhension, et dans compréhension on peut lire préhension, c’est l’impossible préhension des mots, c’est ça que le dire dit. Il dit je tord le parler dans tous les sens, je me fous du sens des mots, je chante, c’est-à-dire que le chant fait voler la parole en éclat, quand la voix éclate, le dire fait se tordre le parler et le fait s’envoler, c’est là qu’on dit que la parole s’envoie en l’air, mais ça ne s’envoie pas, pourquoi ça ne s’envoie pas ? parce que ça se ratatine, le dire est tout ratatiné dans la parole puis il prend son envole, mais son dire c’est de ratatiner toute vraie parole, car la toute vraie parole c’est pour ceux qui caquettent, et ceux qui caquettent sont les faibles qui parlent, et les faibles qui parlent sont ceux qui croient détenir la vérité, il n’y a pas de vérité en parole, il n’y a que caquètement, ou alors y a la torsion et l’envolée et le ratatinement quelque part dans le sens, c’est-à-dire amour du sens au point d’en faire une détestation, un non-savoir, car ce qu’on veut toujours au fond de nous c’est de rester au fond, ce n’est pas de s’envoler dans le savoir mais de se ratatiner dans l’ignorance, et c’est là qu’on parle, c’est là qu’on cherche à tout prix à vraiment parler, alors que le dire dit autre chose, le dire dit tout autre chose, que dit le dire ? il ne dit rien de la vérité, le dire dit que parler c’est aller se ratatiner hors de l’ignorance, c’est-à-dire hors du sens, c’est hors du sens que le dire dit qu’il faut aller causer, non pas pour s’envoler, ou alors s’envoler et planer, mais planer au ras du sol, au ras des pâquerettes pour tout dire, et finalement aller se ratatiner quelque part, ou nous disons, avec le dire qui dit, que la langue va enfin s’agglutiner, la langue va enfin se compresser et rouler, la langue va enfin se dérouler et s’écraser, la langue va produire un tas de figures, des figures de haut vol dans le ratatiner-parler. Mais on se ratatine souvent dans le parler sans qu’on puise dans le dire-dit ? tu as raison de parler du dire-dit comme un puits, mais c’est l’inverse du puits de science, c’est le puits du sens inversé, mais ce n’est pas l’aversion au sens, ma version serait plutôt que le sens s’annule et se redit constamment, il a toujours une carte à jouer, mais pour le ratatinement effectivement nous passons notre temps à ratatiner la vie sans avoir besoin du dire-dit, ou en faisant mine de ne pas en avoir besoin, car si on fait dans le ratatiner du dire-dit alors là il faut faire de la gonflette et pas caqueter à tort et à travers, en même temps c’est bien de caqueter dans son bazar personnel, je n’ai rien contre les gens qui bazardent leur personne dans un certain caquètement, c’est le caquètement généralisé que je mets en cause, le caquètement mondialisé, la bête noire c’est ça, c’est l’aplanissement et non le ratatinement, ça n’a rien à voir, face à l’aplanissement du parler pour plus de vrai, car l’aplanissement c’est pour que le plus-de-soi parle, et qu’il parle en disant parler vrai, c’est pour ça qu’il faut aplanir, alors que c’est le non-vrai qui vient coller sa bouche au parler, le non vrai finit toujours par venir coller sa science au parler et alors ça c’est intéressant. Pourquoi c’est intéressant ? parce que le non vrai est une forme de vrai poussé dans ses derniers retranchements. Mais j’ai l’impression d’avoir loupé un truc dans tout ce que je disais, le truc du dire-dit qui pousse. C’est ça que je voulais dire quand j’ai parlé de faire de la gonflette. Je voulais dire qu’il fallait gonfler le dire-dit, le faire doubler de volume, non pour qu’il ratatine tout le parler, si ça ratatine tout le parler du monde tant mieux mais c’est impossible, et impossible n’est pas français, donc si l’impossible n’est pas français autant ne pas en parler, du coup il faut gonfler son dire-dit du double pour simplement qu’il commence à ressembler à quelque chose, c’est-à-dire qu’on commence seulement à l’entendre, sinon le dire-dit sans gonflette n’est pas audible, tout le monde à son dire-dit pas gonglé, car on n’ose pas faire la gonflette au dire-dit, et pourquoi qu’on n’ose pas ? on n’ose pas parce que déjà même dans la rue on dit-dit que les murs nous écoutent, les murs on des oreilles et ces oreilles nous écoutent, même où y aurait pas de mur on serait écouté par des murs, en tout cas c’est ce qu’on prétend, c’est pour ça que les gens causent de traviole, quand ils causent de traviole c’est pour laisser un peu s’échapper de dire-dit dans la nature, c’est pour rigoler au naturel, quand ils commencent à délirer, c’est qu’ils veulent tendre une perche au naturel, mais le naturel ne s’attrape pas comme ça, car il ne cause pas le naturel, même si on dit qu’il revient au galop, le naturel revient avec ses grosses pattes mais nous ne savons pas pour autant le dresser, c’est quoi le naturel ? le naturel c’est quand on pense que tout coule de source, le naturel c’est qu’on croit que pour s’aimer il faut tout aimer, alors que si on aime tout on ne s’aime plus, il faut pas tout aimer, il faudrait même rien aimer du tout si on veut un tantinet s’aimer, c’est ce que font d’ailleurs les humains, les humains ils disent que ça s’aime, ça s’aime au naturel, au cent pour cent naturel ça s’aime dans l’humain, alors que c’est pas vrai, les humains parlent tout le temps du naturel pour mieux ne pas l’aimer, et ils parlent de l’amour au naturel mais ils font le constat la vie durant que pour mieux s’aimer, pour s’aimer plus, pour s’aimer plus que plus, il faut envoyer bouler l’amour, plus on aime et plus on s’aime moins, moins c’est l’amour en moi, et si je veux m’aimer faut que j’envoie bouler tout le naturel ? non, si tu veux aimer faut envoyer bouler l’amour, pas le naturel, la nature n’a d’ailleurs rien demandé et à elle on lui offre que de la haine, on n’a que ça à offrir, car on croit trop en l’amour, plus on croit en l’amour et plus on offre de la haine, c’est la logique de l’offre et de la demande, c’est ainsi, nous n’y pouvons rien, ou alors nous pouvons le chanter, nous pouvons chanter l’offre d’amour et la demande de naturel, et vice et versa, nous pouvons tout chanter à tue tête au moins ça évite de se perturber avec l’amour et la haine au naturel, il n’y a pas d’amour et de haine d’ailleurs, c’est une invention, tout ça c’est l’invention du gros boudin du parler qui mondialise les têtes,il mondialise et monopolise, on peut aussi dire, ou dit-dire qu’il démondialise à tue-tête, car c’est lui qui finit par prendre la parole, c’est lui qui fait dans le gros du dire, car le monde est démon aussi, le monde démode et monétise, mais c’est n’est pas grave, pourquoi c’est pas grave un monde immonde qui monnaye la vie comme un démon ? parce que la vie ne demande que ça, la vie gonfle sous nos pattes, et ce sont des pattes de crapaud, le crapaud gonfle en nous, c’est normal, il y avait beaucoup de jeunes autour du capitaine fendu, le capitaine fendu aime bien la jeunesse, en fait il aime l’amour, malgré ce qu’il dit il aime que ça, mais il se méfie du défi jeune, le défit jeune est une méfiance à tout égard, le défi de la jeunesse, pourquoi faut-il défier la jeunesse qui se défile se demande le capitaine fendu ? parce qu’après on s’encroute la tête, on a le cerveau tout plein de croute si on prend pas un bain de jouvance, c’est-à-dire un bain tout électrifié et rempli de doutes, on se baigne dans le doute profond et dans l’instabilité électrique, on s’enfonce dans la vie brouillonne, on nage en contradicteur de la contradiction, le capitaine fendu est une sorte de traquenard à lui tout seul, on croit passer une bonne soirée avec le capitaine fendu alors qu’on met incidemment les doigts dans la prise, on se prend un coup de jus avec le capitaine fendu, car le capitaine fendu vous regarde droit dans les yeux et vous démasque, c’est pas pour autant qu’il ne faut pas avancer masqué, il faut se masquer mais pas parce qu’il y a le capitaine fendu, il faut avancer masqué tout simplement pour ne pas être désigné, ne pas se sentir mis au piloris de soi-même, car soi-même est une sorte de piloris, soi-même a une forme de pointe, soi-même est un casque à pointe, et la pointe est rentré dans le crâne, soi-même est une croix et tout ça pour crâner, mais si on veut crâner on ferait mieux de signer que d’une croix, comme dans les films de cowboy dit le capitaine fendu, on ferait mieux de signer d’une croix que d’apposer son nom à l’art, à tout l’art j’appose mon nom, c’est la pire des erreurs ! il n’aurait jamais fallu avancer de nom, il ne faut avancer que des masques. C’est-à-dire collectivement avancer en bête, une bête à plusieurs noms, elle a des petits noms et des grands noms, elle a toute sorte de définition à sortir, elle a tout ça en réserve la bête, elle a un réservoir à caractère, demander-lui telle emprunte elle pourra vous la fournir, mais derrière tout un tas d’autres qui attendent, car ce sont des empruntes de meute, c’est une meute de noms la bête, elle n’est pas empruntée, elle empreinte tous les chemins du possible et elle fonce vers ailleurs, elle s’enfonce dans le temps la bête noire, c’est une armée, un grouillement de petits parlers, de petits dires qui s’envolent, de petits ratatinements personnels, de petits rire, l’armée noire est un rire qui grouille, un rire de gargouille l’armée noire, un tube à mille goulot, une gargotte où ça ploie sous le faire, car le faire c’est ça qui nous anime, on n’est animé que dans le faire, et pas dans l’attente, l’attente spectaculaire, l’attente culturelle et spectaculaire, tout le monde a du boulot, tout qui bosse et tout le temps, tout qui grouille et fonce dans l’époque tête baissée sans se lamenter du spectacle offert, quand je m’offre à mon amour, c’est-à-dire quand je m’offre à la bête moi je ne me lamente pas, personne se lamente quand ça bosse de toute part, nous ne faisons que nous croiser, nous croisons les moi qui bossent tout autour de nous, quand ça marche dans la rue ça bosse, quand ça croise ceux qui marchent et qui pensent, nous aussi on pense, on pense et on chante invariablement, tout ça qui chante et qui en jouit, nous passons notre vie à jouir.
joue-ire avec sa traduction "rejoice red"

rejoice red

ginger joy me
roll where me
lie laugh joy
roll where me
day where read
swell joule me
re-me re-lie dis-
own me me
laugh gasp me-iri
descent ire
ginger me street
lie day me
roar me
rage st-
orm age game
laugh me roam where
me dock soul
me-soul
me-soul r-
ed slab me
me replay me
me add me hy-
mn and me nay
and lead them
better me have
where me have sw-
ell two r-
ed me blush
register re-
joy me there yes
me roam me toy
toyed me- ing yes
me ti-ime me
me gene me've
gene me a-
ct me jo-
oy yes me'me
joying yes re-
joice red or
yes me yes me
blush me play
me want me yes
all ears m've
joyce me want to me
red is lie joy-
ing me toy yes me
am all e-
ars me'me joyc-
ing aim joy r-
ed hear all

in red me'me
joy-ing

me rejoic-ing

me would like to rejoi-ce

more and more still

more juic-ing
me juic-ing

me

me

me

me would like to juice,
me would like to spend my life juic-ing,
our whole lives are plea-sure joy-ing, we
spend our lives
juicing, juicing me'm juic-ing, yes, me
am all ears, and me want to jui-ce
yet again, jui-ce yet m-
ore, how to joy still m-
ore, than pleasure, the dai-
ly pleasure, for all
day me've juic-ed, every ex-
cuse is good for plea-
sure, like flour 
to a mill, me want to jui-ce still m-
ore, me want to fill the m-
ill with plea-
sure, me say yes, me hear yes, me say me
yes, me am all ears, me'm juic-ing
with my mouth, look! look!
my mouth is full, of juice,
it comes inside, it's as f-
ull, as an egg, as a fr-
uit, which, yes, the fruit yes, of jui-ce,
it trickles down yes, it squ-
irts yes, jui-ce it spr-
eads, and spr-
eads, it juices out of me yes, of me'm juic-ing,
all day long me juice, with my m-
outh, my m-
outh up to date, my date yes, come date yes, look! look! me'm juic-ing, yes me'm juic-ing, yes, yes, me'm juic-ing

 

 

 

 

 

JOUE-IRE

 

joue roux j’y

roule où je

gis joue ris

roule ou j’y

jour où lit

joule houle je

re-je re-gis re

nie je j’y

ris râle i-

rise ire

roux j’y  rue

gis jour je

rugis je

rage ora-

ge âge jeu

ris j’erre où

j’arrime âme

âme-moi

âme-moi rou-

ge hourdis je

me rejoue je

me rajout j’hy-

mne et me ne

et mène eux

mieux j’ai

où j’ai hou-

le deux rou-

ge je rougis

registre re-

jouis j’y oui

j’erre je jou

jou j’ire oui

j’ho-raire je

gène j’ai

gène j’a

gis je jou-

is oui je

jouis oui rou

jouis rouge ou

oui je oui je

rougis je joue

je veux je oui

toute ouïe j’ai

jouis je veux je

rouge est gis jou-

is je joue oui je

suis toute ou-

ïe je jou-

is en joue rou-

ge ouïe toute

en rouge je

jou-is

 

je jou-is

 

je voudrais jou-ir

 

encore plus encore

 

plus de jou-ir

 

je jou-is

 

je

 

je

 

je

 

 

je voudrais jouir,

je voudrais passer ma vie à jou-ir,

toute notre vie est joui-ssance, nous

passons notre vie à

jouir, jouir je jouis, oui, je

suis toute ouïe, et je veux jou-ir

encore, jou-ir encore p-

lus, comment jouir encore p-

lus, que la jouissance, la jouis-

sance quotidienne, car tou-

te la journée je jou-is, tout

est bon pour la jouis-

sance, tout fait fa-

rine au moulin, je veux jou-ir encore p

lus, je veux remplir le mou-

lin de jouis-

sance, je dis oui, je oui, je dis je

oui, je suis toute ouïe, je jou-is

avec ma bouche, regardez ! regardez !

ma bouche est remplie, de jouis,

elle jouit en dedans, c'est p-

lein, comme un oeuf, comme un f-

ruit, qui, oui, le fruit oui, du jou-is,

ça coule oui, ça gi-

cle oui, jou-is ça s'é-

tend, se ré-

pand, ça sort de je oui, de je jou-is,

toute la journée je jou-is, avec ma b-

ouche, ma b-

 

ouche à jour, mon jour oui, jouis jour oui, regardez ! regardez ! je jou-is, oui, je jou-is, oui, oui, je jou-is

LETTRE A J.S.

 Plogoff, le 12 janvier 2001

                      Cher Jacques,

Merci de ton appel. Il tombait à point nommé, comme on dit. Cela m’a fait sortir de la boule l’être qui ne demande qu’à respirer au dehors. J’ai pris mon bain et j’ai écouté l’émission où j’ai eu le plaisir d’entendre Christian. Christian qui expose certaines vérités. Je sais qu’il a raison et ma guérison serait de répondre, non pas forcément en établissant des liens généalogiques mais en parlant de la difficulté d’être, d’être soi et de parcourir la langue comme un perdu, un sans langue devant se déchiffrer, déchiffrer l’autre pour se voir renaître.

Je trouve que nous sommes trop techniciens, alors que notre problème est ailleurs, nous parlons de la langue sans faire le véritable parcours de l’homme muet qui veut naître. Nous ne parlons pas assez de la notion de spectacle. Que nos lectures ne soient pas liées au spectacle, même si nous cédons, une fois ou deux, ou plus, à la demande, même si nous cédons trop souvent à la doucereuse convivialité. Notre affaire est une affaire de crime, un véritable désastre pour soi, un véritable acte de pendaison. Nous devrions prendre tout acte de sortir dans la langue comme un acte suicidaire, comme si nous voulions prendre la voix comme une corde pour se pendre. Nos gentillesses, et c’est bien cela que Christian Prigent récuse, nous perdent. Il ne faut pas être gentil. La peur, seule, est la chose qui nous maintient en vie. La peur comme celle que l’on peut avoir d’être en pays ennemi, sans langue et sans ami pour partager quelque signe que ce soit. La peur d’être réellement offert et de montrer la mort de tout, c’est ça qui montre l’individu qui attend sa naissance dans sa propre maladie à être et à exister démocratiquement parlant.

L’être n’est pas démocratique, s’il veut exister il n’y a pas de société ni de monde qui ne tienne. C’est bien là le drame auquel nous sommes exposés nous qui écrivons. Je sais que tu es parfaitement au courant de ces choses. Nous le sommes tous. Je te dis cela parce que j’ai besoin de l’entendre dire, suite à tout ce qui s’est joint dans ma vie pour que je me taise définitivement. Nos pères, la patrie, Dieu ou la société actuelle veut qu’on se taise et qu’on remplisse le rôle qu’on nous assigne. J’ai vu à quel point j’ai failli sombrer dans l’autre, mais j’ai bien vu l’autre comme mangeur de ma propre force. La force d’être résolument, 1, vivant 1 seul temps, projeté chaque jour à faire table rase. C’est là ma fatigue et lorsque tu m’as appelé j’étais bien au chaud dans mes couvertures, comme livré à mes songes sans pouvoir me sortir vraiment de cet autre, comme envoûté ou possédé. La femme, l’enfant, tout ça c’est en nous, ça nous traverse, et Prigent a encore mille fois raison d’évoquer l’âme, comme les anciens, comme on évoque le réel. La difficulté est seulement à chaque fois d’assister à son propre dessaisissement de soi-même, à sa propre extinction et dépossession pour enfin se revoir, ne serait-ce que 5 minutes, s’atteindre enfin. Oui, c’est comme un crime total, le crime pur. Je ne sais pas encore quoi faire véritablement avec mes pensées qui me retournent, des paroles obsédantes, et qui m’inquiètent, comme si j’étais branché à quelqu’un d’autre, comme si j’attendais son aval pour exister, mais pour exister comme un bout d’organe, un tuyau, un simple outil qui ne sert à rien qu’à battre en l’autre.

Il me faut massacrer l’idée de l’amour. C’est très pernicieux l’amour. Sinon je cours à la catastrophe de moi-même, c’est bien ce qui a fini par arriver et c’est bien ce qu’appelait Rimbaud le grand « COUAC ». Oui, nous sommes bien dissipés et trop faibles, et oui « la vraie vie est absente » et nous ne sommes pas au monde. Quand on dit « le sommeil dans la richesse est impossible » c’est bien de spectacle qu’il s’agit, de joie partagée et d’amour. Et tous les chefs-d’œuvre pourraient nous aider à nous prélasser. Écouter la musique et boire à perdre ses sens, se laisser aller à dormir. Souvent, bien souvent, tout cela me dépasse, trop souvent, comme une nourriture qui gonfle la tête et nous empêche de penser, de se penser.

Nous ne pouvons pas nous contraindre malgré tout, nous sommes inconsolables même face à la pureté, celle-ci ne peut nous rendre éternellement heureux. Toute œuvre recèle son poison. L’enferme. Ce poison on le sent, on se sent empoisonné par la douceur d’être. Mais que puis-je affirmer de nouveau de tout ce qui a déjà été dit, alors que c’est même dans mes rares moments de lucidité que je développe ces malheureux concepts. Même un babouin pourrait dérouler ça dans son esprit d’une meilleure manière que je ne fais ! Que puis-je dire d’autre que ce que Nietzsche a déjà avancé sur la démocratie, sur la notion de but, chère aux humains et aux grands totalitarismes. La notion de guerre, la notion de mal, la notion de vide à être pour être, tout ce qui rend la complexité de notre rapport au monde. Je suis dans le désarroi de celui qui vit et que tout manque. Lui-même se manque, s’attend, s’inquiète. Je suis, comme toi, dans l’inquiétude.

Que puis-je avancer d’autre, que d’être dans de la peau inquiète, d’être et d’attendre quoi. Je peux juste affirmer que dans la société actuelle, comme dans les autres civilisations après tout, on nous interdit la démesure. Il y a tellement d’exemples de demi-mesure. Voilà ce qu’une femme me reproche, aujourd’hui même, et tout ça après s’être plainte de moi de la trop grande maîtrise de soi que lui impose le monde ! C’est du délire ! Je me suis écroulé devant tous et j’ai pleuré toutes les larmes du monde comme un enfant. Comme une petite bête à bon dieu que je suis. Cela reviendra, certes. « Le tour de bonté sera plus long à se reproduire qu’une étoile. » Pas de bonté dans nos écrits, que de la cruauté comme réclamait Artaud. On comprend rarement ce que cela veut dire. On comprend rarement le mot « vérité ». On a parfois des attitudes de journalistes face à cela. Mais est-ce qu’on nous laisse un temps de répit ? Pour ma part, je n’ai jamais eu de répit dans ma vie. Tout concordait pour que je n’embrasse pas la « carrière » des lettres. Comme si on avait placé en moi depuis la naissance un flic, comme s’il me fallait faire flic avec mon être intérieur.

Je m’excuse d’utiliser ces mots « être intérieur ». C’est peut-être débile et déplacé et je devrais être honteux d’avoir à utiliser ces termes. Je suis devant le dégoût de ma propre écriture, devant le dégoût d’avoir à me vendre, pour exister. Je suis marchandable, je ne suis pas disponible sur le marché et actuellement je suis prêt à dénoncer celui qui m’a fait écrire ce que j’ai écrit, et d’avoir cédé, malgré tout, oui, aux sirènes de la gloire imbécile. Je voudrais dénoncer ici la mondanité à laquelle on cède tous, forcément. On est dans les salons, les marchés, les lieux poétiquement corrects et chiants. On devient chiant, à force de se chier dessus. Il faudrait tous qu’on disparaisse un bon coup pour fomenter quelque chose de terrible. Ce ne sont pas des mitrailleuses qu’il nous faut, mais c’est faire front face à l’atonie, celle que nous provoquons aussi avec nos palabres et nos discours pompeux, on cire trop les godasses aux institutions. On est trop gavé, on pense être libre et en réseau alors qu’on est bourré d’aides, de vacances en résidences et nous ne pensons plus réellement, ça tourne rond. C’est bien de cela qu’il s’agit dans « les modernes ». Tous les mots de théorie vieille pourtant (l’écriture se doit d’être…) me désolent. C’est comme mendier en faisant croire qu’on se révolte. Mais il y a dans ces démarches comme une volonté d’enfoncer un couteau dans le ventre mou de notre époque, avec ses pensées mortifères de techniciens en mal de véritable outil pour attaquer. J’en ai soupé des technologues comme Roche Denis dénonçait les logiciens. On n’est plus rempli que de ça alors qu’il nous faudrait gueuler ou rendre le débile de l’existence dix fois plus débile.

Nous sommes des débiles et le formalisme et la technique et la technologie ne doivent pas complètement nous recouvrir de merde. Ça ne sert que les salons ou les bons mots et les rires friands circulent. On n’a toujours rien à voir avec cette poésie-là, tu le sais, on le sait tous, et aujourd’hui tout le monde pourrait rire de ce que je dis, que c’est désuet, etc. Je veux bien utiliser tout ce qui se présente, entendons-nous là-dessus. La télé m’intéresse au plus haut point, tu le sais, et je peux utiliser ces médiums bien sûr, mais pour montrer bien plus que mon petit trou du cul d’être dans sa vie de trou du cul verrouillée de l’intérieur. Nous avons maintenant à nous dépoussiérer encore et encore, à arrêter de dire le mot langue ou réel à tort et à travers. Moi je ne sais rien du réel et de la langue, je ne sais rien de moi, je ne sais rien des morts, je ne sais rien de tous ces mots qui nous pourrissent, comme des enfants gâtés d’avant-gardisme. On en crève des avant-gardes, Jacques. Ils nous ont fait crevé avant qu’on naisse, qu’on naisse avec sa propre naissance comme sa propre maladie. Oui, on a tous un goût amer dans la bouche et on préfère se taire. Il faut vraiment montrer notre bêtise. J’ai dit moi-même qu’on était entre copains et qu’on faisait des trucs, pour me débarrasser, pour faire le guignol. Et c’est ça que Christian Prigent a raison de dénoncer. De dénoncer nos petits trafics qui tournent en rond, en toute convivialité. Seulement j’ai failli avaler une grosse gorgée de bouillon, la grosse soupe que moi-même je m’étais préparée. J’ai faim. On a tous faim d’autre chose, on voudrait tous se casser la gueule, se défenestrer, se pendre vraiment mais on laisse faire, on cultive son petit jardin d’écriture bizarroïde, on se comprend plus du moins mutuellement, on se respecte parce que le monde est pareil pour nous tous.

Oui, c’est bien les anthologies, tout ça, mais je ne suis pas fondamentalement d’accord avec tout et il faudrait vraiment faire la guerre à cela et être contre la demi-mesure qui nous lie trop au monde dans lequel on est. Je sais que tu sais cela de long en large et que toi aussi ça te reste dans la gueule et que ça te provoque des insomnies terribles, je sais que comme moi ta gentillesse couve une inquiétude véritable. Pourquoi ne pas provoquer plus, alors, cet abrutissement qui nous fait résolument nous taire ?

Je suis fatigué, fatigué des lectures et du public et des applaudissements, fatigué des lieux sereins, comment veux-tu improviser en lieu serein et propre alors que c’est dans une boucherie que je suis provoqué, que c’est la vie sociale et ses petits tracas d’existence qui me révoltent et m’abattent plus souvent encore ? Si j’écris sur la télé, c’est à cause du silence de la télé, à cause des écrans que nous proposent la vie actuelle, nous sommes face à des écrans et nous causons, communiquons, sans réellement parler et sans réellement écouter et sans réellement se taire. Pourquoi on ne dit pas plus souvent que notre poésie est prolétaire et pauvre et que nous ne sommes que des chiens encravatés pour la circonstance mais que les lieux publics nous sont interdits, parce que nous ne sommes que des élémentaires, nous ne voyons que l’élémentaire et que tout le reste n’est qu’invention et confort. Rien n’est neuf, certes, là dedans mais il faut qu’on voit ça avec des yeux neufs, des yeux et une bouche pour maintenant.

Bien à toi cher Jacques.

 

Charles.