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Charles Pennequin - des murs, quelques poteaux et un trou dans l'eau

Livre qui paraît chez Al Dante ce mois-ci. 

Textes écrits autour du bâtiment administratif de l'écluse de Kembs / Niffer

Architectes : Georges Heintz & Anne-Sophie Kehr

A commander directement sur le site Al Dante

Editions Al Dante

6, rue Saint Sylvestre
13005 Marseille
+33 (0)9 75 43 58 05

http://www.al-dante.org/index.php

 

 

laurent m’avait dit, pour un manifesten poétique, c’est l’idéal, sauf pour les erroristes, ça manque un peu de caméra de surveillance, mais si y a que ça je vous emmènerai bouffer une tarte flambée à mulhouse, au moins là-bas on en trouvera à la pelle des caméras, alors qu’ici c’est la pleine campagne, avec une belle écluse et ce superbe bâtiment que j’avais cherché sur wikipedia, pas moyen de savoir, on ne parle que d’un bâtiment administratif datant de 1961 à côté de l’écluse et qui serait aussi de le corbusier, il n’est jamais question de cet autre architecte dans wikipédia, heintz, georges heintz, je l’ai même cherché sur facebook, il y est pas, sauf une page qui lui est dédiée : « pour que georges heintz se mette sur facebook qu'on puisse devenir ses fans ». c’est même écrit juste en dessous : « pourquoi nous ne pourrions pas cliquer sur "devenir fan" en cherchant georges heintz??? et d'ailleurs pourquoi n'y a-t-il pas de georges heintz sur facebook ??? ». on le voit en photo avec ses lunettes noires, il fait plutôt rock’n’roll, je le vois aussi en photo avec anne-sophie kehr, il a l’air de travailler souvent avec elle, ils font très rock’n’roll les deux, laurent me dit qu’il va venir pour le premier jour de ma résidence ici, avec ricciotti, en tout cas ce qu’ils ont fabriqué est plutôt réussi, c’est beau sans être une architecture à l’épate, cependant c’est pas très pratique pour les performances poétiques, surtout si tout kembs et niffer se pointe, il va falloir assurer des roulements avec cécile richard et édith azam, mais un peu comme dans la caravane des poètes au triangle, fallait lire plusieurs fois de suite pour que tout le monde puisse assister à une lecture, du coup stéphane nowak lui il va devoir ramener plusieurs tomes de saussure s’il veut assurer, vu qu’il a prévu de découper au hachoir son saussure, quant à moi j’ai qu’un rouleau de papier, je vais le dérouler depuis l’écluse et puis rentrer dans le bâtiment tout en écrivant, ou sinon je fais un coup de mégaphone pour faire venir les gens, allez allez, on y va, on se révolte, tout ça dit comme quand maman réveille ses petits, allez allez, c’est l’heure de se révolter, on y va, on n’attend pas les autres, il est super lumineux à l’intérieur le bâtiment, c’est à cause des vitres, cécile elle connaît bien, elle était dans l’architecture avant, dès qu’on est arrivé cet après midi elle m’a dit, tu as vu ces ombres portées, avec tous ces trous dans les panneaux ? et à l’intérieur on dirait que la nature est décuplée, j’adore les espaces lumineux comme ça, au début moi je me croyais au palais des glaces à cambrai je lui dis, en plein quinze août, le palais des glaces ? c’est à versailles, non ? ouais, mais à cambrai le palais des glaces c’est pendant la ducasse, c’est un labyrinthe avec que des vitres, mais t’as vu ces panneaux avec l’ombre portée qui viennent dessus, ça vient du toit toutes ces stries, de loin je croyais que c’était du bois, en fait on dirait des claustras, des claustras ? ouais, je crois que c’est comme ça qu’on dit, c’est des panneaux perforés, ici c’est de l’acier comme rouillé avec des trous, moi ça me fait penser aux moucharabiehs, tu sais à l’institut du monde arabe ? ah bon ? jean nouvel il a utilisé la technique du moucharabieh, les parois elles s’ouvraient selon la lumière, ah ouais ? ouais, à l’institut du monde arabe il a fait ça jean nouvel, et là c’est pareil avec les p’tits trous, tu peux voir dehors sans être vu, et du coup de l’extérieur on voit pas toute cette lumière grâce au puits de lumière, et ça reflète sur toutes ces parois de verre là, ça fait des espaces modulables en verre, la lumière rentre de partout, c’est beau, et t’as vu le plafond on voit encore les marques du coffrage, ça fait penser à l’émission qu’on a vu l’autre jour, laquelle d’émission ? à la télé sur une église faite en béton armée, perret qu’il s’appelait l’architecte, ah ouais, comme benjamin péret, mais lui je sais plus son prénom, tout en béton le coffrage de l’église, tandis que là c’est béton, verre et acier, et puis c’est tout plat, ça suit l’horizontalité du canal, ouais carrément, moi ça me fait penser avec juste ce petit niveau au-dessus du bâtiment à un bateau, ben à une péniche quoi, oui sans doute, c’est comme une péniche, et la lumière avec tous ces reflets ça fait un peu penser à l’eau

l'émotion

 la vie nous réserve de ces surprises, prenez par exemple tous ces charniers de corps qui ont été traînés jusqu’ici, jusqu’à notre lit et ainsi à travers les siècles, tous ces siècles où l’on a massacré autant de peuple qu’il n’en faut pour arroser des continents entiers, et ça en un rien de temps, c’est la vie et ses surprises du temps, la vie surprenante, la vie sans cesse renouvelée et pour cela il a fallu saigner plus d’une vierge, pour cela il a fallu égorger bien des doux agneaux devant le temple pour que continue la bonne vie et la bonne chère, la bonne et chère vie et la circulation des idées, il a fallu bien envahir et bien tuer des peuples dans leur entièreté, bien soumettre à l’idée pour que jaillisse enfin la vie pleine, je vous le dis, en ce temps-là j’étais roi et je détenais toute l’âme de mon peuple, en ce temps-là je me disais déjà qu’il fallait en noyer plus d’un ingénu sous une avalanche d’huile brûlante pour que jaillisse enfin les rayons blancs de la vérité, car la vérité ne nous était pas dévolue, il faut à chaque fois découvrir la vérité sous son linceul, à chaque instant la vérité se couvre de son linceul, et nous nous couvrons aussi, nous ne voulons pas aller de l’avant dans l’idée, alors que l’idée nous donne ce feu par lequel nous existons et c’est comme ça qu’il nous faut partager la vie réelle à tous nos innocents contemporains, coûte que coûte le pauvre contemporain obéira à notre seule idée rayonnante, comme un rayon tout blanc la vérité et qui le frappera furieusement, nous ferons ployer toutes les existences et nous noierons tous les peuples insoumis à l’idée, car c’est l’idée seule qui a fabriqué cette existence pleine de plis et que nous avons une bonne fois décidé de faire la lumière dessus, dépliant un à un les écheveaux qui nous empêchent de réaliser la vie, la réalisation de la vie passera par la mort de tous. 

 

 

les enfants voient le ciel depuis la charrue

ils se prennent pour des vipères

ils mettent des branches sur le front

et sautent depuis les blockaus

ils se font tomber par les cousins

les vilains cousins tout gras et tout cons

ils sont trop cons les cousins quand ils deviennent grand

du coup ils mourront avant nous

les enfants se ruent dans les charrues

puis ils vont dans des trous d'usine

ils vont là et passent dans des tuyaux

c'est des tuyaux gros pour aller dans de grosses et sales usines

les gras et grands et gros enfants dans les toutes grises usines

ils y vont avec une fille

ils veulent déshabiller la fille

ils disent qu'il y a des ouvriers qui nous regardent

les ouvriers sont en bas ils ont des caméras

et ils regardent si on n'a rien caché

si on n'a rien on pourra sortir

il faut que la fille enlève sa culotte devant la caméra des ouvriers

il faut qu'elle jette sa culotte à travers les étages

et qu'elle frotte son sexe sur la poutre

pour bien montrer qu'elle rien

comme ça les ouvriers les laissera s'en aller

il y a comme ça des ouvriers d'usine plein les rues et qui regardent

tous les ouvriers qui ont des jambes de bois sur des mobylettes bleues

et sur les mobylettes aussi des gros gras gris et grands chats

des chats tout gros qu'on lance depuis des fenêtres avec des culottes sales de fille

les filles ont les culottes très sales

c'est comme les roues des ouvriers

les roues qui roulent dans les voyettes pleine de pisse

ça sent la pisse plein la voyette à chaque fois qu'on passe disent les enfants

les enfants chapardent

les enfants se révolent contre les ouvriers

ils achètent plein de pétard au café bédu et après ils viennent à la salle des fêtes

les ouvriers montent dans les bus

tous les villages sont remplis d'ouvriers et d'usines

les enfants se cachent dans les charrues

ils caressent les vaches

il les cognent

ils se vont jusqu'au deux arbres et se font poursuivre par un taureau

ils se cachent sous un arbre

ils se cachent dans les nouveaux lotissements

dans les nouvelles maisons en construction

là aussi les ouvriers farfouillent

ils cherchent si on n'a pas caché des armes

la fille dans la nouvelle maison doit encore se déshabiller

elle doit se mettre à poil pour montrer aux ouvriers qu'elle a rien

après ils nous laisseront tranquille

pour le moment tu dois enlever ta culottre et frotter ton sexe sur le parpaing

après ils verront qu'on n'a rien caché

et ils nous laisseront la vie sauve.

le sentiment

 le sentiment, le bon senti, la mentirie, la mentirie de ce que l’on sent en dedans, tout le mensonge bien senti et bien développé de sa personne, sa petite personne qui glisse dans les événements, les événements ne provoquent aucun sentiment, c’est l’image de la petite personne glissante, la personne pimpante de senti et de mentirie, la mentirie des images pleines et senties, comment je me sens mieux qu’en glissant dans le sommeil des événements, car les événements nous font dormir, il n’y a pas un événement qui agit sur notre conscience, car notre conscience est le lieu même de notre évanouissement dans les sentiments, c’est le sentiment qui est bon, il n’y a pas à reculer dans le sentiment, c’est comme s’enfoncer dans de la matière pour être pleinement reçu par soi, mais soi n’a pas d’odeur, c’est comme l’argent, l’argent c’est lui qui fabrique tous les sentiments et les bons événements où s’y promener consciemment, conscient et senti et ment, les gens se déplacent à l’intérieur d’une musique d’événements et se remplissent les poches comme ils peuvent, il faudrait plus de poches à événements, il faudrait plus se remplir les fouilles en ce moment c’est-à-dire glisser et rêver et se laisser à la mentirie des sentiments et des passions, il n’y aurait jamais dû y avoir ce mot, le mot passion n’aurait jamais dû passer à ce moment-là. pourquoi le mot passion est passé par-là. je n’y peux rien, j’ai cru que je parlais de sentiment dans l’événement, j’ai cru me remplir les fouilles argent comptant, espèce sonnante et trébuchante et me voilà bloqué sur la passion, comme si je franchissais une crête, il faut que j’aille de l’autre côté maintenant. maintenant je m’engage à la perte de tout ce qui a fait mon personnage rempli de choses qui ne lui correspondent pas tout à fait, c’est quand il est fatigué qu’il se des-implique ainsi de la passion et des choses qui l’eurent et l’usure même du temps et les choses qui fatiguent amplement son petit carré personnel, car en fait il s’agit bien d’un carré, de quelque chose de concret, et la chose concrète c’est qu’il ne suffit pas de se mettre en quatre mais de se mettre à baiser, là, devant vous, pour vous prouver tout le contraire de ce qui a été avancé jusqu’ici, oui une bonne et vraie mouvante baise bien ragoutante avec des personnages qui en ont gros sur la patate d’avoir pu vivre ainsi dans les voyages et les heurts de l’existence alors que l’existence n’est qu’un boudin où il faut forcer le passage, c’est-à-dire rentrer à coup de bélier dedans, forcer la bête à se mouvoir et agiter ainsi les chiffons rouge de la vie en dedans, les chiffons et les petits trucs en plis sexuels, les petites pliures qui n’ont rien à nous offrir que leurs petits trucs, c’est pourtant avec toutes ces trucages que nous nous sommes pliés et que ça à chauffé ainsi notre petit coeur précisément, c’est exactement à cet endroit, à l’endroit du petit cœur, lorsque j’ai appelé cette petite poulette qui avait des gros bras et des cuisses d’homme du sud, effectivement je ne me doutais pas que j’allais rencontrer ma poulette du sud à l’intérieur même de mon passé, car c’est là que je la voie le mieux ma poulette du sud, qui est-elle sinon le produit édulcoré de quelqu’un de très proche dont je tairais pour l’instant le nom pour les besoins de la production, la production de la science, sinon je vais dire qu’il s’agit d’une belle petite poulette sur un vélille et qui voyage dans la forêt pour se faire déflorer, il suffit de dire ça et déjà la théorie de nous-ne-baiserons-pas-ensemble, ou alors jamais qu’un œil borgne, est déjà révolue, il suffit de s’avouer un peu à soi-même que toute exploration temporelle croise des choses inavouables que n’importe quel artiste même le plus avenant, le plus plié dans ses questions, ses obsessions, ne veut même pas connaître, et c’est pourtant ainsi que tout a commencé. (fin du premier chapitre) 

 tout ce qui est extérieur à la parole se dit dans la voix, toute la voix reproduit tous les gestes et les choses qu’on fabrique en dehors de la bouche et pourtant tout dans la bouche est ce qui est fait dehors, en dehors de tout mot il y a la voix car la voix dit tout ce qui pourrait être fait dans l’espace mais là il faut le reproduire dans la voix et la voix exprime à elle seule ce qui a été acté dans toutes les vies, tous les actes sont reproduits dans une seule phrase, nous sommes des professionnels ne reproduisez pas ça chez vous.

la jeunesse est pombante. pourquoi tant de plomb ? à qui est destiné tout ce plomb. la jeunesse nous plombe, c’est dans la bouche, c’est notre pain, il s’enfourne, la jeunesse est lourde et pleine, tout tient dans la bouche, c’est lourd, c’est du plomb, la jeunesse embraye, la jeunesse plombe, oui, on l’a déjà dit, oui, mais l’amour on n’en a jamais autant parlé la bouche pleine, et c’est bien de cela qu’il s’agit en vérité, en vérité il s’agit même plutôt d’un petit chien qui nous suit sans cesse, on a beau quitter la place à une heure tardive, le voilà qu’il rapplique illico ce petit chien, comme j’ai aimé ce petit clébart à la voix qui tremblotait entre deux rames de métro, je le vois encore me supplier avec ses beaux petits yeux de le prendre, mais de la merde, qu’il aille aboyer son mal être ailleurs, les gens sont dans un de ces mal être qu’il faudrait tous les nicher dans notre vie, leur trouver une raison d’être, ce sont des petits chiens rien d’autres, il ne font qu’aboyer de l’amour à tour de manivelle, mais nous ne voulons plus des animaux en laisse, nous voulons des animaux anti-chien, nous voulons des meutes et c’est pour cela que nous voulons embrasser tout ce qui se présente à nous, même si c’est notre image, tout tourne autour de notre image, nous ne pouvons faire un pas sans se retrouver face à cette glace où nous stationnons, faisant le beau, nous faisons toujours le beau face à nous-mêmes, quand est-ce que tu viendras me donner la petite papate à son mémaître ? jamais de mémaîtres, que des poils rèches et drus, que de la carne de chien errant et même pas de chiens, que de l’errance à poil, dans la forêt de soignes. va donc un peu te faire soigner à soignes avec tes amis de la branche des joyeux drilles. 

le moi-mot, la révolution et les petits culs

 nous n'avons pas assez de mots pour traiter la vie. il faudrait la traiter en permanence. comment je retraite la vie. je n'ai pas tous les mots. les mots ne sont d'ailleurs pas les miens. je n'ai jamais eu de quoi bien traiter la vie avec les mots. tous les mots m'ont manqué au moment opportun. jamais je n'apparais au moment où il faut dans mes mots. car déjà ils ne sont pas de moi et moi je ne suis pas non plus dans la vie vraiment. car je ne suis pas dans un moi. ou dans un mot. ou alors c'est un moi-mot enfoncé au dernier degré. entassé dans la vie qui est pleine de mots-à-moi. les mots-à-moi qui ne traitent de rien. les mots-à-moi qui n'ont guère de vie et qui nous remplissent à chaque moment pour nous faire croire en la pensée mienne. que la pensée mienne sauvera la vie à moi. alors qu'il ne faut pas penser la vie de moi et avoir la pensée sauve. il faut juste la traire. trayons la pensée-sauve dans la vie mienne de ses mots et voyons si le liquide est encore imbuvable. si l'on ne peut y boire c'est qu'il n'y a pas de vie à moi dans cette vie-là. car la vie mienne a trop abusé de mots. les mots sont trop gros. ils enflent. ils ont été pensés. les mots ont été chargés pour nous faire croire en la vie de moi. on nous a chargé de croyances pures et de pensées éclairées. alors que les phrases devaient tordre l'émotion. l'émotion en parole de quelqu'un qui vient de moi pour se faire traiter plus bas que terre par lui. tout ce qui a fait jusqu'ici sa vie à lui. tout ce qui l'a rempli et qui maintenant lui crache à la figure. la parole avance toujours masquée.

 

 

de toute façon nous sommes seuls, définitivement seuls, rien ne peut venir nous la chauffer, la place est la place d'un qui est seul, qui est nu et a froid, c'est-à-dire que même si l'on nous la chauffe en nous disant d'éviter de nous révolter et que nous pensions d'ailleurs que la révolte n'est que dans le cri, même si nous pensons le cri ou si nous pensons la parole comme un cri dans l'espace, ou si nous pensons le geste ou la pensée comme l'ultime révolution, nous aurons tort. les vrais révolutionnaires sont seuls et haïs d'eux-mêmes. alors, seuls on nous fera croire qu'il y a les autres qui suivent aussi le même enseignement, que tous ont été retenus à ne pas partir en vrille hors d'eux-mêmes, c'est-à-dire de cet enseignement qui serait la vraie révolution et dans le meilleur des cas nous ferons taire la révolution par le chacun pour soi révolutionnaire, et si nous ne nous taisons pas nous serons seuls aussi, nous serons tous des ennemis farouches à la solitude, alors enfermés dans nos principes ou contre tous les principes et même les nôtres, ceux qui nous soutiennent et qui, au fond, ne nous soutiennent pas, car ils ne se soutiennent pas par eux-mêmes, personne n'est soutenu en principe dans sa place, personne n'a de place dans son soutien principal à lui-même, tout le monde est vendu à la probabilité de l'autre, rien n'est plus probable, car non-improbable, nous croyons trop en l'improbabilité, trop de chaudes larmes sont versées sur le sujet trop voyant de l'improbable alors que devant nous s'affiche le paysage qui illustre nos mots et nos mots qui sortent viennent de cet air, l'air qui agite cette image et qui n'a jamais probablement appartenu à quiconque et donc à n’importe quel révolutionnaire sur une quelconque place.

 

 

toi t'aimes bien les bons petits culs, t'aimes bien ça voir les petits culs tout bons, t'aimes bien voir un bon petit cul passer, un bon petit cul papoter ou passer, hein ouais t'aimes bien voir ça, le bon petit cul qui demande pas son reste et passe, qui passe et qui rapasse, mais le bon petit cul ne demande pas mieux de rester, le cul petit tout bon qui demande pas son reste mais reste tout de même, t'aimes bien ça hein, t'aimes bien que le petit cul tout bon reste sur place, pour ça t'aimes bien que ça t'écoute un bon petit tout cul, que ça se tende bien de par le cul le petit cul tout bon, que cul tendu te soit tout ouï, qu'il soit tout oui le tout bon petit cul tout ouï, qu'un petit tout bon cul comme ça c'est bon pour n'être qu'un petit cul après tout, pourquoi ce n'est pas qu'un tout bon petit cul qui passe et qui rebondit quand on l'appelle, quand on le retient pour qu'il fasse un gros oui le tout petit bon cul tout ouï à toi, car c'est à toi qu'il est le petit bon tout cul n'est-ce pas, et ça t'aimes bien, t'aimes bien avoir ton tout bon petit cul et qu'il te dise que oui, que ça dise oui à tout, à tout bout de champ le tout bon cul petit qui passe et qui rebondit, c'est ça que t'aimes au fond, au fond du fond t'aimes bien les tout bons petits culs qui passent, qui passent et qui rapassent, les bons petits tout culs qui ne restent pas en place

 

(à l'apportage)

 

pourquoi les générations ont apporté quelque chose. pourquoi faut-il toujours qu’il y ait quelque chose qui apporte aux suivantes. pourquoi toutes les générations s’apportent ainsi. pourquoi nous, dans la génération, avons eu la volonté d’apporter. nous avons sans doute eu vent qu’il fallait une apportation. nous avons sans doute su par quelqu’un, peut-être la génération suivante, qu’il fallait coûte que coûte apporter. pourquoi apporter. car après avoir apporter il faut laisser l’apport là où il est, pour ceux qui viennent et qui apporteront. chacun apporte après ce qui a été apporté et cela fait une masse d’apportation. des apports apportés sans cesse et qu’on a fini par appeler les apportations. d’ailleurs, on ne voit pas pourquoi il ne faudrait pas ne pas apporter. certains y ont sans doute pensé. certains n’ont peut-être rien apporté. ils se sont servi de tous les apports d’apportation qui faisaient déjà des tas bien devant leurs yeux tout grands ouverts. leurs yeux étaient déjà comblés, il n’y avait donc rien à faire et puis pourquoi apporter et encore apporter pour ensuite désapporter. car c’est ça que nous faisons. le but final ne serait-il pas de désapporter plutôt que d’alimenter les apportations en apportant encore. car bien souvent ceux qui apportent finissent par désapporter. et c’est pour ça qu’il faut s’interroger sur la notion d’apporter en génération. les générations s’apportent et se désapportent. quel est l’intérêt. on aurait mieux fait de ne rien faire. ne pas apporter aurait finalement permis d’éviter la désapportation. car la désapportation, c’est ce qui se pratique le plus finalement. les générations n’ont finalement rien apportées aux suivantes et les suivantes n’ont rien apportées aux précédentes. toutes les générations d’apporteurs ce sont finalement copieusement désapportées. voilà le bilan que nous pouvons faire pour les générations à l’apportage. c’est le bilan de la désapportation. rien n’a été apporté qu’il a fallut de suite le retirer du bilan d’une quelconque génération d’apporteur. rien n’a été donné que finalement il a fallu le reprendre. ce n’est même pas ça. il n’y a pas eu de retrait, de retirement ni de reprisure, il n’y a eu que des apportations qui se sont mal apportées et qui donc sont devenues de vraies désapportation. c’est pour cela que nous ne nous sommes rien apporté, car nous nous sommes bien désapporté. nous n’avons finalement fait que du désapportage à tout crin.