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Fanny Blondel - PREMIER AMOUR / DISCOURS D’UN SINGE DEVANT UNE ACADEMIE

 J’étais sa créature à l’ombre d’une sauvage qui le terrorisait.

Il trouvait de la laideur en moi et il me le disait

Et ça me repoussait.

Et alors je devais attendre qu’il me dise de revenir et je devais revenir.

Il aimait mon cul par-dessus tout.

Je me disais parfois, bien au fond, de mon silence, que j’aurais aimé être lui, non, être sa bite, être son corps, sentir ce qu’il sentait, ce que son corps pouvait sentir, de sa bite, à son cerveau, et toutes les diffusions et toutes les sensations de toucher, de peau de frottement de caresse, du tissus si doux de sa bite au contact des parois étroites, musclées, serrées de mon cul et respiration ouverture aspiration avalement, du grand trou noir ensuite, doux, mystérieux en son contour, chaud, souple, velours, l’origine du monde. Tout ce que je savais de mon cul c’est dans le sien que je l’avais appris avec application.

 

J’aurais aimé sentir ce que sentait sa bite, être prise, comme prisonnière de sa bite, prise dans son étau, turgescente il disait ce mot-là, gonflée et tenue à la fois, de cette forme de fermeté qui n’existe que dans une bite qui bande fort, et aussi quand ça se relâche quand ça ramollit et que ça remonte quand ça revient ainsi me sentir et ainsi dans sa bite, faisant corps avec elle : prendre mon cul, y rentrer, le pénétrer, l’ouvrir, Ah j’aurais tout donner pour vivre ça, et qu’alors j’aurais pu m’aimer et qu’alors j’aurais pu comprendre et qu’alors j’aurais pu jouir dans mon cul, sentir ça, ces sensations là, par où elles passent comment elles cheminent, quel flash, quelles étoiles nerveuses, comment c’est cette grande longue décharge et saccades diminuant s’espaçant ensuite et être le flux qui allait de sa bite dans mon cul à son cerveau dans mon cerveau, dans tout mon corps devenu sien, ah sentir ça j’aurais tout donné. Une fois j’y étais. Mais la surprise d’y être, de me dire, tiens j’y suis, m’en fit sortir. Et je redevins bête ayant entraperçu la lumière. Comme une fois, sa tête qui devint mon sein tandis qu’il me têtait, un sein de la taille son crâne de la douceur d’un sein, sa bouche me suçant, j’allais exploser en délice par ce sein et surtout ce sein, sa tête sa tête était mon sein que je lui donnais à têter, un sein énorme, de la taille d’une tête à la taille de mon coeur au comble dilaté. Mais il me refusa la jouissance qui commençait à m’étourdir et me demanda de le branler et de le faire éjaculer.

Ensuite, il me laissait, fier de sa jouissance, se pavanant en elle, s’y trouvant beau ou fier de la jouissance qu’il pensait me donner s’y trouvant fort, ou me tournant le dos ou s’endormant si lourd, jamais avec moi, jamais perdu quelque part entre nos deux corps.

J’aurais aimé jouir dans mon cul, mais il n’avait malheureusement aucune sensualité, il ne savait pas danser. A part la langue, qu’il avait savante comme un quadrille. Jouissait-il ? Quel plaisir était le sien ? Je le regardais dans la fascination de ces questions et de l’incertitude des exigences de son prochain désir. Murissait-il ses programmes, les subissait-il, jouait-il de son inspiration ?

J’étais sa créature, il n’en démordait pas. Pas l’ombre d’un doute sur son visage lointain.

J’étais sa créature et je ne savais pas être autre chose que sa créature.

J’étais sa créature. Il échouait à m’aimer.

Et mon amour servile et ma soumission totale, sans borne, renvoyés souvent sans plus d’égard, se transformaient, se forgeaient quelque part au fond d’un volcan.

J’étais vide en un sens. Tout se passait ailleurs que dans moi. Me semblait-il. Ca se passait ailleurs et ce qui se passait en moi était étrange.

Il me sentait vide, il me trouvait vide, c’est ce qu’il sentait, c’est ce qui l’excitait et le dégoûtait au-delà de tout.

C’est qu’il ne connaissait de moi que la créature abrutie que je peinais à animer

Il ne distinguait pas la jungle. Ni ce qui me tenait captive, qui me tenait en laisse, le mors aux dents, il n’entendait pas le bruit et la fureur, toute la controverse des sentiments si multiples si mouvants que je n’avais pas la fluidité pour nommer. Il ne sentait pas le désespoir brutal de ne pas avoir les mots, d’être juste assez pour sentir que quelque chose n’allait pas, que ça ne collait pas, que je n’avais pas les mots pour dire que je ne devenais pas celle qu’il transformait jour après jour. Que quelqu’un résistait, se butait et devenait autrement, jour après jour, murissant dans le secret de sa réserve, là où personne ne venait jamais la chercher, ni la prendre ni l’écouter, derrière le seuil, où vivait tapis ce dont elle sentait bien que le moindre petit mouvement d’approche ou juste de positionnement provoquait une forme d’effroi.

 

Il essayait de me remplir, il me faisait des lectures, il m’attachait, il me fouettait, il me fessait, il m’étourdissait à force de drogues et d’alcool, il me tirait les mamelons jusqu’au bout des élastiques, il voulait m’ouvrir des perceptions des portes des sensations des intuitions des réflexions, il me mordait le clitoris, il m’enculait par surprise et il disait : « il est bon ton cul, ton petit cul serré boudeur, secret, fermé, c’est bon de t’enculer » et alors entièrement raidie, la nuque hennissante, les dents serrées, je comprenais le sens du mot « enculé », ça faisait sens alors je comprenais la leçon. Il me montrait des images de sexe. Je regardais les images de sexe et j’imitais et il semblait satisfait. Il m’enfermait dans des cabines imbibées de sperme, il me montrait des images de sexes et il me parlait et il me frappait les fesses pour me réchauffer car les images de sexe qu’il me mettait dans les yeux me faisaient froid.

Il me rendait jalouse. Il me montrait des vraies femmes. Il me disait voilà une vraie femme et il me refusait alors tout regard. Alors je regardais, je regardais lui et la vraie femme avec avidité je voulais voir c’était quoi la différence. J’observais comment elle était que je n’étais pas. Je m’imprégnais de tout ce que je n’étais pas jusqu’à me sentir hantée, jusqu’à la désirer. La moue, le rire, le tempérament, la peau, la peau, les reflets de lumière sur la peau, les vêtements, le corps, les bijoux, les cheveux, les yeux, le regard. Je les pénétrais du regard. Il y avait mon regard pénétrant et il y avait moi comme je me sentais bête et ça faisait mal de me sentir si bête. Puis, de nouveau seuls, ils me baissait ma culotte, triturait mon sexe avec ses doigt, me donnait la fessée et me sortait sa bite en signe de cadeau et il me fallait mettre sa bite dans ma bouche et sucer et il me disait aspire aspire bordel, et il me disait comment faire et ça durait longtemps, je sentais que je ne suçais pas bien parce que je pensais à la vraie femme, j’en avais trop dans les yeux et je me disais c’est elle qu’il désire en me regardant le sucer et alors et il m’enfonçait sa bite dans le fond de ma gorge ça me donnait envie de vomir pendant qu’il gémissait car sa bite était vraiment énorme dans ces moments là et j’avais honte d’avoir envie de vomir et je me voyais comme sur les images de sexe et quand ça commençait à venir, il me caressait un peu les cheveux avec douceur et disait c’est bien c’est bien continue comme ça, puis il me faisait le don suprême de son sperme. J’avalais tout et il me garantissait la qualité de sa semence en signe d’une bénédiction dont je m’efforçais de recevoir les bienfaits la larme au coin de l’œil. Alors il repartait très satisfait semblait-il. Et moi je restais.

Il essayait de me remplir. Il m’attachait, il me bloquait sous son corps, il m’étouffait, j’aimais ça, il m’étranglait jusqu’à ce que j’ai peur. C’est lui qui décidait du mouvement, du début, du milieu et de la fin. Il fallait que je devine.

Quand il me prenait par le grand trou, il me disait des paroles, il disait c’est pas un trou que tu as c’est un garage, un garage.

Et puis il pissait, il pissait dans ma bouche, il pissait sur mon corps, il pissait sur mon sexe, il pissait dans mon sexe.

Je me demandais si la pisse pouvait faire un bébé.

Il me rasait, il m’épilait et il salope, salope, c’est une chatte de salope que tu as.

Et il voulait que je lui pisse dessus. Mais ça je n’arrivais pas à le faire.

J’essayais, j’essayais, je poussais, mais je n’y arrivais pas.

Alors de nouveau, il m’enfermait.

Il m’ignorait.

Il pensait que j’étais vide, il voulait me remplir, m’agencer. Il faisait tourner ses doigts dans mon cul, il l’écartait, l’élargissait, me défonçait, je ne pouvais plus m’asseoir, je ne disais rien, je ne sais pas quoi dire, Jusqu’à ce que soudain l’été dernier.

Je me mis à hurler, à rugir, à cracher du feu, à pleurer des yeux, à m’enfuir.

Il me rattrapa et me punit.

Il me battit avec tous les mots de la langue que je ne comprenais pas, avec les menottes et tous les verrous d’une syntaxe que je ne pouvais pénétrer, jusqu’à ce que je redevienne tout à fait muette. Il tournait si bien ses phrases d’une manière que je ne les comprenais qu’après le coup. Longtemps après. Pendant qu’il parlait, j’admirais et je me concentrais. Alors je redevins son esclave, je l’avais toujours été, et alors il pouvait me mépriser. Et alors il continuait à me battre avec du silence tandis que résonnait en moi et qu’infusaient tous les mots de sa langue.

A l’ombre une autre pleurait de ne comprendre que trop tard pour se faire aimer.

A l’ombre, une autre déchiffrait.

A l’ombre une autre mijotait.

A l’ombre une autre faisait bouillir la marmite.

A l’ombre une autre murmurait des paroles et des stances incompréhensibles.

Plusieurs fois, je tentai de fuir, sans l’avoir programmé, sans l’avoir pensé, sans le décider, je rugissais et je fuyais et ainsi je restai son esclave, la sienne, sa créature.

Quand le silence et l’indifférence avait été suffisants, il programmait en moi d’autres modèles, d’autres clichés, d’autres schémas, il martelait pour que ça rentre et que ça prenne puis il m’interrogeait. Il me disait allez improvise.

Alors j’étais dans la plus grande confusion.

Alors il me méprisait, affichant de très loin dans l’indifférence sa déception.

Alors il accélérait pour me perdre davantage et je courais derrière et je lui collais le pas.

Je ne savais plus que faire, je devins singe savant et alors il disait que je marchais trop vite et il me laissait encore très loin déçu. Il me laissait errer jusqu’à ce que je supplie et supplie et pleure en suppliant car alors, s’il ne voulait plus, qui s’occuperait de moi ?

Il y eu des bébés dans mon ventre, mais ils furent aspirés.

Je devins brute

Je finis par ne plus jamais m’adoucir, même quand il daignait me donner quelques caresses.

Je n’en démordais plus. Je ne sentais que la bête furieuse dans mon cœur. Mes yeux ne voyaient plus, ma bouche ne se desserrait plus, je ne respirais plus.

 

Ainsi fut faite mon éducation sentimentale.

C’est alors il voulut m’épouser.

Mes dents se serrèrent dans un grand sourire, je n’osais pas y croire.

C’est alors que je m’enfuis pour de bon.

Ce n’est qu’alors que je vis son extrême solitude.

ENCORE CRIONS CAR LE CORPS EXISTE

 

 

 *

 

Entretien post partum

-         Mais enfin exprimez-vous. Vous avez conscience que si tout le monde réagissait comme vous, la vie de la cité en serait bouleversée ? Si l’amour provoquait chez tous les sujets ce tsunami que vous décrivez, alors l’organisation sociale toute entière serait menacée, voire rendue impossible. Les individus cesseraient de travailler, de communiquer…Ce serait une révolution permanente qui rendrait le monde impraticable. Vous en avez conscience ? Le monde n’est pas fait pour les révolutions permanentes et les mystiques car vous vous considérez comme une mystique n’est-ce pas ? Vous tournez la tête, pourquoi ?

-         Je m’ennuie

-         C’est le mot mystique qui vous gêne. Alors disons « hystérique » peut-être. Vous tournez la tête, pourquoi ?

-         Je ne sais pas. Vous avez posé une question ? Je n’ai pas compris la question.

-         Quand vous tombez amoureuse, vous perdez le contact avec la réalité, c’est bien ça ? Vous vous perdez en vous-même, c’est bien ça ?

-         Je ne me souviens pas avoir dit ces choses-là. Ce n’est pas ça non.

-         Mais vous êtes amnésique, ne l’oubliez pas. Si ce n’est pas ça, alors, c’est quoi ?

-          Je parlais de politique en fait.

-         De politique ?

-         Oui

-         C’est-à-dire ?

-         Ce serait comme de recevoir des milliers de perfusions et de télégrammes en même temps. Sensations, informations, sons, timbres, odeurs, codes, équations, situations, facteurs, expressions, impressions. Tout ça, qui arrive en simultané.  Le monde qui arrive par blocs, par décharges, par courants continus et discontinus, par perfusions longues ou par piqures, avec des rythmes et des intensités différents, beaucoup de décalages / différés, mais beaucoup des synchronismes aussi ou de simultanéités. Tout ça, qui pulvérise. Tourbillons, effervescence, agitation Et avant que ça retombe, que ça se dépose, il faut du temps, sans compter, il faut du temps, qui ne peut pas se calculer. Et alors on a changé de forme, de contenu, de pensée, de passé, de présent, de voix, C’est ça que je dis.

-         L’amour rend poreux c’est ça ?

-         C’est bien pour ça qu’on utilise des scaphandriers non ?

-         Mais quand vous parlez de télégrammes, de perfusions, vous parlez de voix, de drogues ? Tout ceci paraît bien confus. Vous vous en rendez compte ?

-         Je n’ai pas parlé de drogue.

-         Et le sexe dans tout ça, l’attirance physique, sexuelle, la sexualité, les pratiques sexuelles ?

-         Vous voulez parler des échanges de chaleur ?

-         Quel rapport avec la question ?

-         Pourtant c’est tout ce dont nous parlons depuis tout à l’heure, d’amour et de politique. Vous n’avez pas suivi ? Il n’y a rien de plus politique que l’amour.

-         C’est très romantique.

-         Mystique, hystérique, amnésique, romantique, vous pouvez bien utiliser les mots que vous voulez.

-         Quel est le problème ?

-         Ce sont les rabat-joie.

 

OUI  IL EST BEAUCOUP PLUS POLITIQUE DE FAIRE PARTIE DE LA CATEGORIE  DES MYSTRIQUES DES HYSTERIQUES ET DES ROMANTIQUES D’ OÙ UNE TENTATIVE DE NEUTRALISATION PAR LA DENOMINATION. 

PREUVE PAR L’OEUF.

30 ans de radio libertaire

Concert dimanche 17h avec JF Pauvros à la salle Olympe de gouges, 15 rue Merlin dans le 11è, métro Père Lachaise.

 

 SAMEDI

 

Philosophies anarchistes. Eduardo Colombo,

Irène Peireira, Zones d'attraction

(Charlotte Hess, Valentin Schaepelynck,

Marcello Vitali- Rosati), Hugues Lenoir

(Chroniques syndicales)

15 h

Historique de l'Internationale Anti autoritaire

avec René Berthier Présentation

des rencontres internationale de l'anarchisme/

St Imier 2012 avec May Dubuis et

Michel Nemitz de la Fédération des Montagnes

(Suisse)

16 h

Féminismes et anarchistes. Avec

"Femmes libres" et Maria Eleonora

Sanna, (chercheuse - Zones d'attraction).

17 h

Edouard Nenez et les Princes de Bretagne

; Punk Rock

18 h

Roçé

Rap et Plus

19 h

Black Stout

Punk Rock Street

21 h

Joke

Rock coulé dans l’est de l’europe punk

 

 

 

 

DIMANCHE

 

14 h

L’autogestion : histoires et pratiques. Avec

Remi Hess (socianalyste), animé par

Serge (trous noirs, la plume noire)

15 h

L’expérience des GEM (groupe d’entraide

mutuelle) avec Sylvie

16 h

Les alternatives en acte avec Françoise

Attiba (centre Artaud, Reims, GEM La Locomotive).

Le Lycée autogéré de Paris,

AMAP, Dionyversité, la Conquête du Pain.

17 h

Pennequin Pauvros

Poésie sonore et visuelle

18 h

Céline Pessoa

Chanson Française

19 h

Serge Utgé Royo

Chanson Française

20 h

Tomasi

Chanson Française

21 h

Les Chanteurs Livreurs

Chanson Française

 

chiens et putes,

si je comprends bien charles pennequin, nous sommes tous des putes et des chiens? si je vous ai bien saisi, nous sommes des putes et des chiens, chiens au rabias et putes en rut, ou pute en rabaissé par des chiens qui éructent, si je vous ai bien suivi, dans votre dernier texte, votre dernière pensée votre dernière saloperie face à nous votre dernières putasserie votre chiennerie de bouquin, si j'ai bien tout saisi c'est que vous vous foutez de la gueule du monde, vous vous lâchez là, vous avez chié dans votre benne et vous nous faites lire ça, si j'ai bien tout compris votre DEMARCHE ?

toute frêle et toute dure, mais elle castagne, tout petite et hier elle avait le bras bandé, qu'est-ce qui t'es arrivé, oh j'ai juste tapé la mère d'une copine, toute petite et frêle mais elle cogne, c'est super trash elle a du être tapée par son père et en fait c'est une gamine qui supporte pas les adultes, c'est bien  ! oui c'est bien, mais moi elle me refroidissait un peu cette gamine et du coup ça a changé mon attitude, parce qu'elle tapait dessus ? non c'est parce que j'ai relu son histoire trash, cette gamine dure, et j'étais plus attentionnée, dans le fait de la mettre en valeur, comment on dit ? de la promouvoir ? si tu veux, en plus elle fait des supers trucs, et d'habitude on dirait qu'elle s'en fout y a plein de trucs qu'elle veut pas faire, je lui ai proposé de la gravure elle m'a fait une histoire, c'est une histoire de fille, une petite fille trash et dure et son bonhomme il est triste car son chat s'est transformé en lapin, mais quand tu vois la tête du chat c'est un chat à crète et le lapin fait super peur, il a les dents pourris, et son bonhomme comment elle l'a dessiné, le chat il a une crète et des percing, le lapin des dents pourris, et cette fille toute frêle et dure....

 

j'ai pas la gâle,

tant mieux

c'est une gamine trash avec des dents en moins, jean déchiré et elle parle elle est toute douce

elle dit je viens vous dire bonjour

tout gentiment tout doucement avec une voix toute douce et touchante

et pourtant super trash et qui cogne dans le lard ? non c'est pas la même

tu verrais ses dessins

et le gamin le moins cadré, il a trouvé une technique de monotype que je lui ai pas montré, il a fait une grosse merde, un animal qui doit choisir entre la merde et la carotte

super beau la merde

une grosse merde

tu vois qu'il me dit le gamin : là c'est la carotte

et là c'est la merde

en une heure il peut faire six dessins, il est à fond, il veut tout faire, et la carotte et la merde, aucun choix, au tout venant, aujourd'hui on lui a autorisé une demie heure de plus, il a essayé mais on lui a déjà accordé une demie heure

voilà j'ai plus rien à te raconter

prends du sauciflard si tu veux

les pseudos et les soi-disant

 je n'aime pas les soi-disant philosophes qui laissent traîner trop de mots dans la société, les philosophes qui, soi-disant pour le bien de la société, pour le bien-penser sociétal, laisse passer trop de mots, je n'aime pas les soi-disant philosophes qui jouent avec nos nerfs, c'est-à-dire notre santé, nous avons la santé, cette société produit déjà suffisamment de santé pour qu'on puisse déjà jouer avec nos propres nerfs, nous sommes déjà suffisamment nerveu, c'est-à-dire en pleine santé sociétale pour qu'on nous affuble pas en plus de cette bonne diction pseudo philosophique, la bonne diction pseudo philosophique qui joue suffisamment avec notre patrimoine neuronal, avec notre soi-disant biotope humain (encore un de ces mots techno scientiste qui a loupé sa sortie), car maintenant pour agir correctement et de manière "zen", c'est-à-dire surtout assagie, raplapla du ciboulot, il faut adopter les mots qui ont été laissés pour compte, abandonnés négligemment par les soi-disant philosophes, les mots qui filtrent de la machine pseudo philosophique, machine bienséante, je vais me torcher le cul avec la bienséance, on va employer les mots qui ne conviennent pas à cette sorte de plus-value, à cette sorte de plus de santé, alors que la santé est déjà le problème numéro 1 de la société, la santé ou plus exactement la guérison, c'est-à-dire la mort, la mort est déjà ce qui sous-tend tout le discours pseudo philosophique, le discours amoindri de la philosophie de bazar, c'est-à-dire le discours hors de la philosophie et qui traîne dans toutes les rues de cette satanée société à la santé de fer, la santé est la colle de cette société et les mots des soi-disant philosophes sont l'espèce de cordeau qui relie tous ces points de colle, tous ces monticules collants, reliés par des fils que sont les mots nouveaux et techno-scientistes des soi-disant philosophes. Bien sûr, les philosophes, tout au moins certains d'entre eux, ne sont pas responsables. mais qui sont les responsables? les pseudo-philosophes premièrement et deuxièmement, tous ceux qui tentent de les remplacer pour gagner un peu plus de pouvoir sur le cheptel sociétal, le petit cheptel sociétaire de la société sociétale sur lequel ils posent un regard inquiet et condescendant, s'en est venu à un point même que tout le monde, les soi-disant politiques, les soi-disant scientifiques, les soi-disant artistes, les soi-disant metteurs en scène, les soi-disant comédiens, les pseudos pédagogues aussi, les économistes responsables, les boursicoteurs sympatoches, les militaires ou les banquiers anarcho-autonomes, les hauts fonctionnaires et même les flics sont devenus en quelque sort des soi-disant philosophes de trottoir, des putes, car les putes aussi auraient même obtenu une chair en pseudo-philosophie quelque part au fond de la forêt sociétaire, c'est-à-dire qu'elles vont vous le faire payer le petit bout de gras encore plus conséquemment, tout est pseudo philosophique, sauf certains vrais philosophes qui continuent de chercher et d'avancer à tâtons et non en chien de garde dans cette société qui est aussi un mot tiré aussi d'un bazar de pseudo philosophie, je suis un bazar aussi mais je ne crois pas un seul moment au mot, aucun de nos mots ne tiendra la route et autour non plus, l'autour des mots est trop lent, car comme disait le meilleurs d'entre tous ceux qui pensent, "la pensée c'est ce qui a de plus crétin à agiter le grelot du sens", 

 

il a dit : moi, je suis plié de rire, point barre.

 Voilà où j’en suis dans l’existence, ce matin même j’en étais à poursuivre les gens, les questionnant à propos d’un individu que j’avais vu surgir dans mon esprit, cet individu semblait mal dégrossi dans ma tête, il fallait que j’explore les restes de lui-même à travers le dialogue avec les autres, à travers différentes discussions qui m’amèneraient sans doute à faire perdurer mon personnage et lui donner une certaine consistance, faire émerger de la matière, comme on dit, ou comme on ne dit pas, allez savoir, en tout cas c’est ce que j’expliquais aux gens que je croisais dans la rue, je leur disais, voyez, je connais un type dont le boulot est d’être plié de rire, du matin au soir, c’était un peu maigre comme renseignement, j’en conviens, cependant j’essaie à chaque fois de compléter mes dires par différentes révélations, comme ce système qu’il avait créé de toute pièce, tout seul, dans son coin et pourtant au vu et au su de tout le monde, je m’explique ainsi avec l’homme de la rue, le passant lambda, je lui dis, voyez, c’est un type assez étrange somme toute, c’est un gars il n’a pas ses deux pieds dans le même sabot, ni un poil de crin dans la main comme on dit, il est obsédé par son affaire, du matin au soir, et son affaire voyez-vous, c’est d’être plié de rire, il fait ça sans arrêt, il s’est donné ce but dans la vie, être plié de rire du matin au soir, ce n’est pas donné à tout le monde me dit une passante, va te faire soigner m’interpelle une autre, je ne sais si on emploi encore ce terme, c’est pour ça que j’ai voulu placer le terme interpeller, il est peut-être mal à propos mais toutefois ça me convient, j’aurais pu employer d’autres termes, c’est ainsi que j’ai employé un tas de termes avec mon compagnon d’infortune, il n’est pas si infortuné que cela ceci dit, mais cette infortune c’est moi qui l’ait instituée pour les besoins de l’histoire, car en fait, il avance ainsi dans mon esprit comme nu, il lui faut l’habit des autres, les mots en quelque sorte, que je pourrais recueillir et qui me permettrait de mener plus loin mon enquête, sachez madame que cet homme, dans la force de l’âge, est une sorte de chercheur, un technologue du rire, il est en quelque sorte à l’avant-garde de quelque chose de bouleversant dont il a le secret, sachez monsieur que cet homme, dont j’ai oublié le nom, robert ? non, monsieur, il ne s’appelle sûrement pas robert, voyons, nous ne sommes plus au moyen âge, mais sachez que moi j’ai un neveu qui s’appelle robert, c’est revenu à la mode il faut vous tenir au courant ! voyez qu’il peut s’appeler robert votre foutu personnage, eh bien non, je refuse qu’il s’appelle robert, ou pierre paul jacques, en fait je sais une chose c’est qu’il a un surnom qui fait rire, ouais c’est ça et moi je m’appelle guignol, vous avez tapez dans le mille monsieur, il s’appelle guy niole, en deux mot, guy et niole comme niole, et donc ce guy niole, comme on ose l’appeler, et il ne s’est d’ailleurs jamais offusqué de ce surnom, qui lui va à ravir finalement, ce guy niole est donc un chercheur spécialisé dans le pliage du rire, il se marre à longueur de temps, du matin au soir, il est plié, comme on dit, il se plie dans le rire, comme d’autres font leur quatre cents coups, ou font leurs emplettes, ou font leur ménage, non : lui, c’est le rire, le pliage du rire, et je peux vous fiche mon billet, on ne dit pas je vous fiche mon billet, on dit ça, bien sûr que si, je l’ai entendu pas plus tard qu’hier au journal télévisé, vous regardez les infos vous ? le moins possible, ça me fout les boules, moi non plus dit cette dame, moins je m’informe mieux je me porte, eh bien sachez que cette personne, ce guy niole est très très informé, mais il est surtout informé sur le rire, c’est sa planche de salut comme on dit, c’est son sacerdoce, il a voué sa vie à être plié de rire, je vous assure, bon j’ai du boulot, faut que j’y aille, écoutez-moi encore, non vous me faites chier avec vos conneries, en plus vous ne faites rire personne avec votre guy niole, si si, bien sûr que si, je vous assure,  tout à l’heure j’ai croisé des filles, elles étaient très jeunes, elles étaient trois et je les ai fait rire sans me forcer, j’ai dit voyez c’est un type, je suis à sa recherche, il est dans ma tête mais c’est encore un peu brouillon, voudriez-vous m’aider à le compléter un peu, à lui donner une petite personnalité, quelques traits de caractères, pour le moment ce que je sais c’est qui est plié de rire à chaque moment de sa vie, il s’est fixé ce but et il y tient coûte que coûte, il veut perdurer dans cette recherche, après tout, c’est somme toute une recherche comme une autre, c’est mieux que d’aller repeindre la girafe me dit un ouvrier du bâtiment, c’est mieux que d’aller au métro et voir toutes ces gueules d’enterrement, ah ça oui madame, je vous le fais pas dire, justement ce type est en ce moment en train de faire des découvertes sensationnelles qui vont sans doute un jour ou l’autre, très prochainement on l’espère, nous faire cesser toutes ces gueules d’enterrement, mais vous aussi vous faites une gueule d’enterrement, non ? dans le métro vous ne faites pas cette gueule d’enterrement ? allons , avouez ! vous aussi vous avez cette gueule des mauvais jours, et tous les jours qui plus est, écoutez, écoutez, on n’a pas élevé les cochons ensemble, laissez-moi en paix avec votre bonhomme ! j’ai à faire, j’ai pas que ça à foutre de vous écouter déblatérer et faire chier le monde, mais vous ne croyez pas cher monsieur que cet homme, encore à l’état d’éprouvette, cet individu est un peu une sorte de forcené ? c’est un forcené du rire, il n’a qu’une ambition et une seule dans la vie, c’est être plié de rire du matin au soir, ça parait simple comme ça, tout à l’heure vous me disiez tout le monde peut le faire, certes, mais finalement personne le fait, que lui, c’est un artiste ! un équilibriste ! il est vraiment à fond dans cette quête du rire, une aventure de toute une vie et il n’est donc pas prêt de s’arrêter, car les résultats sont très probants, pas de doute que bientôt nous aurons la primeur ici même de ses travaux, à la lecture de ceux-ci nous pourrons juger sur place chez monsieur, écoutez foutez moi la paix avec votre type, dégagez le passage, laissez passer les gens s’il vous plait, écoutez monsieur de la sécurité j’ai le droit de parler aux gens, oui mais pas ici, ici c’est privé, c’est un espace privé, j’ai pas le droit de parler aux gens ? non vous n’avez pas le droit d’apostropher les gens monsieur, c’est un espace privé, même le parking est un espace privé, et le sous sol aussi, si vous voulez continuer votre enquête adressez-vous à l’accueil, ils vous feront remplir un formulaire et après vous pourrez continuer votre travail, mais pour le moment vous n’avez pas le droit, très bien je demande un formulaire et je le remplis ? oui, c’est ça, allez voir ma collègue là-bas à l’accueil et vous lui exposez le but de votre enquête, après il sera décidé, en fonction de votre travail si vous pouvez continuer à interroger les gens, vous savez c’est juste une enquête sur un personnage que j’ai dans la tête, il est plié de rire, c’est aussi son boulot, eh bien allez demander à ma collègue, elle vous donnera un formulaire à remplir, sinon vous dégagez monsieur, je ne peux pas vous laisser importuner les clients.